Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Difficile, très difficile !

par Aïssa Hirèche

Difficile de dire si le mur qui est en train de se construire entre l'Egypte et Ghaza fait suite à une décision d'Obama, comme semblent vouloir le faire croire certaines parties en Israël. Difficile de dire aussi s'il s'agit d'une réponse positive à un voeu du voisin israélien. Difficile de dire par ailleurs pourquoi le silence arabe accompagne-t-il cette oeuvre honteuse.

 Ce qu'il n'est pas difficile de savoir, par contre, c'est que cela se passe avec le sourire en plus. Un mur en acier pour empêcher les Palestiniens de fuir la sauvagerie et la bestialité de l'armée israélienne, cela ne peut être qu'en acier et cela ne peut se passer que là où cela se passe et... avec le sourire, bien sûr !

 Ce qu'il n'est pas compliqué de comprendre aussi, c'est que ceux qui acceptent de prendre leurs frères au cou, ne le font pas pour rien. Peu importe ce qu'il y a dans le couffin qui arrive en catimini : promesse de soutien, voire d'aide à la mise en héritage de la république, aumône de quelques miettes, vague promesse d'assistance...

 L'essentiel n'est pas cela. L'essentiel, c'est l'enfer auquel sera livré désormais, pieds et poings liés, le peuple palestinien par ses chers frères et voisins. Certes, ce n'est pas une nouveauté de ce côté du monde où l'on n'admet pas de perdre, et comme là aussi il y a une perte du fait que Hamas n'a pas facilité la chose en refusant l'avilissement. Alors, la construction d'un mur en acier pour étouffer les frères, c'est ce qu'il y a de mieux à faire, du moment qu'on ne peut rien contre les autres et, surtout, qu'on ne veut rien contre ces autres. De l'acier, c'est ce qu'il y a de mieux pour résister aux malheureuses pelles et aux pioches usées d'un peuple usé et fatigué de se réveiller continuellement sur la trahison et l'abandon.

 L'essentiel, c'est cette douloureuse indifférence dans laquelle les Arabes, fatigués d'être arabes et fatigués de vouloir en vain être autre chose, noient la catastrophe arabo-arabe contre laquelle aucun petit doigt n'a été levé.

 Sont-ce les fêtes de fin d'année et leurs festins incroyables sur les nuques des peuples qui empêcheraient certains de voir du bon côté ? Ou sont-ce alors les intérêts trop bas de certains qui les empêcheraient d'entendre les hurlements des femmes et des enfants de Ghaza ? Il devient vraiment difficile de savoir ce qu'il y a lieu de savoir et il est, en même temps, difficile de faire semblant de ne pas savoir.