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ILLUSIONNISME US

par Yazid Alilat

Est-ce une tempête dans un verre d'eau ou bien un revirement sensationnel de la politique américaine au Proche-Orient ? Probablement ni l'une ni l'autre hypothèse, car la position officielle des Etats-Unis ne s'est jamais éloignée d'un iota des intérêts sionistes dans la région. Bien sûr, le vice-président américain Joe Biden, en visite en Palestine, a condamné hier l'aventurisme israélien et, plus, les manœuvres de saper le processus de paix. Biden a provoqué un petit séisme dans le microcosme politique qui contrôle la politique extérieure américaine, et particulièrement les défenseurs des intérêts d'Israël au sein de l'establishment US.

 Mais en «condamnant» la décision d'Israël de construire de nouveaux logements à Al-Qods occupé, a-t-il vraiment fait avancer le processus de paix et l'accélération de la constitution d'un Etat palestinien ? La réponse est bien sûr non. Car Joe Biden, qui représente le président Barack Obama, ne peut vraiment pas inquiéter la puissance sioniste par des déclarations, même si elles sont mal acceptées par le gouvernement et les ultras israéliens.

 Des déclarations de circonstance, au détour d'une visite tout à fait protocolaire à la partie palestinienne, isolée dans son propre pays, sans réelle emprise sur la réalité de la situation politique et militaire, ne peuvent ébranler la volonté, réelle celle-là, des sionistes d'annexer un peu plus Al-Qods, au su et au vu de l'opinion américaine et internationale. Bien évidemment, Joe Biden ne s'attaque pas vraiment à la politique expansionniste israélienne, mais condamne seulement un projet de construction de logements.

 Pourtant, les sujets qui méritent l'attention et le soutien des Etats-Unis ne manquent pas dans cette partie du Proche-Orient, où Israël s'est posé pour longtemps comme le principal obstacle à la paix et la sécurité dans cette partie du monde. Washington, allié parmi les alliés les plus fidèles de Tel-Aviv, n'ira pas jusqu'à condamner une entité qui a fait de la terreur sa politique. Mais, lorsque les intérêts américains l'exigent, des représentants du président Obama sont chargés, un peu partout dans le monde, de marquer la compassion des Etats-Unis vis-à-vis de certains pays. Ceci est vrai dans le cas des Palestiniens qui, spoliés en permanence de leur droit, de leur identité et de leur culture, assassinés dans l'impunité la plus totale, n'ont jamais provoqué de compassion de la part de Washington, même au plus fort de l'agression israélienne de Ghaza en 2008. Alors, quand Joe Biden s'émeut du projet de construction de logements dans la partie Est d'Al-Qods, cela sonne comme de l'hypocrisie, car Washington est depuis longtemps, en dépit de la couleur politique de l'occupant du bureau ovale, rangé, et irrémédiablement, du côté d'Israël.

 Maintenant, que peuvent valoir des déclarations d'un vice-président US, même si elles ont provoqué quelques remous vite estompés, qui, concrètement, n'engagent que sa personne, même si cela peut faire plaisir aux pays «amis» dans la région et donner l'illusion aux Palestiniens que les démocrates restent fidèles à leurs promesses électorales de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient et l'avènement d'un Etat palestinien ?