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Crise libyenne: les limites de la déclaration d'Alger

par Kharroubi Habib

Que ce soit en Suisse, au Maroc ou à Alger, tous les acteurs de la crise libyenne conviés à un titre ou à un autre à participer au dialogue de paix interlibyen initié et supervisé par la mission onusienne d'appui à la Libye, conduite par le diplomate italien Bernardino Léon, ont convenu que le conflit qui déchire leur pays ne peut se régler que par une solution politique faisant consensus entre les parties concernées qui s'engageraient à sa mise en œuvre. Ceux d'entre eux - des leaders de partis et des personnalités politiques influentes - qui ont participé à la rencontre d'Alger ont même ébauché un plan de solution politique ayant l'approbation de la médiation internationale et va probablement lui servir de canevas pour ses discussions avec les autres acteurs de la crise libyenne n'ayant pas pris part à cette rencontre.

Le contenu de la « déclaration d'Alger » adopté par les participants libyens a été qualifié de satisfaisant et d'encourageant par l'émissaire de l'ONU Bernardino Léon et par notre ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel qui a coprésidé avec lui la rencontre interlibyenne. Mais pour aussi constructives et positives que sont les propositions ayant été faites, il reste à savoir si les parties qui les ont adoptées sont en capacité de les faire partager aux groupes armés et milices qui se combattent dans le pays pour le contrôle du pouvoir. C'est là le côté délicat du plan de paix élaboré à Alger dont les auteurs reconnaissent qu'il ne peut se concrétiser qu'après l'arrêt des combats et opérations militaires qui se déroulent en Libye et la dissolution de ces groupes armés et milices après leur retrait de toutes les villes et la récupération de leurs armes.

Il n'est pas du tout certain que les chefs de guerre qui sont à la tête de ces groupes et milices sont tentés par la solution politique esquissée dans la déclaration d'Alger et que les leaders et personnalités politiques l'ayant approuvée disposent d'une influence décisive sur eux. Leur absence aux différentes réunions pour la paix qu'organise la mission onusienne d'appui à la Libye n'incite guerre à l'optimisme. Les chefs de guerre en question et les combattants qu'ils conduisent sont dans la logique que le conflit en Libye n'a d'autre solution que militaire qui leur permettra de réaliser les buts qu'ils poursuivent. Ils s'y maintiendront d'autant qu'ils bénéficient d'encouragement et de soutien de la part de parties étrangères internationales et régionales qui ont un agenda politique pour la Libye qui n'est pas celui arrêté par l'ONU et que sa mission d'appui tente de faire accepter par tous les protagonistes de la crise du pays.

C'est en cela que le règlement du conflit libyen est problématique. Les clefs de sa solution sont certes d'abord et avant tout entre les mains de ces protagonistes locaux qui ne pourront toutefois s'entendre sur elle que si cessent les ingérences étrangères qui se manifestent pratiquement ouvertement pour au nom d'intérêts géopolitiques « stratégiques » ou trivialement économiques mettre en échec la solution politique prônée par la mission onusienne d'appui et les pays qui l'approuvent.