Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Agriculture : la génération start-up à l'épreuve des champs!

par Cherif Ali*

L'agriculture est une science, c'est des techniques. Le moment est venu pour son passage à l'ère de la modernité. Abdelmadjid Tebboune (face à la presse).

La nomination du plus jeune ministre du gouvernement en dit long sur la volonté de rupture préconisée par le Chef de l'Etat. Entre inertie structurelle et souffle nouveau, l'agriculture devient le théâtre d'un bras de fer symbolique. Dans les allées d'un ministère habitué aux visages graves et chevronnés, celui de Yacine El-Mahdi Oualid fait presque figure de provocation. Trente-deux ans à peine, un parcours forgé dans la médecine puis les start-ups, et déjà l'un des portefeuilles les plus lourds du pays : nourrir l'Algérie !

La terre, ses cycles et ses caprices, se retrouve désormais confiée à un homme plus jeune que beaucoup de ses propres directeurs. Yacine El-Mahdi Oualid prend,donc, en main un ministère où se croisent espoirs et lourdeurs. Entre promesses de modernité et réalités du terrain, son mandat s'annonce comme un véritable test générationnel. Après l'ère des gestionnaires traditionnels, l'Agriculture algérienne mise sur un visage jeune, marqué par l'univers des start-ups.

Mais l'innovation saura-t-elle irriguer un secteur encore dominé par ses vieilles habitudes ?

Ses prédécesseurs parlaient la langue des sillons et des rendements, ou celle des silos et des bilans chiffrés.

Lui évoque la numérisation, la transparence, l'innovation : un vocabulaire neuf qui sonne parfois étranger dans ce secteur où la tradition pèse plus fort que la modernité.

La jeunesse contre les habitudes, l'audace contre la routine voilà le vrai duel qui s'annonce.

Lors de son entretien périodique avec la presse nationale, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait consacré une partie de son intervention au secteur agricole, soulignant son importance stratégique pour l'avenir économique et alimentaire du pays: «l'agriculture est un domaine de science et de techniques. Il est temps d'en finir avec les pratiques archaïques et de faire entrer ce secteur vital dans l'ère de la modernisation et de la numérisation», a-t-il rappelé, regrettant le manque de données fiables qui caractérisaient jusqu'ici certaines politiques agricoles .

Pour le chef de l'Etat, la numérisation du secteur agricole est une condition indispensable pour établir un véritable diagnostic et optimiser les rendements.

Un défi que« Yacine », comme l'avait nommé affectueusement le Président Tebboune lors de son intervention télévisuelle, est capable de relever.

Convaincu de la capacité du jeune ministre d'apporter une impulsion forte et un changement concret,il peut faire la différence s'il s'appuie sur la science, l'innovation et une gestion rigoureuse, a-t-ilajouté.

Le Président a rappelé également que la souveraineté alimentaire est un pilier essentiel de l'indépendance nationale, affirmant que l'Algérie dispose d'un potentiel immense qu'il convient de valoriser intelligemment.

L'agriculture ne doit plus être considérée comme un secteur secondaire ou de subsistance: elle est aujourd'hui un levier majeur de croissance, d'emploi et de stabilité, a-t-il conclu .

A peine intronisé ministreYacine El-Mahdi Oualid, s'est rendu a Constantine pour prendre le pouls de son nouveau département ministériel; sur place, et rebondissant sur les orientations présidentielles, il a précisé que la vision du président de la République dans ce domaine stratégique ne se limite pas à assurer la sécurité alimentaire pour 45 millions d'Algériens, mais elle vise surtout à atteindre l'autosuffisance alimentaire pour 60 à 70 millions de citoyens algériens.

Pour le ministre, il faut intégrer massivement les technologies, notamment pour une meilleure utilisation des ressources hydriques et des engrais, tout en tirant profit des recherches et expériences réussies.

S'agissant de la numérisation du secteur de l'agriculture, il a indiqué qu'il existe une réelle volonté de généraliser ce processus : une cellule dédiée à la digitalisation de l'agriculture sera prochainement mise en place, composée de jeunes qualifiés, qui seront installés dans des postes d'emploi adaptés à ce projet intelligent.

De plus, le ministère s'emploiera, dans les mois à venir, à finaliser un système national d'information agricole.

Dans le même ordre d‘idées, une étude globale sera lancée pour évaluer la réussite des politiques publiques menées dans le domaine agricole depuis l'indépendance, et les chiffres et résultats de cette étude seront présentés lors du forum national de modernisation du secteur agricole qui sera organisé en octobre prochain

L'avènement du jeune et nouveau ministre du Ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêcheouvre donc une bataille à double front :

1. contre les obstacles matériels d'une agriculture en crise

2. mais aussi contre l'inertie d'un appareil qui redoute le changement.

Et c'est peut-être là, plus encore que dans les champs, que se jouera l'avenir du blé algérien, dans un temps, que d'aucuns convaincus de la justesse de la vision du Président Tebboune en matière destratégie pour l'avenir économique et alimentaire du pays, n'hésiteront pas à qualifier de « Révolution agraire acte 2» .

*Ancien Cadre Supérieur de l'Etat