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La guerre qui se
poursuit aujourd'hui en Ukraine doit avoir un sens qui dépasse les enjeux des
grandes puissances dans la gouvernance mondiale. On ne peut regarder les graves
événements qui arrivent aujourd'hui en Europe que sous le prisme des stratégies
des puissances ; par ces stratégies contradictoires, chaque grande nation ou
groupe de nations vise des buts propres ce à quoi ils aspirent, en termes de
puissance, d'hégémonie, ou simplement d'ambition stratégiques.
Pour avoir une vision à la fois causale et finale, l'histoire évènementielle doit être décryptée non seulement dans tous ses faits historiques mais les questions essentielles que le décrypteur doit poser sont celles-ci : «Quel rôle joue la guerre en Ukraine dans le devenir du monde ? Que gagne réellement l'Occident à soutenir l'Ukraine ? Pourquoi ces événements et enjeux divisent les puissances et impactent en souffrances le peuple ukrainien ? Est-ce que cette guerre en Ukraine est intelligible et compatible au déterminisme historique ? Et le déterminisme historique ne s'inscrit-il pas dans le déterminisme du progrès politique, économique et social de l'Humanité ?» C'est à toutes ces questions en interrogeant l'Histoire dans son essence que l'on pourrait avoir une vision véritablement rationnelle de la guerre en Ukraine et son impact qu'elle aura sur la marche de l'Humanité. Pour saisir le véritable impact de cette guerre, il faut revenir à l'histoire récente, c'est-à-dire ce qui est sorti de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1945. Entrons d'emblée dans la situation historique, à cette époque, du monde. Le deuxième Conflit mondial s'est terminé par des millions de morts. Pour la seule Union soviétique, 26 millions de soldats et de civils ont été tués et 25 millions de sans-abri. C'est le pays qui a enregistré le plus de pertes humaines dans le monde ; il a été ravagé par des destructions matérielles estimées à six fois le revenu national de 1940. Pour l'Allemagne, il ne restait plus qu'un amas de ruines du grand Reich, les grandes villes sont en grandes parties détruites. En Europe, des millions d'habitants ont perdu leurs logis, devenus sans abri ; la guerre a provoqué des dommages considérables ; partout, le conflit a apporté ruines et destructions ; toute l'Europe s'est vue ensuite occupée par des forces militaires de libération. La guerre semblait sonner le glas d'une Europe développée, à la pointe d'une économie et d'une culture de portée mondiale. Seules deux superpuissances sont sorties de la guerre avec une grande marge de manœuvre. Les deux empires coloniaux européens, la France et la Grande-Bretagne, affaiblis, se sont vues contraints, par les guerres d'indépendance dans les colonies et les pressions internationales, à renoncer progressivement à leurs possessions. Leur suprématie disparaissant au milieu des années 1950. Les conférences de Yalta et de Potsdam la France y était absente qui décidèrent du partage du monde devaient dessiner la carte du monde en deux blocs Est et Ouest. Dans l'Europe des Balkans et la zone d'occupation soviétique de l'Allemagne, des régimes communistes ont été mis en place. En Extrême-Orient, le Japon, soumis à l'administration américaine, a perdu les territoires conquis. Sakhaline et les îles Kouriles sont devenues soviétiques. La Corée libérée est séparée en deux zones d'occupation américaine et soviétique. La Chine est reconstituée, mais perd le Formose (Taiwan). L'union entre communistes et nationalistes chinois contre le Japon a vécu. Soutenues par l'URSS, les troupes de Mao Tsé-toung reprennent la conquête du pouvoir. Mais le facteur qui va changer les rapports entre les blocs, c'est la révolution dans la puissance de destruction des armements. Dans les siècles précédents et surtout la première moitié du XXe siècle, la puissance d'une nation se mesurait à la puissance de feu de ses armées. Pour peser sur l'échiquier mondial, toutes les nations européennes ont rivalisé d'ingéniosité en matière de