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Un dialogue «inclusif» par lequel le système cherche à se recycler

par Kharroubi Habib

Dans l'hypothèse où il se dégagerait une tendance prédominante en faveur du processus de dialogue proposé par Abdelkader Bensalah au «Hirak», à la société civile et à l'opposition partisane afin d'arriver à un consensus autour de l'élection présidentielle et à supposer que les préalables par lesquels les uns et les autres conditionnent leur éventuelle participation trouvent satisfaction de la part du pouvoir, il restera à ces derniers à se déterminer sur la question de la participation ou non à ce processus des partis de l'ex-alliance présidentielle et de gouvernement.

Le FLN et le RND ne cessent de marteler qu'ils ont toute « légitimité » à prendre part au dialogue et que celui-ci étant inclusif comme proposé par le chef de l'Etat intérimaire, ils ne peuvent en être exclus. Formellement et tant qu'ils sont encore existants, les partis de l'ex-alliance présidentielle énoncent une revendication qui a l'apparence d'être conforme aux normes de la démocratie et de la dimension inclusive du processus de dialogue projeté. Mais il y a néanmoins que ces partis sont comptés parmi les symboles du régime déchu de l'ancien président avec lesquels la rue refuse de dialoguer et en exige même le départ ou la dissolution.

Le FLN et le RND qui proclament soutenir la tenue du dialogue et en vouloir la réussite en hypothéquant la perspective en réclamant d'y être partie prenante. Leur arrogante insistance à exiger d'être acceptés comme tels alors qu'ils sont des « parias » vomis avec lesquels personne ne veut plus avoir à faire, ne semble pas contrarier le pouvoir auquel ils ont fait allégeance et qui les maintient à flot en sous-main. C'est probablement même lui qui les pousse à agiter leur exigence à prendre part au dialogue en faisant valoir son caractère inclusif hâtivement repris à leur compte par des acteurs de la scène politique et de la société civile.

La participation des partis de l'ex-alliance présidentielle si elle finit par être admise constituerait pour le pouvoir l'assurance qu'il parviendrait à contrôler et à orienter le dialogue même en l'absence de l'Etat et de ses institutions solennellement promise par Abdelkader Bensalah. Les partis de l'ex-alliance disposent d'une multitude de relais qui sont loin d'avoir rompu avec eux et pour certains déterminés à infiltrer le processus du dialogue pour en dévoyer l'objectif de rupture avec le système et le régime dont ils ont constitué la clientèle. D'où l'impératif pour les acteurs tentés sincèrement de donner sa chance au dialogue d'enlever à celui-ci le caractère inclusif prôné par le pouvoir en exigeant que les partis de l'ex-alliance et leurs satellites qui continuent à grenouiller n'ont aucune légitimité à y prendre part et à proposer leurs solutions à une crise et une situation qu'ils ont contribué à créer.