![]() ![]() ![]() ![]() Tout le monde aura compris qu'il s'agit de football. C'est la loi numéro
11 de ce sport ; le plus populaire au monde, qui réglemente cette position d'un
ou de plusieurs joueurs en attaque, derrière une ligne virtuelle de la défense
adverse, qu'estimeront le ou les arbitres, et qui sera sanctionnée d'un hors
jeu. En fait, cette loi énonce ceci : «Position de hors jeu : un joueur se
trouve en position de hors jeu quand : - il est plus près de la ligne de but
adverse qu'à la fois le ballon et l'avant- dernier adversaire».
Cela se passait le dimanche 27 avril 2014, au stade de Villaréal, lors d'un match de foot comptant pour le championnat d'Espagne, entre le club local déjà cité et le FC Barcelone. Au moment de tirer un corner, le joueur brésilien, évoluant à Barcelone, Daniel Alvés reçoit une banane jetée à partir des gradins, par un supporter xénophobe pour lui-même et publiquement démonstratif. D'un geste rapide, surement plein d'émotions, mais avec la classe contrôlée qui sied à l'humain outragé, Alvès ramasse la banane l'épluche, en mange une grosse partie et tire sportivement son corner. Cette image furtive, et en définitive, secondaire par rapport au jeu et à l'enjeu du match, fit contre toute attente le buzz, sur la toile. Dès le lundi 28 avril, des dizaines de footballeurs célèbres, et autres champions sportifs de renommée mondiale, se firent photographier avec au premier plan, le fruit qui domestiqua, même l'espace d'un match de foot, cette version de la bête immonde, qui tentaculaire, avait depuis quelques années, envahi quasiment tous les stades d'Europe. Et aussi par delà la symbolique que matérialise ce fruit que les hommes et notamment les occidentaux dans leurs référentiels et leurs construits sociaux avaient associé à l'unique nourriture du simien. Il faut que tous sachent qu'il n'y a pas qu'un seul singe, et que cet ordre des primates dit des sémiiforme, regroupe au moins, 300 espèces. S'ils sont à prédominance, végétariens ou herbivores, ils sont aussi omnivores. Ainsi, ce lien entre la banane et le singe, est une image devenue règle par un travail d'escamotage sournois qui l'a institutionnalisée, et que les générations se passent jusqu'à devenir un marqueur indélébile du singe. C'est du gout d'un chauvinisme estampé banania déjà vu, que les sociétés colonisatrices en mal d'exotisme ont imposé aux autres aux travers de plusieurs commandes et moult manettes, comme les dessins animés et autres reproductions, sur divers support en directions des plus jeunes qui ont assimilé cette représentation comme intangible. Et comme les colonisations ont concerné l'Afrique , l'Asie et l'Amérique latine, leurs habitants, noirs ou bien métis sont donc machinalement amalgamés aux singes et à la banane, comme êtres primaires, toujours primitifs, quand les occidentaux eux sont civilisés. Heureusement que ce schéma n'est pas resté en l'état figé, puisque depuis quelque temps, le racisme est décrié et combattu, par la fédération internationale du foot, FIFA. Des spots publicitaires apparaissent à fréquences régulières, en même temps, que les réclames commerciales sur les bandeaux destinés à cet effet dans les stades, lors de grandes rencontres. Cependant les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous, car le mal est toujours dans les tribunes et autres gradins. Donc la méthode est à revoir, considérant son efficience encore invisible dans ces arènes du foot. Contrairement à cette façon de faire, par les institutionnels du foot, pour le moins, pas encore efficace ; le geste de Dani Alves, combien même exécuté dans une spontanéité, et à la vitesse grand V, a vu sa résonance impactante se répandre et se diffuser fortement. Les meilleurs publicitaires, leurs agences et tous leurs moyens, n'auraient jamais atteint cette irradiation contaminante. Toute la presse en a parlé et les images, favorisées par leur connexion avec la transmission en direct d'un match foot de liga espagnole tant regardée, firent le tour de la planète. Encore mieux, une grande sympathie accompagna ces images, comme s'il s'agissait d'une évidence que tous, derrière leurs écrans, attendaient et qui vint à point nommé, les secouer. Alors que la publicité :«no to racism» lancée par la FIFA, était engagée pour convaincre ; le geste d'Alvès avait été accepté, sans autres effets, ni montage argumentatif, que la sincérité du geste défendant à l'aide d'une banane, une cause humaine, qui polluait depuis déjà longtemps ce sport. C'est en Italie que ce racisme médiatique, montré en direct fut révélé au monde. La victime en fut souvent, Mario Balotelli, attaquant noir de l'AC Milan et de la squadra