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Un assassin condamné deux fois à la peine capitale

par Houari Saaïdia

Un homme a été condamné à mort hier pour la deuxième fois à Oran. Déjà condamné à la peine capitale pour crime crapuleux, G.N., 25 ans, décrit comme étant un individu très violent et un criminel dangereux, a écopé de la même sentence, à l'issue d'un procès tenu hier devant le tribunal criminel d'Oran.

 Le 20 novembre, G.N., détenu alors à la prison de Chlef, demanda audience auprès du chef de cet établissement pénitentiaire. Motif : il avait d'importantes révélations à faire. Ainsi, le condamné à mort dévoila un secret qui pesait lourd sur sa conscience, selon lui. Chargé de remords, il relata devant les gardiens de prison avoir été témoin d'un crime, non moins abominable que celui dont il fut l'auteur. La scène eut pour théâtre, d'après son récit, la lisière de la forêt de M'sila, au lieudit Kouchet El-Djir, un certain jour du mois de juin 2005, soit près de trois ans avant qu'il ait commis son crime. Ce jour-là, deux personnes l'appelèrent par téléphone et lui demandèrent immédiatement de les rejoindre au bois, quelque part à Kouchet El-Djir, selon lui toujours. Arrivé sur les lieux, il trouva ses deux copains, D.M. et Z.H., en compagnie d'un certain B.S., en train de torturer un vieil homme qu'ils avaient kidnappé. Les trois malfaiteurs avaient eu vent que ce vieux possédait 85 millions de centimes et ils voulaient coûte que coûte savoir où il les avait planqués.

 G.N. était connu par son entourage pour sa brutalité inouïe et par son caractère sans coeur et c'était dans ce sens que ces acolytes firent appel à lui. Ils comptaient sur lui pour faire parler l'otage têtu contre une bonne part du magot.

 B.N. poursuit son récit en décrivant comment le vieillard, pieds et poings ligotés, corps adossé à un arbre, a été, juste après qu'il eut craché le morceau, imbibé de boisson alcoolique avant d'être brûlé vif. Le lendemain, un des malfrats se rendit au village de la victime, El-Amria, et se faufila dans le domicile de celle-ci pour en ramener l'argent. Mais il n'y trouva que la modique somme de 7.000 dinars. Ce n'est qu'à ce moment-là que les assassins se rendirent compte qu'ils s'étaient trompés de cible, que l'homme qu'ils avaient ravi, supplicié et incendié vif, n'était pas la bonne personne.

 Pourquoi G.N., qui périssait silencieusement dans sa cellule d'isolement dans le Q.S. de la prison, a-t-il décidé tout à coup de déterrer de son for intérieur cette histoire sinistre, alors qu'il n'y avait aucune raison apparente qui le poussait à le faire ? Cette question coulant de source, les enquêteurs la posèrent évidemment au condamné à mort et, comme réponse, ils eurent : « Je veux laver ma conscience avant de quitter ce monde ». Sur la base de ces aveux, les trois personnes dénoncées par le repenti, toutes originaires de Boutlélis, furent arrêtées et inculpées d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens.

 Hier, tout au long du procès, ces derniers ont clamé leur innocence. Tous ont déclaré que les faits relatés par G.N. sont une histoire de son cru, dont le seul but était de se venger d'eux parce qu'ils avaient témoigné contre lui dans l'affaire du crime de la Sebkha. A ce propos, il est à rappeler que G.N., qui fut membre d'un dangereux gang qui sévissait dans les environs de la forêt de M'sila, avait été déclaré coupable et condamné à la peine capitale en 2008 pour l'assassinat d'un homme, un passager qu'il captura, avec la complicité de deux autres truands, sur la route Oran-Boutlélis. Il le conduisit à la Sebkha, où il l'étouffa avec un sac de plastique. Il lui écrasa ensuite le crâne au moyen des roues de sa voiture Renault 12, avant de mettre le feu au véhicule avec le corps de la victime à l'intérieur.

 G.N. n'a eu aucune gêne hier à l'audience lorsqu'il a avoué qu'il a enfoncé à tort les trois gars innocents, juste pour se venger d'eux, après qu'il eurent lu leurs noms cités comme témoins à charge sur l'arrêt de renvoi de son crime de la Sebkha. A l'issue des délibérations, il a été condamné à mort pour son second crime de la forêt de M'sila. Les trois autres coprévenus ont été acquittés purement et simplement.