![]() ![]() ![]() ![]() Un nouveau gouvernement Sellal a été annoncé. Sans consistance politique
ni économique, sans aspérités. Un gouvernement d'attente.
Le nouveau gouvernement de M. Abdelmalek Sellal n'a pas suscité beaucoup de critiques. Il a été accueilli dans l'indifférence. A part les cercles directement concernés par les postes et leurs retombées, le reste de l'Algérie a tourné le dos à la formation du nouveau gouvernement, navigant entre humour, sarcasmes et ignorance de l'évènement. C'est, évidemment, un signe révélateur du fossé, énorme, qui sépare désormais la société algérienne de ceux qui incarnent le pouvoir. Mais il était difficile d'attendre autre chose. Le pouvoir ne pouvait former un gouvernement d'une autre nature, et la société ne pouvait avoir d'autre réaction. Pour que le gouvernement suscite de l'enthousiasme, ou qu'il fasse l'objet de critiques, fondées ou non, il aurait fallu que la nouvelle équipe ait un projet, une idéologie, même controversée ; il aurait fallu aussi que l'opinion soit prête à se mobiliser, à se battre, pour ou contre le gouvernement. Il aurait fallu que le gouvernement ait une âme, et que la société ait de l'énergie. Ce n'est plus le cas. L'élection présidentielle a montré que le pouvoir est capable de monter des scénarios invraisemblables, de les faire avaliser par les états-majors politiques, pour les faire endosser aux appareils et de les imposer à la société. Faut-il rappeler que l'Algérie a élu un président qui ne peut ni se mouvoir, ni se déplacer, ni faire des discours, ni tenir de longues réunions, encore moins voyager et participer aux forums internationaux ? Face à ce fait accompli, la société s'est repliée sur elle-même, résignée. Elle n'est pas sortie dans la rue, mais elle n'a pas voté. Elle a boudé, à défaut de pouvoir se révolter. Entrainé par sa propre logique, le pouvoir a franchi une nouvelle limite. A un point tel que mêmes certains de ses amis n'osent plus se montrer en sa compagnie. Comme si la cohabitation était devenue honteuse. Et si le refus du FFS d'entrer au gouvernement répond à une certaine logique politique, les autres partis qui ont été sollicités, et qui ont décliné l'offre, ont montré que même dans leurs compromissions, ils n'étaient pas prêts à tout faire ; que certaines frontières sont devenues trop gênantes à franchir. Au sein du pouvoir aussi, le temps a fait son œuvre. L'usure est visible. Il ne trouve plus de personnalité ayant une quelconque aspérité pour en faire un ministre. Cela débouche sur le règne des walis et des fonctionnaires. Pas d'idéologie, pas de politique, pas de doctrine, pas de projet. Des spécialistes de la gestion de la rente, de la distribution des privilèges, des amateurs de subvention. Avec tout ce qui va avec, comme corruption, gaspillages, destruction de normes et de valeurs, au nom du service de l'Etat qui tourne le plus souvent à de la servilité. A part la déclaration de M. Amara Benyounès affirmant que le cerveau de M. Bouteflika fonctionne mieux que celui des Algériens, il est difficile de retrouver une déclaration, une réflexion ou une action remarquée faite par un membre du gouvernement Sellal. Ah si. Il y a " fakakir " et " hacha rezk rabbi ", mais les rappeler n'est pas forcément à l'avantage du gouvernement. Avec si peu de consistance, le gouvernement n'a visiblement pas l'envergure nécessaire pour s'attaquer aux grands problèmes du pays. Il va, au mieux, subir les évènements, en essayant de les contenir, et d'éviter qu'ils ne le débordent. La plupart des ministres se contenteront de rentrer dans l'habit du ministre traditionnel, pour donner un cachet officiel à la gestion administrative déjà à l'œuvre. Ils ne peuvent échapper à la logique imposée par le président Bouteflika. Et si celui-ci avait une vision autre de l'Etat, de l'administration et du fonctionnement des institutions, il l'aurait mise en œuvre depuis quinze ans. Aujourd'hui, il a une préoccupation centrale, gérer sa sortie. Le gouvernement s'installe forcément dans cette optique. Ce qui donne au gouvernement un nouveau rôle : il s'agit d'un gouvernement d'attente. Le pays était dans quelque chose, il attend quelque chose, mais personne ne sait ni quoi ni quand. On était dans l'ère Bouteflika, on s'apprête péniblement à en sortir. Quand, pour aller où ? Personne n'est en mesure de le dire. C'est peut-être ce qui explique cette impression que le gouvernement ne sert pas à grand-chose. On en forme un juste parce qu'il en faut un, pas plus. Même le secrétaire général du FLN, Amara Saadani, qui revendiquant naguère le premier ministère pour son parti, a fini par dire que le gouvernement n'intéresse pas le FLN. L'Algérie attend, donc. Elle attend, pendant que le monde avance. |
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