pouvoir de destruction des armements, rendant ainsi les guerres inévitables. Grâce à la performance des armes, des guerres étaient extrêmement meurtrières. Les pertes humaines en 1914-1918 et 1939-1945 en témoignent. De plus, en plus des armements, les règles de la guerre ont beaucoup évolué. Les haines entretenues par les politiques, les revanches désirées par les nations qui ont perdu des guerres, les disputes entre les puissances pour le partage du monde, ont fait que les nations européennes se préparaient à s'affronter désormais dans des guerres dites «totales», c'est-à-dire une mobilisation totale des moyens humains et matériels pour la guerre. Mais augmenter le pouvoir de destruction dépendait des progrès techniques, et les progrès des armements relevaient des découvertes scientifiques. Ce à quoi s'efforçaient les scientifiques des grandes nations européennes ; paradoxalement dans cet entêtement dans le développement des armements, des découvertes déconcertantes scientifiques, de plus en plus révolutionnaires, s'opéraient. Comme si elles étaient facilitées par la Providence, comme si la Nature apportait sa contribution aux besoins de la guerre, divulguant ainsi ses «secrets» aux scientifiques. Un phénomène de l'Histoire ou une «ruse de l'histoire» selon la philosophie de l'histoire de Hegel se posait sur cette avancée scientifique accélérée qui s'est réalisée en l'espace d'un demi-siècle, 1900-1950. Pour le premier conflit mondial, on estime le coût des pertes humaines à plus de 9 millions de morts et plus de 10 millions de blessés et des destructions considérables. Pour le deuxième conflit mondial qui a fait sombrer l'Occident dans une folie meurtrière sans précédent, rien qu'en Europe, la guerre a fait, selon les estimations, au moins quarante millions de morts. Dans le monde, on fait état de chiffres effrayants, soixante-dix millions de morts et plus, le nombre de blessés se comptaient par dizaines de millions, et ces guerres étaient presque apocalyptiques vu le nombre et la faible durée, en cinq longues années et demie. On peut dire de cette hémorragie d'une humanité, puisque ce ne sont plus deux nations qui se font la guerre, ou dans un seul continent, mais sur la Terre entière, l'humanité entière qui est en guerre puisque cette guerre va ensuite amener les peuples colonisés, des peuples qui représentent les deux-tiers de l'humanité, à se soulever à la fin de la guerre pour conquérir leurs indépendances. Alors peut-on se dire sur ces guerres 1939-1945 et les guerres d'indépendance qui ont suivi, relèvent-elles des «contingences» ou des «nécessités d'un monde qui avance» et qui veulent effacer les quelques quatre à cinq siècles passés. La question se pose à notre conscience, à notre compréhension du sens des guerres qui frappent notre monde ? Des armements toujours plus perfectionnés et plus destructeurs, que les gouvernements occidentaux ont fait peser sur leurs peuples et sur les peuples assujettis, vont aller au-delà de toute espérance. Un domaine des sciences va s'ouvrir et apporter à l'homme une nouvelle «folie» qui, pour peu qu'il l'utilise à grande échelle, sera probablement sa «dernière guerre». Cette «folie destructrice» - on ne peut l'appeler intrinsèquement «arme», parce qu'une arme s'utilise au besoin, celle-ci ne s'utilise pas, «elle se stocke dans des silos terrestres, aériens, marins et sous-marins.» Et elles se trouvent un peu partout dans le monde. Son pouvoir de destruction est inouï ; il est massif, immédiat et apocalyptique ; en cas de guerre déclenchée, le temps des combats, ou plutôt les temps d'«extinction» ne se comptent pas en années ni en mois, mais en jours, en heures, en minutes mêmes. Des centaines de millions peuvent être effacées de la surface de la terre en quelques minutes, pour peu qu'un conflit nucléaire généralisé se déclenche entre les grandes puissances. Des centaines de millions d'êtres humains disparaîtraient comme s'ils n'avaient jamais existé. Une question cependant, comment cette puissance inouïe est parvenue à l'homme ? Il est