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Conférence internationale sur les crimes du colonialisme: L'Afrique veut que justice lui soit rendue

par El-Houari Dilmi

Les travaux de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique, qui se tiennent sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ont débuté, hier dimanche, au Centre international des conférences (CIC) «Abdelatif Rahal», à Alger.

Cette conférence de deux jours s'est ouverte en présence du président du Conseil de la nation et de l'APN, de membres du gouvernement et de représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie. Cet événement d'envergure continentale fait suite à la décision du Sommet de l'Union africaine (UA), adoptée en février 2025, laquelle a endossé l'initiative du président de la République, d'organiser en Algérie une conférence dédiée à la célébration et à la mise en œuvre du thème de l'année 2025: «Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine, à travers les réparations». L'objectif recherché à travers l'organisation de cette conférence est de renforcer la réflexion, mais surtout de consolider l'action collective en vue de criminaliser le colonialisme, l'esclavage, la ségrégation raciale et l'apartheid, et de les classer comme crimes contre l'Humanité, conformément aux recommandations pertinentes de l'UA. Des ministres, des juristes, des historiens, des universitaires et des experts du continent africain, des Caraïbes et d'autres régions du monde participent à cette rencontre ayant pour priorité de renforcer une position africaine commune sur les questions liées à la justice historique, aux réparations, à la restitution du patrimoine et à la préservation de la mémoire collective.

«Une initiative du Président Tebboune»

Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a affirmé, dans son allocution à l'ouverture de cette conférence, que le Président Tebboune avait eu «tout le mérite de proposer l'initiative d'organiser la Conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique. Attaf a également souligné que l'Afrique «avait le droit de réclamer la reconnaissance officielle et explicite» des crimes commis contre ses peuples, durant la période coloniale. «Partant de l'expérience amère de l'Algérie contre la colonisation française, elle s'identifie totalement aux buts fondamentaux définis par l'Union africaine (UA) pour cette initiative de l'établissement de la justice historique», a ajouté le ministre. L'Afrique, a indiqué Attaf, «a le droit, tout le droit, de réclamer la criminalisation juridique internationale, sans équivoque, ni ambigüité, du colonialisme, car celui-ci, comme l'a qualifié le militant, le penseur et l'écrivain algérien Frantz Fanon, n'est pas une machine à penser, ou un corps doué de raison, il est surtout une violence à l'état naturel».

Et d'ajouter : «tout comme la Communauté internationale qui a criminalisé, par le passé, l'esclavage et les pratiques assimilées, ainsi que la ségrégation raciale, il est temps aujourd'hui de criminaliser le colonialisme lui-même, au lieu de criminaliser certaines de ses pratiques et de ses séquelles».

«Les Africains doivent unir leurs rangs»

Le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité à l'Union africaine (UA), Bankole Adeoye, a assuré de son coté, que les Africains devaient unir leurs rangs dans leur démarche visant à criminaliser le colonialisme. «Il faut renforcer l'unité des pays africains et impliquer la diaspora africaine» pour criminaliser le colonialisme, a-t-il dit. L'intervenant a défendu, plus généralement, «une position africaine commune» pour protéger les richesses, mais aussi le patrimoine culturel des pays du continent. «Il est important de promouvoir les transformations en cours dans le continent pour une Afrique plus forte», a-t-il soutenu.

Bankole a également encouragé l'implication des peuples de la région des Caraïbes dans la quête de la justice promue par l'UA, ces peuples ayant subi, dans leur grande majorité, l'esclavage et la colonisation. Il a tenu à remercier, à cette occasion, le Président Tebboune, pour avoir proposé la tenue de cette conférence historique qui représente, a-t-il dit, une opportunité pour l'UA afin de réaffirmer sa position en faveur de la justice et pour la criminalisation du colonialisme.

Un effort particulier devrait être déployé dans les pays africains dans les domaines de la Culture et de l'Education, a soutenu, pour sa part, Chief Fortune Charumbira, président du Parlement panafricain, estimant qu'il s'agissait d'une autre forme de lutte contre les effets des crimes coloniaux. Il s'agit là, note-t-il, «d'une autre forme de lutte contre les effets néfastes du colonialisme qui ont touché différents domaines», a-t-il dit, ajoutant que la récupération des biens culturels exposés actuellement dans des musées étrangers devrait également figurer parmi les priorités des pays africains, a-t-il plaidé.