azzura, l'équipe nationale italienne de foot, en direction de qui, et à chaque match, fusaient des tribunes ces oukases : ?'il n'y a pas d'italiens noirs''. Mis sous pression et poussé à bout ce joueur- la Gazzetta dello sport ,grand quotidien sportif italien, daté du 27/06/2012, n'avait pas hésité à publier une caricature signée, Marini Valerio le représentant ; en King Kong- déclarait à la veille du l'Euro de foot 2012,qui s'était déroulé concurremment en Pologne et en Ukraine ceci :'' si quelqu'un en Pologne ou en Ukraine devait me jeter une banane à la tête, je le tuerai. Je suis prêt à aller en prison. Le racisme est inacceptable et je ne suis pas prêt à le supporter. J'espère qu'il n'y aura pas de manifestations de racisme à l'Euro 2012, car si ce devait être le cas, je descendrais immédiatement du terrain et je rentrerais chez moi''. Les mêmes causes peuvent ne pas produire les mêmes effets, ainsi, quand Ballotelli, pour cause de jets de banane, et au-delà de toutes les connotations drainées par ce geste, avait choisi la violence, du moins verbales. Alvès lui préféra manger le fruit de l'offense raciste. Balotelli est né en méditerranée, en Italie, plus précisément en Sicile, alors que Dani Alvès est lui né dans une ville du nord du Brésil ,Juazeiro, avait eu face à la banane et toutes les significations qu'elle véhicule, mise dans ce contexte, un comportement tropical, c'est-à-dire beaucoup plus tempéré , cool comme on dit. Il va de soi, que les résultats également ne sont les mêmes, pour le même fait traité autrement. Le sport a souvent connu de telles manifestations dégradantes pour l'homme. Ainsi et quasiment dans la même semaine, éclatait un scandale à relents fortement raciste, au sein du prestigieux champion nord américain de Basket-Ball, NBA. C'est le propriétaire du club des clippers, Donald Sterling, qui s'est rendu coupable de propos racistes, dans un enregistrement d'une conversation privée, avec sa petite amie, rendue publique. Il lui disait en substance, qu'elle ne devrait pas se montrer en compagnie de Noirs. Ces déclarations jugées blessantes et insultantes, avaient conduit le président américain Barack Obama, à dénoncé ces propos. Le propriétaire des clippers avait vite fait d'être sanctionné et suspendu à vie. Il lui est désormais, également interdit de diriger un club et d'assister aux matches. Par ailleurs, les rassemblements sportifs, ont pareillement servi de plateformes de dénonciations de dérives racistes et négationnistes. Déjà en 1936, lors de jeux olympiques de Berlin, il y avait eu l'épisode Jesse Owens ; l'athlète afro-américain, vainqueur du saut en longueur, de l'athlète allemand Luz Long, que le chancelier Allemand Hitler furieux de voir un Noir triomphé, aurait refusé de lui serrer la main. Les circonstances de cette histoire sont demeurées troubles jusqu'à aujourd'hui. Lors des jeux olympiques de 1968 à Mexico, ce sont deux sportifs noirs américains, Tommie Smith et John Carlos, vainqueurs de la médaille d'or et celle de bronze, alors que la médaille d'argent fut remportée par l'athlète australien Peter Norman, qui avait soutenu les deux coureurs dans leur action, puisqu'on raconte que c'est lui qui suggéra que chacun d'eux ne porte qu'un seul gant, parce que Carlos avait oubli é sa paire au village olympique. Cela se passa lors de la cérémonie de remise des médailles de l'épreuve du 200 mètres. Et alors que retentissait l'hymne étasunien, les deux champions baisèrent leurs têtes en signe d'irrespect au chant national américain et levèrent leurs poings gantés de noir en signe de protestation contre les diverses formes de discriminations que subissent quotidiennement les noirs au pays de l'oncle Sam. Ce geste du point levé, est aussi le signe de ralliement des militants et des sympathisants du mouvement afro-américain dit :'' Black Power'', le pouvoir noir. Les trois vainqueurs subirent, sans cependant se déjuger, les foudres des milieux politiques et sportifs de leurs pays respectifs. Les deux américains furent exclus de la délégation américaine et du village olympique de Mexico. Rentrés chez eux ils firent l'objet ainsi que les membres de leurs familles, de menaces de mort. Le champion australien, catalogué complice de crime de lèse majesté envers le comité olympique international, fut lui aussi écarté de la délégation de son pays, et peu à peu mit en quarantaine. Subissant un ostracisme corrodant ; il fut exclu de toutes les manifestations sportives de son pays, comme durant les jeux olympiques de Sidney de 2000, où il fut pourtant question de réhabiliter les aborigènes et leur culture, longtemps proscrits sur leur terre, et relégués en