vrai que la recherche scientifique par les savants n'a pour motivation que la découverte de principes universels qui régissent la Nature, le plus souvent pour apporter à l'homme la compréhension de l'univers à la fois pour prendre conscience de son être ( de lui-même) et de tirer aussi des bienfaits que ces découvertes peuvent lui apporter dans les domaines les plus variés de la vie humaine mais aussi pour en faire des armes pour se défendre et souvent pour agresser, pour que l'on fusse assez fort, pour dominer son adversaire. Utiliser les forces de la Nature pour faire progresser l'industrie et répondre aux problèmes démographiques en termes de consommation agricole, de produits manufacturés, de produits industriels, découvrir des substances chimiques ou micro-organismes présents dans la «Nature» pour guérir les maladies voire immuniser les populations des fléaux épidémiques graves, tels le choléra, la peste, etc., sont des visées nobles pour l'homme. Les idées des savants ne sont donc pas destructrices, mais quand elles s'appliquent à des fins militaires, la situation change complètement. Justement, la situation dans la première moitié du XXe siècle a été marquée par la haine entre les peuples européens, la haine de l'occupant pour les peuples colonisés. Et une des conséquences de la recherche scientifique qui non seulement fut la plus considérable mais «a marqué à jamais le monde» a été la découverte des réactions en chaînes des matériaux fissiles. Des savants de génie, tels Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie, Planck, Einstein, Rutherford, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, Borne, Dirac, et autres..., ont fait connaître à la physique atomique un essor extraordinaire. Grâce à l'étude des phénomènes observés, aux découvertes de leurs prédécesseurs, à leur capacité d'analyse et surtout à leur extraordinaire intuition, ces savants ont pu trouver des lois qui ont révolutionné la physique du monde. Et le plus surprenant, c'est que les applications physiques des réactions nucléaires n'ont commencé à être comprises qu'à la veille du Deuxième conflit mondial, et le plus extraordinaire, «l'arme nucléaire n'a fait son apparition qu'à la fin de la guerre ?» Coïncidence ou simple concours de circonstances ? Que serait-il arrivé à l'humanité si ces armes fussent découvertes au milieu du Deuxième conflit mondial par les nazis et utilisées à grande échelle durant la guerre ? On n'a même pas besoin de s'étendre sur cette question, l'humanité aurait tout simplement perdu tout repère. L'Angleterre serait un tas de ruines. Des millions d'Européens, d'Américains et de Russes auraient probablement été exterminés. Le Deuxième conflit mondial aurait été apocalyptique. Une «humanité» qui se serait transformée irrémédiablement en une «inhumanité». Et l'arme absolue ne s'est pas fait découvrir dans le théâtre européen, mais dans un théâtre lointain, là où il n'y avait pas la guerre. «Un peu comme si la Nature avait pitié des hommes», leur évitant l'apocalypse. Et les essais nucléaires n'ont été concluants que le 16 juillet 1945, une première bombe atomique (au plutonium) américaine a été essayée avec succès à Alamogordo, dans une région désertique de l'État du Nouveau-Mexique (États-Unis) ? Moins d'un mois après les essais concluants, deux bombes ont été larguées par les Américains les 6 et 9 août, respectivement sur les villes japonaises, Hiroshima et Nagasaki ? Après explosion, deux villes, deux peuples, avec leurs maisons et leurs infrastructures se sont pratiquement volatilisés de la surface de la terre. C'est comme si ces peuples n'avaient pas existés. En réalité, les habitants d'Hiroshima et de Nagasaki ont existé, mais ils ont existé pour, à vrai dire, ne pas exister. La raison est simple, ils n'ont laissé aucune trace hormis les grands brûlés et les aveugles, restés vivants (ou des restes de cadavres calcinés) qui témoignaient d'avoir vu l'«enfer sur Terre en nature». Ce qui s'est passé au Japon aurait pu se passer en Europe. Si l'Europe a été épargnée, ce