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Air Algérie: Le billet d'avion réglé par Internet à partir de février

par Yazid Alilat

La compagnie aérienne nationale Air Algérie veut se moderniser au plus vite et se mettre au diapason des pavillons internationaux, notamment en mettant en place le système de paiement de billets d'avion par Internet. Dorénavant, et à partir de ce mois de février 2010, il ne sera plus nécessaire de se déplacer pour acheter un billet d'avion : il suffit d'entrer sur la Toile, de réserver sa place sur un vol d'Air Algérie et de payer son billet par carte bancaire.

 Selon le directeur général de la Société algérienne d'intermédiation et de transactions bancaires (SATIM), M. El-Hadj Alouane, qui intervenait sur les ondes de la radio nationale, le projet d'Air Algérie serait en voie de finalisation, et subit actuellement des tests de faisabilité et de performance. Selon la même source, les détenteurs de la carte interbancaire CIB pourront ainsi réserver et effectuer le paiement par Internet (paiement électronique) sur le site Web d'Air Algérie. Un code confidentiel leur sera attribué pour valider la transaction.

 M. Alouane a ajouté que ce mode de paiement sera, dans les prochains mois, élargi à l'entreprise Algérie Télécom pour le règlement des redevances des abonnés à la liaison internet ADSL, avant son extension à d'autres entreprises avec lesquelles sa société est en négociation.

 S'agissant des transactions financières internationales, le DG de la SATIM a en outre déclaré que sa société a signé une convention avec le Banque de développement local (BDL) pour l'utilisation de la carte Visa à compter du mois de juillet prochain, ajoutant que la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a adhéré à ce projet.

 Pour les habitués des vols d'Air Algérie, cette nouvelle manière de réserver son billet d'avion est la bienvenue, d'autant qu'elle leur permet de ne pas se déplacer dans les agences. Pour autant, est-ce que la compagnie va réduire les paiements par cash et les chaînes devant ses agences ? Peu sûr, car l'accès à Internet est très peu usité par les Algériens, et particulièrement la catégorie qui voyage le plus, c'est-à-dire les immigrés et les retraités. En outre, tous les Algériens n'ont pas de CIB, et beaucoup de ceux qui voyagent plusieurs fois par an n'ont souvent pas de compte bancaire, sinon pour régler «les affaires courantes». Ainsi, beaucoup d'Algériens n'ont pas encore accès à l'Internet et ne tiennent pas, pour le moment, à payer leurs billets d'avion autrement que par le cash. Le e-paiement en Algérie «n'est pas pour demain», selon des banquiers.

 Pour beaucoup de spécialistes des NTIC et de l'e-banking, la réforme du secteur bancaire restera invisible pour le commun des usagers en l'absence de services e-banking et de e-commerce qui restent au stade des objectifs, alors que la télécompensation n'est pas systématique dans le réseau interbancaire algérien.

 Les paradoxes, pour s'en convaincre, sont nombreux, notamment celui d'un virement d'une banque vers un compte CCP qui met au moins 15 jours pour être crédité. Dès lors, parler de e-banking et de télécompensation en Algérie relève de la gageure. Même s'il est concerné de près, le ministère de la Poste et des NTIC avance à «petits pas». Selon des chiffres fournis au mois de décembre dernier par la Satim, il y a, depuis le lancement de la carte interbancaire, près de 500.000 cartes, 1.200 distributeurs automatiques de billets (DAB) et guichets automatiques bancaires (GAB) et près de 3.000 terminaux de paiement électronique (TPE) installés principalement auprès des hôtels, pharmacies, restaurants et commerces. Mais, jusqu'à présent, les opérations se focalisent dans les retraits et non les paiements par carte bancaire, les opérations étant au nombre de trois millions de transactions.

 «Les principales contraintes dans le développement de la monétique en Algérie sont la faiblesse de la bancarisation (la circulation du cash étant prépondérante) et le refus des commerçants à déclarer leur chiffre d'affaires, ainsi que la méconnaissance de l'utilisation de la carte, selon la Satim. Pour autant, l'utilisation de la carte interbancaire (CIB) n'est pas une garantie pour la compagnie aérienne nationale de voir immédiatement ses clients opter pour la nouvelle procédure de réservation et de paiement des billets d'avion.