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Coupes continentales - Après les ratages de la JSK, le MCA et le CRB: Pourquoi nos clubs ne rivalisent plus : l'autopsie d'un système défaillant

par M. Zeggai

Le parcours de la JSK et le MCA en Ligue des Champions d'Afrique laisse un goût amer. Un seul point pris par chacun de nos deux représentants sur six possibles : le constat est quelque peu sévère, presque inacceptable, notamment sur le plan comptable. La route vers la qualification au prochain tour s'annonce désormais semée d'embûches. En coupe de la CAF, hormis l'USMA qui a fait le plein en deux matches, le scénario a viré à l'humiliation pour le CRB, écrasé par un club fondé il y a à peine onze ans et sans expérience continentale, a exposé au grand jour la fragilité de nos équipes à l'échelle africaine. Le diagnostic parait évident, nos clubs peinent sérieusement à rivaliser. Ce n'est plus une alerte, mais une alarme qui hurle depuis des années déjà.

Nos clubs dans la tourmente à l'échelle africaine

Alors, pourquoi en sommes-nous arrivés là ? La réponse est dans le vide dans la stratégie, dans la vision et dans les projets. L'absence d'une véritable politique footballistique nationale se ressent à tous les niveaux : dans la structuration des clubs, dans l'organisation du championnat, dans la gestion des jeunes et même dans la mentalité de compétition. Nos clubs fonctionnent sans boussole sportive, sans plan de développement, sans identité de jeu. Notre championnat n'offre ni intensité réelle, ni concurrence saine, ni volume de travail suffisant pour permettre aux joueurs de progresser sans pour autant oublier les pseudo-managers. Dans ces conditions, comment produire des joueurs capables de supporter le football de haut niveau ? Comment espérer rivaliser avec les équipes africaines ? Nous payons aujourd'hui le prix de décennies d'improvisation. L'absence d'un projet sportif clair transforme chaque saison en loterie. On croit recruter, mais on collectionne. On croit bâtir, mais on colmate. On croit former, mais on se contente de sélectionner. Tant que l'on n'adoptera pas une politique sportive cohérente, avec un modèle de formation modernisé, un championnat compétitif, une vraie planification technique et une gestion stable, nous continuerons à répéter les mêmes analyses, à subir les mêmes désillusions et à regarder les mêmes ratages sur le plan continental.

La crise la plus profonde n'est pas celle des résultats, c'est celle des joueurs et de leur valeur technique individuelle. Nous visons aujourd'hui une pénurie de talents, conséquence logique d'une formation abandonnée, négligée et sacrifiée. Sans relève structurée, sans centres de formation dignes de ce nom, sans méthodologie de travail moderne, notre football s'assèche. Nos équipes se retrouvent à recruter à défaut, à chercher ailleurs ce qu'elles n'arrivent pas à produire chez elles. Ajoutez à cela, une crise de gestion qui s'est installée et alimentée par les intérêts personnels, le populisme, la course aux projecteurs. Beaucoup cherchent la gloire immédiate et le prestige superficiel. Peu s'intéressent à la construction, à la stabilité et à la planification. Pour réussir, la logique est simple : joindre l'acte à la parole. Chez nous, c'est l'inverse. Le jour où l'action remplacera enfin la déclaration, où le projet supplantera le populisme, où la formation retrouvera sa place, alors seulement nous pourrons envisager de rivaliser et conquérir même l'Afrique.

Moyens colossaux injectés, pauvreté du spectacle

La question, simple et douloureuse à la fois, taraude les amateurs de la balle ronde : comment un championnat qui engloutit des fortunes continue de multiplier les désillusions ? Plus inquiétant encore : ces ressources astronomiques sont absorbées presque exclusivement pour les équipes seniors. Les catégories jeunes, pourtant cœur de tout projet sportif durable, restent marginalisées : infrastructures déficientes, absence de programmes structurés, manquent d'encadrement. Comment espérer bâtir un football crédible lorsque l'on néglige ceux qui devraient en incarner l'avenir ? La question dépasse désormais le cadre sportif : quel avenir veut-on pour le football algérien ?

Il est temps d'une volonté réelle, ferme et durable, pour remettre la discipline sur la bonne voie. Un football digne du potentiel du pays et surtout digne de son public, passionné et fidèle. Des milliards dépensés pour des résultats décevants c'est du moins l'impression qui se dégage. Il est totalement inadmissible et profondément illogique d'assister à de tels ratages au moment même où l'Etat a consenti des investissements colossaux dans l'infrastructure sportive, notamment de stades ultramodernes, répondant aux normes internationales. Mais que valent ces bijoux architecturaux si le contenu sur le terrain ne suit pas ?