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Risques d'inondations: Le réseau d'assainissement sous surveillance

par A. Z.

«Les services d'assainissement sont disponibles à 100% en Algérie, alors que 76% des pays africains voisins ne disposent pas de ces services», a affirmé M. Charif Aissiou, directeur de l'assainissement et de la prévention des risques d'inondations au ministère de l'Hydraulique, non sans relever que la prévention en amont est fondamentale pour lutter contre les inondations. Intervenant, hier sur les ondes de la chaîne Une de la radio algérienne, le même responsable a souligné que « la séparation des réseaux d'assainissement et d'eaux pluviales est un processus complexe et coûteux, mais qu'il a été mis en œuvre dans les nouvelles villes ». Il a également confirmé que l'Algérie connaît depuis une vingtaine d'années des changements climatiques évidents, notamment en matière de précipitations, qui ont eu un impact direct sur les réseaux d'assainissement. Cela a poussé le ministère de l'Hydraulique à adopter une politique de prévention et d'anticipation qui comprend le nettoyage des canalisations d'assainissement et des égouts afin d'éviter leur obstruction et de limiter les inondations et les fermetures de routes en automne et en hiver, a-t-il soutenu, en citant dans ce sillage l'exemple récent de la commune de Bir Mourad Raïs, à Alger, où 72 mm de pluie sont tombés en seulement deux heures, soit l'équivalent de deux semaines de pluie dans des conditions normales, ce qui dépasse la capacité d'absorption des réseaux d'évacuation. Non sans rappeler que les opérations de nettoyage sont programmées régulièrement, avec l'enregistrement de nouveaux projets chaque année et la mise à jour des plans directeurs en fonction des changements climatiques et de l'expansion urbaine. L'intervenant a ajouté que «le problème ne concerne pas seulement la capacité d'absorption des réseaux, mais il est également aggravé par le comportement de certains citoyens, qui jettent des déchets, du plastique et autre dans les égouts, ou laissent des déchets de chantier à proximité». Mais pour l'invité de la radio, la situation générale est acceptable en ce qui concerne l'état du réseau d'évacuation des eaux, malgré la présence de certaines parties anciennes qui doivent être réhabilitées pour mieux s'adapter aux prévisions climatiques en constante évolution.

850 sites dangereux recensés, dont 50 sites à haut risque Alors que les précipitations prévues ne dépassaient pas 20 mm, elles atteignent aujourd'hui parfois 120 mm, ce qui a poussé les autorités publiques à se hâter ces dernières années pour rénover les réseaux d'assainissement, en coordination avec le ministère de l'Intérieur et les Collectivités locales, et à allouer des fonds à cet effet dans le cadre de la loi de finances. M. Aissiou a souligné que l'Algérie s'appuie essentiellement sur un réseau unifié d'assainissement et d'eaux pluviales, qui couvre environ 93% du territoire national, 96% des zones urbaines et près de 75% des zones extra-urbaines, pour une longueur totale estimée à 97.000 km.

Le même responsable a révélé que le dernier recensement, réalisé fin 2024, a permis de recenser environ 13.500 points noirs à travers le pays, un chiffre en baisse grâce aux nouveaux programmes mis en œuvre en collaboration avec les collectivités locales. Il a également évoqué la « stratégie de lutte contre les inondations » approuvée en 2020, qui a recensé 850 sites dangereux, dont 50 sites à haut risque. Il a également évoqué le problème de la montée des eaux usées dans les régions du sud, en particulier à El Oued et à Ouargla, et le risque de pollution des eaux souterraines que cela entraîne, précisant dans ce cadre que le secteur avait mis en œuvre des programmes en quatre phases, dont la dernière est actuellement en cours, ce qui a contribué à réduire considérablement les inondations dans ces deux provinces. Le même responsable a souligné qu'en application des orientations du président de la République depuis novembre 2023, le secteur s'oriente vers l'utilisation des eaux usées traitées dans divers domaines, notamment l'agriculture, l'industrie et les services. Dans ce cadre, 21 projets ont été réalisés ou sont en cours de réalisation, dont 18 stations de traitement des eaux, avec la remise en service des stations à l'arrêt et l'augmentation de leurs capacités, et l'adoption d'un système de traitement triple pour permettre l'utilisation de ces eaux dans l'irrigation de différentes cultures agricoles, telles que les céréales et les légumes.