n'est pas seulement parce que la guerre était finie, en avril 1945, mais parce que les recherches nucléaires, en Allemagne nazie, bien qu'avancées, n'avaient pas abouti. Là encore, on pourrait dire que la marche de l'histoire est rationnelle ; rien ne vient sans causes ; et les causes n'anticipent pas l'histoire ; elles n'arrivent que parce qu'elles doivent arriver indépendamment de la volonté des hommes. Et on comprend pourquoi tel événement historique arrive là, à un point géographique précis, et non à un autre point, et cela relève de la rationalité de la marche de l'histoire. Quant aux phénomènes nucléaires, ils existent bel et bien dans la Nature, ce qui veut dire qu'ils appartiennent à la Nature et si l'homme les a trouvés puisqu'ils existent déjà organisés dans la Nature, c'est que cette Nature a bien voulu exaucer et encore partiellement les recherches de l'homme qui ne connaît pas tout de l'atome. Il n'en connaît que ce que la Nature lui a permis de connaître, à l'échelle humaine. L'énergie et la masse ne sont que ce que sont pour l'homme ; de même le neutron, le proton, l'électron, le boson ou autres particules ou l'«énergie noire» ne sont que ce qu'ils sont pour l'homme, à son échelle, et non à l'échelle absolue qui n'est pas connaissable pour l'homme. La volonté «des hommes qui cherchaient à comprendre la Nature», et les puissances qui redoublaient toujours plus d'ingéniosité pour augmenter la puissance de feu de leurs armements relèvent d'une Volonté de la Nature. En leur livrant un secret terrible, qui a commencé à être dévoilé bien avant les conflits mondiaux, avant même le début du XXe siècle, la Nature, il faut bien l'admettre, anticipait, connaissant la «nature des hommes et leur soif insatiable de puissance». Considérant la philosophie de l'histoire de Hegel, l'Esprit ou la Nature ou la Raison dans l'Histoire, on peut l'appeler comme l'on veut, n'a en fait qu'enchaîner l'homme à sa propre découverte, lui fixant désormais des «lignes rouges» qu'il ne peut dépasser sous peine de périr. Il est évident que, laissés totalement libres, les hommes s'autodétruiraient. Cela nous rappelle la phrase de Victor Hugo : «C'est une triste chose de songer que la Nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas». Mais, ce que Victor Hugo ne savait pas de son temps et ne pouvait savoir, et l'«arme absolue» n'existait pas encore, c'est que son avènement n'a été aux hommes que pour que le genre humain vienne à réfléchir à ce qui lui est interdit et, ce faisant, apprendre à écouter la Nature même s'il ne l'écoute pas. La Nature n'a pas besoin que le genre humain l'écoute mais qu'il obéisse à ce qui lui est interdit. Ainsi tout se tient, tout est ordonné dans le devenir du monde. L'avènement de l'arme atomique a un sens, comme l'irruption de la «Révolution russe» en octobre 1917, a été un «phare» pour les peuples colonisés. L'arme nucléaire, à son tour, a eu, à partir d'août 1945, avec les deux villes rasées du Japon, en quelques secondes, à jouer dans la marche du monde ; les «champignons apocalyptiques», ont eu un rôle central non seulement dans l'équilibre géostratégique monde mais aussi pour la «paix atomique mondiale». C'est l'arme atomique qui a fait sortir l'Europe et le monde de la barbarie des «guerres entre puissances», freinant leurs velléités belliqueuses ; et le pis-aller ces guerres se sont transformées en guerre froide ; mais vaut mieux une guerre froide qu'une nouvelle guerre mondiale. C'est ainsi qu'un pouvoir terrifiant, silencieux, sage dans ses silos terrestres, marins et aériens produit par les hommes est comme une épée de Damoclès qui pèse sur le genre humain. Aucune puissance nucléaire au monde aujourd'hui ne s'aviserait de déclencher un conflit nucléaire sinon à détruire et à s'autodétruire dans l'immédiateté même des quelques minutes qui suivraient l'ordre de tir, et le départ des vecteurs nucléaires. Quelle que soit la doctrine, une guerre nucléaire totale raserait une grande partie des mégapoles du monde, une riposte graduée ne ferait guère