situation de sous hommes. Décédé en 2006, son cercueil fut lors de son enterrement à Melbourne, porté par ses deux co-vainqueurs du 200 mètres olympique de Mexico de 1968, Smith et Carlos. Revanche d'un sort, ou bien victoire sur la stupidité humaine ? Dans la même résolution de combat, il y eut en France en 1985, un évènement anti raciste, baptisé :''touche pas à mon pote'', que le parti socialiste français avait récupéré à son propre intérêt, à travers Harlem Désir, qui selon la légende, voyant que l'un de ses copains était agressé dans le métro, il s'interposa pour le défendre, en lançant aux agresseurs, la formule magique : touche pas à mon pote. Entre le mythe et la réalité et il ya toujours eu de l'espace, pour toutes sortes de broderies et d'affabulations. Toujours est-il ; ce mouvement, dont le slogan fut décliné, connu et propagé notamment à travers un pin's de couleur jaune, sous la forme d'une main ouverte en signe de paix et de fraternité. Cette main fut marquée et filoutée par les racistes de France, comme la main de Fatma, notre Khomsa, porte bonheur éloignant le mauvais œil. A ce propos me revient le souvenir de ma pauvre mère, que dieu ait son âme. J'avais reçu d'un ami un pin's, touche pas à mon pote, de couleur verte. Croyant en ce symbole protecteur ; elle l'utilisa pour agrafer au niveau de son menton, son foulard, qui lui couvrait la tête, quand elle accomplissait sa prière. Heureux qu'elle en fasse un objet utile, je ne lui ai jamais raconté l'histoire des SOS-Racisme. Ce mouvement donc, malgré son exploitation politique, fit découvrir à la France qui avait profité des trente glorieuses - les années fastes de croissance économique, entre 1945/46 et1975/76- le mauvais coté de cette gloire économique. Ce sont les jeunes des banlieues de première et de deuxième génération, qui eux sont français, contrairement à leurs parents, revendiquaient d'être visibles dans cette France soudainement obligé de compter ses sous. C'était un signal fort que les autorités françaises peinent encore à déchiffrer pour lui trouver une réponse adéquate. Dans les signes du langage en communication, le geste immédiatement perceptible renseigne sur un fait, qui lui n'est pas distinctement apparent, et c'est ce qui déclenche une réaction en direction du phénomène principal, ici le racisme dans les stades, que dévoila et rendit perceptible, Alvès en ramassant et en mangeant la banane jetée par un spectateur, comme phénomène secondaire, mais qui renvoie au problème central. Maintenant si le geste avait été réfléchi et préparé, par les deux joueurs brésiliens du FC Barcelone, Neymar et Alvès, pour répondre aux jets de bananes sur les terrains de jeu, comme il est supposé par quelques titres de presse brésiliens et portugais. Ceci n'enlève rien à ce choix intelligent de répondre à cette forme de racisme, qui est dans son ensemble, un absurde comportement. Les deux sportifs avaient depuis la production de l'évènement, lancé le mouvement : ''somos todos macacos'', nous sommes toutes des singes, qui semble-t-il prend de l'ampleur. Ainsi donc, si cet évènement a pu ébrécher un tant soit peu le socle de la stupidité, c'est toujours cela de gagner sur la déraison des hommes. Car il n'y a pas que le domaine sportif qui en soit gangréné. Les hommes et les femmes politiques en Europe sont pareillement sujets à des actes racistes. La ministre de la justice, garde des sceaux de France, Christine Taubira, fut lors d'une visite à Angers, prise à partie, par des gosses embrigadés et conditionnés par leurs parents racistes. Au passage de la ministre, des enfants fortement montés brandissaient des peaux de bananes et scandaient :''la guenon mange la banane''. Comme ce fut le cas également de la ministre italienne de l'intégration, d'origine congolaise, Cécile Kyenge, de subir la rage raciste d'hommes politiques, de la Ligue du Nord, puisque un sénateur de cette formation politique d'extrême droite ; fit cette proclamation :'' Cécile kyenge fait bien d'être ministre, mais peut-être devrait-elle le faire dans son pays. Je me console quand je surfe sur internet et que je vois les photos du gouvernement. J'aime les animaux, mais quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un''. Un mois après, bis repetita, un conseiller municipal du même parti déclarait :'' il faudrait violer la ministre afin qu'elle comprenne ce que ressentent les victimes de crimes commis par les immigrants''. Ainsi et puisque la bêtise humaine n'est d'aucun bord, d'aucune race, d'aucune couleur et d'aucune philosophie ou d'idéologie. Ceci rend sa défaite et son échec, un combat quotidien pour tous. Au besoin à l'aide d'une banane. |
|