![]() ![]() ![]() Renée Fregosi : «l'indécence de disserter sur un drapeau pendant qu'un peuple se fait exterminer»
par Salah Lakoues ![]() Dans
un entretien accordé au Figaro, Renée Fregosi, philosophe
et politologue, réduit le drapeau palestinien à une invention idéologique de la
guerre froide et à un simple instrument d'une révolte tiers-mondiste. En
s'attachant à délégitimer ce symbole, elle illustre une approche marquée par
une légèreté indécente face aux milliers de morts à Gaza, tout en confirmant
une posture idéologique qui justifie les violences d'Israël au nom d'un
prétendu universalisme occidental.
Renée Fregosi ou l'art d'habiller l'idéologie en philosophie Il est des penseurs qui élèvent la conscience, et d'autres qui l'endorment. Renée Fregosi appartient à cette seconde catégorie : elle ne pense pas, elle justifie. Elle ne questionne pas, elle assène. Elle n'éclaire pas, elle obscurcit. Derrière ses airs de philosophe, elle n'est qu'une idéologue campée sur une certitude : l'Occident et Israël ont toujours raison, leurs ennemis toujours tort. Philosophie de l'indécence Qu'une philosophe puisse disserter longuement sur le drapeau palestinien en le réduisant à une invention de la guerre froide, pendant que Gaza brûle et que ses habitants meurent par milliers, voilà le degré zéro de la pensée. C'est la légèreté de salon, la philosophie de plateau télé : transformer un symbole de survie et de dignité en simple outil de manipulation idéologique, comme si les corps ensevelis sous les décombres n'étaient que notes de bas de page. Quand la torture devient doctrine Sur la guerre d'Algérie, Fregosi reprend à son compte la rhétorique des généraux Massu, Salan et Bigeard. Pour elle, les camps de regroupement, la torture, la guerre psychologique seraient des « doctrines », des modèles exportables vers l'Amérique latine. Elle oublie que ces méthodes ont broyé des vies, déshumanisé des peuples, et laissé des cicatrices indélébiles. Elle appelle « analyse » ce qui n'est qu'une apologie voilée de la contre-insurrection coloniale. L'universalisme amputé Renée Fregosi aime brandir l'universalisme occidental comme un talisman. Mais son universalisme est borgne : il ne voit que les crimes des autres. Israël, pour elle, est l'avant-poste héroïque de la démocratie. Les bombes larguées sur Gaza ? De la légitime défense. Les milliers de morts ? Des « conséquences collatérales ». Elle répète la rhétorique des chancelleries comme une prière mécanique, refusant de voir que ce double standard détruit précisément les valeurs qu'elle prétend défendre. L'idéologue contre le philosophe Fanon écrivait que la colonisation est « violence à l'état de nature » et que la lutte de libération est une réponse vitale. Sartre dénonçait le système colonial qui transforme la violence en destin. Arendt rappelait qu'aucune cause ne justifie la banalisation du mal. Ces penseurs affrontaient la complexité et la tragédie du réel. Fregosi, elle, simplifie à outrance, colle des étiquettes, réduit l'histoire à un duel de civilisation. Elle n'a ni la profondeur dialectique de Sartre, ni la radicalité lucide de Fanon, ni l'exigence morale d'Arendt. La pauvreté de la pensée travestie en rigueur Chez Fregosi, tout est inversé : le décolonialisme serait une menace, non pas une critique. L'antisionisme, toujours un masque de l'antisémitisme. Le Sud global, une coalition sans âme, animée seulement par la haine de l'Occident. Elle essentialise, caricature, stigmatise, tout en accusant les autres de manichéisme. La faiblesse philosophique se cache derrière une pseudo-rigueur politologique. Renée Fregosi ne fait pas de philosophie : elle fabrique des justifications. Elle habille l'idéologie de concepts creux. Elle transforme la tragédie en rhétorique, le massacre en légitime défense, le drapeau en artifice. Dans un monde où les bombes tombent sur des écoles et des hôpitaux, sa légèreté face aux morts de Gaza n'est pas seulement une faiblesse intellectuelle : c'est une faute morale. Fanon, Sartre, Arendt ont pensé la violence pour la dépasser. Fregosi la pense pour la légitimer. Voilà la différence entre une philosophe et une idéologue . |
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