mieux. Ce sera plus qu'un dépérissement du monde humain, c'est de la «tristesse nucléo-atomique» qui s'abattrait sur Terre... Le largage de deux bombes nucléaires en Asie avait un sens. L'attaque nucléaire sur les villes japonaises et l'apocalypse qui a suivi a servi essentiellement d'avertissement aux puissances du monde. Deux villes japonaises, deux populations ont été sacrifiées (utilisées comme cobayes pour son expérimentation). Il faut se rappeler qu'en 1943, Roosevelt fixait le programme de construction à 120 000 avions et 75 000 chars ; les effets des deux bombes atomiques lancés sur le Japon ont changé totalement les plans d'armements américains et les guerres elles-mêmes. Une grande partie des 60 millions d'Américains affectées à la construction des armements aux États-Unis, en 1943, a été obligée de se recycler à la fin de la guerre, dans des activités civiles. L'avènement de l'arme nucléaire dans l'histoire de l'humanité a changé le destin du monde. Aucun savant ne pouvait penser, en procédant à des recherches dans le domaine nucléaire, qu'il allait découvrir l'«arme absolue» ; cette arme absolue est venue d'elle-même, à la fin de la guerre. L'arme nucléaire termine la stratégie de «La gagnera celui qui en fabriquera le plus». Si l'effort a été consacré sur les armes nucléaires et les vecteurs pour les lancer (aéronefs, sous-marins, porte-avions, silos, etc.), avec l'impact des essais dans l'atmosphère de la Terre, les puissances ont fini par prendre conscience des dangers des essais nucléaires, y compris des essais souterrains, sur l'écosystème terrestre. En effet, le danger des retombées radioactives, c'est-à-dire des matériaux radioactifs libérés et en suspension dans l'atmosphère mettaient en danger de radiation les populations, et les radiations pouvaient toucher des régions entières, et se diffuser aux autres régions du monde. C'est ainsi que le danger que représentaient ces armes ont amenés les grandes puissances à signer traité sur traité pour interdire les essais nucléaires et procéder à des limitations de leurs arsenaux nucléaires existants (START I, Start II, démantèlement du surplus d'ogives non nécessaire à la puissance de dissuasion). Cependant, partant du postulat du bien et du mal dans la nature humaine, la «folie meurtrière» des puissances nucléaires ne changera pas, sauf qu'elle ne dérangera pas outre mesure la Nature puisque les puissances restent «sous surveillance nucléaire». Quelle différence entre 500 ogives nucléaires lancées sur des villes du monde, en cas de conflit nucléaire mondial, 1000 ogives, 2000 ou 3000 ogives ? Pour tous les cas, il y a sursaturation nucléaire et le retour de l'humanité à l'âge de pierre. L'arme nucléaire n'est, au final, que la partie émergente d'un nouveau processus en cours dans la marche dans l'histoire des peuples. Il faut aussi considérer que la course aux armements nucléaires et les «minutes précieuses» auxquelles sont mobilisés ingénieurs, savants et généraux entrent aussi dans les «lois de la Nécessité et du devenir de l'humanité». Sans cette compétition sur les armes nucléaires, la recherche scientifique n'aurait pas fait le bond considérable que l'on connaît aujourd'hui. Ce qui nous fait dire que les applications de la recherche scientifique ne sont pas destinées uniquement aux armements mais aussi à la «médecine», à l'«aviation civile», à la «marine», aux «centrales nucléaires», à la «conquête spatiale», aux moyens de communications, aux programmes informatiques, aux constructions antisismiques et à tant de domaines qui ont révolutionné aujourd'hui la vie moderne. A voir seulement Internet, un système qui était d'abord militaire au départ, parce que nécessaire pour la mise en réseau de tous les Etats-majors des forces américaines dans le monde (pour la rapidité dans la prise de décision). Aujourd'hui, l'avancée de l'Internet le doit aux applications dans le travail en réseau des forces nucléaires américaines. Appliqué au civil, le progrès est tout simplement inimaginable. Il a mis en réseau selon des