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Culture :
L'Algérie et l'Afrique face à un monde multipolaire: L'héritage d'Ahmed Ben Bella
par Salah Lakoues Une rencontre nationale
organisée à Tlemcen lundi par les moudjahidine a permis aux participants de
retracer le parcours engagé et militant d'Ahmed Ben Bella. Ils ont retracé le
profil d'un homme qui a offert toute sa vie à son pays.
Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, le pays s'est inscrit dans une trajectoire diplomatique originale, marquée par le non-alignement, la défense des États-nations africains et la promotion d'une vision de la paix fondée sur la souveraineté et le développement Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, a formulé une pensée stratégique qui demeure aujourd'hui pertinente : La construction de l'État-nation est la condition sine qua non de la stabilité et de la paix ; Le développement économique et social est le fondement de la souveraineté réelle ; L'Afrique doit s'organiser collectivement pour résister aux ingérences extérieures et aux pressions néocoloniales. Ce dossier vise à approfondir ces idées, souvent dévalorisées par les adversaires d'un monde multipolaire juste, et à les articuler avec les dynamiques actuelles de puissance mondiale. Le rôle historique de l'Algérie dans le Sud global L'indépendance et la diplomatie révolutionnaire L'Algérie indépendante a servi de modèle politique et moral pour de nombreux pays africains et afro-asiatiques : Soutien aux mouvements de libération à travers le monde ; Affirmation d'une politique de non-alignement claire et cohérente ; Promotion de la coopération Sud-Sud. Ben Bella, dès son premier mandat, considérait que l'Algérie devait être un État-nation fort capable de guider l'Afrique dans un environnement mondial instable. La rencontre avec Kennedy : exemple de diplomatie souveraine La rencontre entre Ahmed Ben Bella et John F. Kennedy illustre parfaitement sa ligne politique : Il exprime son respect pour Kennedy, qui avait soutenu l'indépendance algérienne, mais rappelle que l'Algérie ne peut s'aligner après une guerre de libération coûteuse ; Il défend le droit de l'Algérie à soutenir les mouvements de libération, à se rendre à Cuba, tout en restant ami des États-Unis ; Ce dialogue démontre une diplomatie fondée sur la franchise et la souveraineté, une tradition qui reste emblématique de l'Algérie. Afrique : unité, développement et conscience stratégique L'initiative panafricaine de Ben Bella Après sa libération, Ben Bella mène un travail pédagogique et politique auprès des dirigeants africains et des instances continentales : Il met en garde contre les visées de domination occidentale ; Il insiste sur l'importance de l'unité politique africaine ; Il promeut la création d'institutions continentales capables de défendre la souveraineté collective. Ce travail constitue le socle idéologique de l'Union africaine et de la diplomatie panafricaine contemporaine. Le développement économique et social comme sécurité stratégique Ben Bella considérait que la souveraineté réelle passe par le développement : Industrialisation, agriculture productive, infrastructures de base ; Education et formation pour les élites africaines ; Gestion indépendante des ressources naturelles et énergétiques. L'absence de développement transforme un État souverain sur le papier en terrain vulnérable aux ingérences, ce que l'histoire contemporaine confirme dans de nombreuses régions. L'Algérie et l'Afrique dans le contexte multipolaire actuel Les doctrines récentes, comme la National Security Strategy américaine, reconnaissent désormais un monde structuré autour de trois grandes puissances : États-Unis ; Chine ; Russie. Cette réalité valide ce que Ben Bella pressentait dès les années 1960 : Le monde ne peut pas être stable sous un ordre unipolaire et impose aux États du Sud global une organisation stratégique autonome. Le discours de Vladimir Poutine à Munich (2007) et les doctrines russes ultérieures (Karaganov) dénoncent l'uni polarité et les ingérences extérieures, rejoignant la vision de Ben Bella : L'Afrique doit être acteur de son destin; Les États souverains doivent coopérer pour se protéger ;La multipolarité est une opportunité pour consolider la paix et le développement l'Afrique face aux rivalités internationales Le continent africain se retrouve aujourd'hui au cœur de rivalités stratégiques : Chine : expansion économique et infrastructurelle (routes, ports, investissements) ; Russie : influence militaire et diplomatique ; États-Unis et Occident : redéfinition des alliances et compétition économique. L'Algérie, forte de son histoire et de sa diplomatie non-alignée, joue un rôle central dans la coordination africaine et la promotion d'une position souveraine et équilibrée. Les défis et les opportunités. Défis et fragilité institutionnelle de certains États africains; Dépendance économique et endettement; Menaces sécuritaires et conflits régionaux; Pressions externes visant à diviser et affaiblir les États-nations. Leadership algérien dans la diplomatie africaine et le non-alignement ;Constitution de partenariats stratégiques Sud-Sud ;Développement économique endogène et durable ;Construction d'un bloc africain capable d'influencer les décisions mondiales. Conclusion stratégique Approfondir les idées et la pensée d'Ahmed Ben Bella est plus qu'un hommage : C'est un guide stratégique pour l'Afrique et l'Algérie dans un monde multipolaire. La vision de Ben Bella construction de l'État-nation, développement économique et social, non-alignement, solidarité africaine demeure une référence incontournable face aux défis actuels. Les adversaires d'un monde plus juste ont tenté de dévaloriser cette pensée, mais l'histoire et les faits contemporains confirment sa pertinence. La rencontre avec Kennedy illustre parfaitement sa diplomatie :Respectueuse mais ferme, pragmatique mais fidèle aux principes. Aujourd'hui, alors que le monde est traversé par la compétition entre États-Unis, Chine et Russie, et que l'Afrique est convoitée comme jamais, l'héritage de Ben Bella prend tout son sens. Pour l'Algérie et le continent africain, le non-alignement, la souveraineté, l'unité et le développement restent des piliers indispensables pour devenir acteurs, et non victimes, de la recomposition du monde. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||