
Le paysage a changé depuis quelque
temps. Ce ne sont plus les mêmes qui
sont postés aux feux rouges. Ce ne sont plus les mêmes qui campent aux seuils
des boulangeries. Ce ne sont plus les mêmes qui envahissent les parkings. Ce ne
sont plus les mêmes qui apparaissent la journée et disparaissent le soir. Ce ne
sont plus les mêmes, mais c'est la même langue qu'ils utilisent. Pas besoin de
parler. Le langage de la mendicité est universel. Un bras tendu, une main
ouverte et une mimique appropriée. Mais d'où sont-ils venus ? Ce sont des
Subsahariens, c'est clair. De quel pays ? Nul ne peut le dire. Faut-il déjà le
savoir ! Il y a plus d'enfants que d'adultes. Nettement plus. Ils sont là
«grappés» et drapés par la misère. Ils ne semblent pas déranger. Dans quelques
années, ils seront, elles seront adultes. Elles connaissent, ils connaissent
les artères de la ville comme les poches sous leurs yeux par manque de sommeil.
Ils se meuvent, elles se meuvent avec aisance. Ils sont, elles sont en bandes
organisées. Déjà. Continueront-ils, continueront-elles à mendier. Ou
changeraient-ils, changeraient-elles pour s'occuper à autre chose ? Et si
c'était tout un réseau organisé qui les ramène pour les faire travailler ?
Parano, dites-vous. Pas très sûr. Ces enfants ne sont accompagnés que par des
femmes. Aucun père. Aucun couple. Le phénomène s'amplifie. A vue d'œil. C'est
un futur personnel prêt à n'importe quel recrutement. N'importe quel travail.
N'importe quelle mission. Inquiétudes à «l'oraison». Les autorités de la ville
semblent non concernées. Jusqu'à quand ? Si un semblant de solution a été trouvé
lors de l'arrivée massive des Syriens, «les Subsahariens, c'est rien», c'est ce
qui semble se dessiner. Ont-ils leurs papiers ? Une identité ? Un pays
d'origine ? Autant de questions sans réponse. Sont-ils malades, en bonne santé,
scolarisés, hébergés ? Faut-il attendre que le problème soit insoluble pour
bricoler une solution ?