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Des opérateurs font un premier bilan: Le week-end semi-universel, six mois après

par Amine L.

Six mois après l'instauration du week-end semi-universel en Algérie, on s'interroge si la nouvelle formule a généré un quelconque gain en terme de réduction des manques à gagner pour les entreprises travaillant avec des partenaires étrangers.

Des opérateurs économiques, interrogés par l'APS, dressent un premier bilan. Réclamé de longue date par les entreprises confrontées à de petites semaines de travail (3-4 jours) avec leurs partenaires étrangers, le basculement du repos hebdomadaire est entré en vigueur depuis le 14 août dernier. Le Conseil des ministres avait entériné la réorganisation du repos hebdomadaire qui a basculé au vendredi et samedi, avec maintien de la possibilité pour les entreprises de s'organiser au niveau du travail posté, selon leurs plans de production.

 Premier à réagir, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, a estimé que «même s'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la mise en application du nouveau week-end sur l'économie nationale -aucune évaluation n'ayant été faite -, l'on peut dire que le basculement à la formule semi-universelle a généré un appréciable gain pour les entreprises». Explication de ce chef d'organisation patronale: «Les relations économiques de l'Algérie avec ses partenaires étrangers sont désormais plus raffermies. La nouvelle formule a élargi la flexibilité des journées de travail.» Le FCE avait estimé les pertes à «quelque 150 à 800 millions de dollars par an», en s'appuyant sur des évaluations faites par plusieurs sources.

 Autre responsable à s'exprimer: le directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), M. Mohamed Benini, soutient que l'ancien week-end revenait cher à l'économie nationale, les entreprises qui travaillent avec des groupes implantés dans l'autre rive de la Méditerranée ne disposant alors que de trois jours pour effectuer leurs opérations. «Avec le nouveau week-end, constate-t-il, les entreprises ont pu gagner une journée de travail supplémentaire qui a été mise à profit dans les échanges économiques et commerciaux avec les partenaires étrangers.» «Cependant, estime M. Benini, il y a encore des efforts à faire sur le plan de l'aménagement des horaires.» Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), M. Boualem M'rakach, soutient également que le changement du repos hebdomadaire a permis à l'Algérie de se rapprocher de l'environnement international. «L'organisation du repos hebdomadaire durant le vendredi et samedi est de bon augure pour l'économie algérienne, appelée à évoluer dans un environnement mondialisé, ouvert et fortement concurrentiel», a-t-il positivé.

 Le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), M. Habib Yousfi, considère, quant à lui, que la nouvelle formule est «tout à fait logique». Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), M. Mohand Saïd Naït Abdelaziz, estime que l'actuel repos a certes permis aux entreprises de gagner une journée supplémentaire de travail, mais que «cela reste insuffisant».

 «Le nouveau week-end est peut-être une option transitoire avant d'aller vers le week-end universel. Nous allons plaider dans ce sens», a-t-il ajouté. De son côté, le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelouahab Ziani, qualifie la nouvelle formule d'«excellente». «Certaines entreprises qui étaient obligées de réduire les manques à gagner avaient changé de week-end avant même son instauration officielle. D'autres avaient opté carrément pour le week-end universel, ce qui a quelque peu perturbé les salariés», a dit M. Ziani. La CIPA souhaite, toutefois, un retour au week-end universel. «Ce serait vraiment l'idéal. Les entreprises seront plus compétitives», a-t-il plaidé. D'autres opérateurs estiment que «le changement du week-end n'a pas beaucoup réduit les surcoûts financiers générés par le décalage entre le week-end algérien et celui en vigueur à l'étranger où sont implantés les clients ou les fournisseurs extérieurs».