chiffres donnés cinq ou six milliards d'êtres humains et plus qui se connectent aujourd'hui quotidiennement. Le Web à travers Internet a permis de véhiculer des milliers de milliards d'informations sur la toile mondiale. Les systèmes bancaires du monde entier sont connectés au point que des robots agissent à la place des hommes dans des millions d'opérations bancaires. Et dans toutes les applications civiles, économiques et sociales. L'âge atomique a ouvert un nouvel ordre mondial, mais il n'est pas fini, et on peut dire qu'il est loin d'être fini. Le Conseil de sécurité groupe les cinq puissances nucléaires retenues, à l'époque. Aujourd'hui de nouvelles puissances nucléaires sont apparues déclarées officiellement ou non, ou au seuil. Depuis la guerre froide, tous les moyens ont été utilisés, de la propagande à l'intimidation, de la subversion aux guerres locales souvent par procuration. Les pouvoirs exécutifs des grandes puissances sont désormais «tricéphales». D'un côté le pouvoir politique représentatif, de l'autre le pouvoir financier sans lequel il n'y a pas de puissance et le pouvoir militaire qui détient les forces d'anéantissement du monde. Bien qu'indirectement, le pouvoir militaire que la deuxième guerre mondiale lui a fait gagner beaucoup de prestige et d'influence, a à jouer, dans les camps des puissances, un rôle central dans les affaires politiques des États. Et c'est la Raison pour laquelle il jouit du titre prestigieux la «Défense nationale». Jamais situation n'a existé pour les Services de sécurité comme ce qui a prévalu après le deuxième conflit mondial. Il concerne aussi bien les pays développés, les pays en développements que les pays sous-développés. Pour les nouveaux pays, les Services de sécurité se calquent sur leurs homologues occidentaux, ex-soviétiques, russe et chinois et sont pour la plupart noyautés par les «services» des grandes Puissances. C'est la guerre froide, la paix fragile et le risque d'une déflagration mondiale qui a élevé les services de sécurité en sanctuaires, c'est-à-dire au-dessus des lois. Ces territoires presque inviolables ne sont que la conséquence de la nouvelle situation du monde. L'avènement de l'arme atomique a mis le pouvoir militaire au centre même de la géostratégie mondiale. Il faut se rappeler que les deux guerres mondiales ont été provoquées par des civils. Et surtout qu'aujourd'hui, il existe une menace permanente d'anéantissement mutuel imposée par la présence des armes atomiques dans les arsenaux des puissances. Ce qui rend forcément le pouvoir militaire par la lourde responsabilité qu'il a sur les vecteurs nucléaires en «contre pouvoir» au pouvoir exécutif. Les pouvoirs militaires des grandes puissances ne sont pas simplement des institutions aux ordres des pouvoirs civils aussi bien en Occident qu'en Asie, mais qu'ils partagent avec le pouvoir civil toute décision qui touche, non seulement la Défense de la nation, mais la survie même de cette nation, et, ce principe étendu à toutes les puissances nucléaires, se pose en fait à l'humanité toute entière. Nikita Khrouchtchev disait : «Qu'après le recours par les belligérants aux armes atomiques, le tas de cendres communistes ne se distinguerait guère du tas de cendres capitalistes.» On comprend pourquoi les structures occidentales (CIA, etc.) ex-soviétiques (transformation du KGB en d'autres structures), chinoise, jouent un rôle capital dans les affaires internationales. Les menaces proférées par le président américain, au plus fort de la guerre contre l'Irak à partir de 2005-2006 de recourir même aux armes nucléaires contre les sites nucléaires iraniens, et l'allusion de «Troisième guerre mondiale» donnent déjà une idée de manœuvre des responsables politiques civils dans le domaine militaire des relations internationales. Mais ne perdons pas de vue que tout dans l'univers est ordonné, il n'y a pas de chaos sauf dans les affaires humaines, et encore en apparence seulement parce que «l'homme ne connaît ni le sens ni l'essence de la marche de l'histoire.» Pense-t-on