
Choc, émotion et colère après les attentats terroristes qui
ont ensanglanté la capitale européenne Bruxelles. Plus aucun pays n'est à
l'abri de la menace des attentats terroristes, et la réaction immédiate
confirmant cette vérité frappante est révélée par cet état d'alerte ??max'' à
travers tous les aéroports du monde occidental. Cela peut-il pour autant
épargner d'autres épreuves terribles promises par Daech
qui a revendiqué ces attentats ? Cette mobilisation, émotionnelle, peut-elle
contenir la vague terroriste qui s'abat sur l'Europe ? Pour un temps limité,
peut-être qu'on pourrait stopper la déferlante, mais la guerre s'annonce
longue. Il faut que ces pays, certes très forts sur le plan militaire, sachent
que la lutte antiterroriste n'a rien à voir avec les moyens logistiques dont on
dispose. L'ennemi frappe là où on l'attend le moins, et avec des moyens
rudimentaires, il peut faire beaucoup de dégâts. C'est un principe élémentaire
dans cette guerre contre des groupes fantômes, des cellules dormantes, qui
surgissent et frappent n'importe où et à n'importe quel moment. Les Européens
qui sont restés longtemps « inactifs », voire « laxistes », face au
renforcement des rangs des groupes djihadistes qu'on « exportait » vers
d'autres contrées dévastées par la guerre, subissent fatalement l'effet
boomerang de la nébuleuse mondiale du terrorisme. Et l'on semble maintenant «
désarmé » dans cette guerre qu'on a cru pouvoir gagner en allant balancer
quelques bombes sur la Syrie, l'Irak et la Libye. On fait même figure de
débutant dans cette lutte antiterroriste, commettant de gravissimes erreurs
dans la foulée des descentes musclées dans le milieu des islamistes radicaux et
autres marginaux des sociétés occidentales, qu'on pousse de la sorte,
forcément, dans les bras de Daech. 24 ans et des
centaines de kilomètres séparent l'attentat sanglant commis à l'aéroport de
Bruxelles de celui qui a eu lieu un certain 26 août 1992 à l'aéroport d'Alger,
mais les faits et les visées restent similaires : semer la terreur au sein des
populations. Bien sûr, dans le temps, l'Algérie était plongée dans une froide
solitude, pas d'émotion hors des frontières face aux carnages, on philosophait
encore dans les capitales occidentales à semer le doute avec la fameuse
question du « qui tue qui ? ». Doit-on rappeler, au-delà du lien qui existerait
entre les attentats du 13 novembre à Paris et ceux du 22 mars à Bruxelles,
qu'il y avait déjà des liens avec la Belgique dans les attentats commis en
France en 1995 à l'époque du GIA algérien. N'avait-on pas revendiqué l'attentat
de l'aéroport d'Alger à partir de Washington sans que personne s'émeuve outre
mesure ?! Le temps a eu raison des questions
saugrenues, immorales, et l'on commence à se demander s'il ne faut pas
s'inspirer de « l'expérience algérienne » dans la lutte antiterroriste. A juste
raison, d'ailleurs, car le jour où l'on comprendra qu'il n'y a pas de pays
forts et de pays faibles dans cette guerre contre le crime organisé,
transnational, on pourra réaliser des avancées positives et éviter au Monde de
sombrer dans le chaos.