dire que les pouvoirs humains se commandent et que l'arme absolue est là pour leurs ambitions de dominer, de l'utiliser pour faire la guerre en vue de satisfaire leurs pulsions grégaires de domination ? Ils se trompent sur toute la ligne. L'arme absolue n'a été donnée aux hommes que pour leur tracer un chemin, une voie leur stipulant un «nouvel ordre historique mondial qui n'est pas arrêté dans le temps.» En 1945, il faut le leur rappeler que ce n'est pas le genre humain qui a institué le nouvel ordre mondial qu'a été la «bipolarisation du monde» ; non c'est l'arme atomique qui l'a institué ; l'homme n'a fait que découvrir ce qui était en puissance dans la nature. Et il a découvert que parce qu'il lui a été donné de le découvrir ; les matériaux fissiles qui constituent le centre même de l'arme absolue existent à l'état naturel sur terre. Dès lors, il faut se rendre à l'évidence que les hommes sont mortels, ils naissent, grandissent, puis après avoir existé, apporté ce qu'ils doivent apporter en bien ou en mal, vieillissent puis meurent ; les êtres humains sont prédéterminés dans leur existence ; dans l'absolu, ils ne se commandent pas, ils relèvent d'un déterminisme tracé par la Nature qui les a fait naître. Dès lors, force de dire qu'ils ne sont pour rien dans l'âge atomique qui, en vérité, leur a été donné, leur a ouvert la voie pour un nouvel ordre mondial dans le sens que cet ordre mondial ne relève pas d'eux mais de la marche de l'histoire ; et aujourd'hui encore, l'ordre mondial qui n'est qu'une séquence de l'histoire doit se transformer, s'affiner selon ce que réserve le temps et l'histoire. Et la guerre en Ukraine est concernée dans cette séquence de l'histoire ; la guerre en Ukraine va s'arrêter, doit s'arrêter. Pourquoi ? Parce que ni la Russie ni l'Occident ne commandent leur destinée, ne commandent leur devenir. La guerre en Ukraine a trop tardé ; elle a perdu son sens, le sens du pourquoi elle a été engagée ; la Russie comme l'Occident n'ont été que les rouages nécessaires pour faire fonctionner la marche du monde. Ni l'Occident ni la Russie ne le savent et «ils ne doivent pas le savoir», parce que telle devait être la marche du monde. Aussi peut-on prédire que la fin de la guerre se rapproche à grands pas, certes il y a encore des «choses qui doivent se faire» ; mais ces «choses à faire et à se faire» sont un passage obligé, parce qu'ils arrêteront la guerre, ils ordonneront la fin de la guerre. Les êtres humains sont créés de nature peureux, ils ne sont courageux que lorsqu'il leur a été donné d'être courageux sinon ils ne sont pas courageux ; ils sont plus peureux que courageux et telle est structurée la nature humaine. Aujourd'hui, on entend les Américains craindre une guerre nucléaire, que Moscou, par peur de ne pas gagner la guerre, comme le disent leurs décideurs que si la mère-patrie est en danger, ils n'hésiteraient pas à utiliser l'arme nucléaire. Il faut dire aux Américains que les Russes en aucun cas n'utiliseraient l'arme nucléaire pour la simple raison que la mère-patrie ne sera jamais en danger. L'arme absolue ne leur a pas été donnée pour que la mère-patrie soit en danger. Quant aux Russes qui n'arrêtent pas d'avancer qu'une guerre nucléaire est possible, bien sûr qu'elle est possible mais possible que dans leurs consciences et non dans la marche de l'histoire. Mais l'histoire évolue et la «rhétorique humaine» pour faire peur à la partie adverse, ce qui est de bonne guerre à l'échelle humaine mais non à l'échelle absolue, peut devenir partie intégrante de l'histoire. Sinon pourquoi la partie russe ne cesse de le clamer. Il restera cependant à la marche de l'histoire du monde de le décider. Si cette rhétorique est annonciatrice ou non de guerre nucléaire, une vérité ressort de la marche du monde, quel que soit ce qui ressortira de la guerre en Ukraine, cette guerre s'arrêtera d'elle-même. Les grandes puissances ne feront qu'économie de leur impuissance, face au verdict de l'histoire. *Chercheur |
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