![]() ![]() ![]() L'opposition algérienne : après «l'Ippon», le clivage et l'idéologie
par Abdellatif Bousenane * ![]() L'opposition politique dans notre pays, a-t-elle, encore, la capacité de
rebondir après ses échecs consécutifs ? Peut-elle, d'abord, reconnaitre ses
vraies erreurs et maladresses afin qu'elle puisse les corrigées ?
A-t-elle l'audace et la sagesse de se regarder dans un miroir pour enfin voir réellement sa vraie taille et ses vrais défauts ? Enfin, a-t-elle vraiment la volonté de dépasser ses clivages et de constituer une force qui peut être une vraie alternative au pouvoir politique en place ? Depuis, le parti islamiste le FIS dessus, notre opposition est incapable d'attirer les foules et de susciter une véritable ferveur chez le peuple algérien. Le FIS a su profiter de la situation chaotique dont se trouvait le pays après 10 année du Chadlisme dans un contexte international très particulier (effondrement de l'URSS, début d'une globalisation mené par les USA qui écrasait tout obstacle ou résistance à son chemin avec une crise économique très grave à partir de 1986), pour discrédité totalement la légitimité du pouvoir en place incarné par le FLN. En plus il a eu recours à un discours religieux très simpliste et radical avec lequel a pu mobiliser une majorité de la population. Aujourd'hui la situation est complètement différente, sur le plan économique après 15 ans du Bouteflikisme, tous les indicateurs macro économique sont au vert. Sur le plan géopolitique, la situation est plus au moins en faveur de l'Algérie. Reste le plan politique interne, les bases militantes de l'ex-FIS sont complètement éparpillées. Les populations ont bien compris le danger qui peut provoquer ce le discours politique englobé dans des bonnes paroles religieuses. Les autres partis de l'opposition à savoir, les libéraux laïques, la gauche et les islamistes modérés, en plus de leur incapacité à mobiliser, ils sont très divisés. Une partie parmi eux a trouvée une ruse magique le «boycotte» pour dire après tout que les 49% des algériens qui n'ont pas voté adhèrent à leurs politiques ! Par conséquent, notre opposition se trouve dans une vraie crise et une impasse : mais le problème qu'elle ne veut même pas reconnaitre cette réalité. Elle continue toujours à utiliser des méthodes à l'ancienne. Je pense que la vraie faute des opposants c'est de ne pas admettre l'évolution de la perception de la politique chez les algériens. On est entièrement en rupture et en déphasage totale avec se qui se passe dans la société. En continuant à utiliser un discours pessimiste, alarmiste très négatif qui frôle l'insulte et la désespérance et qui est perçu par beaucoup de gens comme un discours qui divise et qui dresse une partie des algériens contre une autre. Cette opposition, n'inspire pas les 70 % de jeunes algérien, dont plus 1 million 300 milles étudiants. Ces jeunes gens, veulent entendre de l'espérance, des mots et des paroles qui leurs parlent de l'avenir, un discours positif. Ils cherchent, en fait, des solutions à leurs problèmes. Les algériens ont tellement souffert du déchirement et des guerres fratricides qu'ils désirent aujourd'hui des gens qui ont un discours fédérateur, conciliateur et fraternel et non pas le contraire. En tout cas, ce n'est pas ce qu'on entend dans la bouche des représentants de l'opposition. Avec la théorie du tout pourri et ces joutes verbales qui consistent à dire que tout va mal, on fait l'amalgame entre l'état algérien et les personnes qui représentent un parti politique de la majorité ou un gouvernement d'une majorité en place? etc. Par conséquent, si cette opposition veut vraiment gouverner et convaincre le peuple par ses bonnes intentions, elle doit d'abord changer de posture. Elle doit parler aux algériens avec beaucoup plus de retenue, de sagesse et de responsabilité. Notre pays à besoins d'une opposition très forte, responsable et mure pour justement, jouer son rôle de contrôle et de contre pouvoir tellement préconisé dans n'importe quel société humaine et pourquoi pas l'alternative. Si on prend l'exemple de la dernière élection du 17 avril, M.Benflis aurait pu incarner cette opposition responsable, mure et sage. Il aurait pu dire qu'il est venu dans l'objectif de réconcilier davantage tous les algériens, sans exclusion et y compris les Bouteflikistes. Et qu'il étai un homme de paix et d'amour. Donc, Benfils pourrait prétendre incarner l'homme d'état qui peut fédérer les Algériens. Cependant, il a fait totalement le contraire. De l'autre coté, le vieux fin politique, et malgré sa maladie, a vu son adversaire prendre une fausse posture dès le départ, il l'a induit ainsi en erreur par le silence au début, et puis il l'a accentuée par des déclarations au ministre espagnole et à El Akahdar el Ibrahimi en évoquant la violence d'un candidat et même le terrorisme à travers la télévision. Bref, c'est comme le bon judoka qui a vu son adversaire fait l'erreur d'attaquer avec une très mauvaise position, il le tire ainsi sur le tatami plusieurs mètres pour enfin l'achève d'un ippon seoi nage, la note ultime dans le judo. Mais cette mauvaise lecture de la société par l'opposition n'est pas le seul obstacle car il y en a deux autres contraintes majeures. La première c'est la petite guéguerre des chefs et «ZAIMES», qui prendra le leadership de cette opposition ? Donc, malgré les tentations de rapprochement ces derniers jours, la partie n'est pas encore gagnée, car il est très difficile de dépasser ce problème d'égo. Entre Abdallâh Djabellah, Menassera, Mokrri, Aboudjerra Soltani et la liste est longue, il est très compliquer de répondre à la question pourquoi ces personnalités qui viennent de la mouvance islamiste n'arrive pas à s'entendre et de former ainsi une seule formation politique ? Pareil pour les autres mouvements de gauches et les libéraux laïques. Puis la deuxième contrainte, c'est le problème de l'idéologie : la difficulté est encore plus grande dans la mesure où les orientations des uns et des autres sont très divergentes. Peut-on réunir un Saïd Sadi qui veut supprimer la loi où l'islam est considéré comme étant la religion de l'état dans la constitution algérienne avec Abdallâh Djabellah qui veut à son tour un état basé sur les percepts de l'islam dans ses lois, ses fondements et même ses mœurs. Ou concilier Louiza Hanoune qui croit toujours dans la lutte des classes avec un Ghozali qui dîne avec son ami John Kery à l'hôtel El Aurassi pour parler entre autre des bienfaits du libéralisme ! A partir de tout cela, si notre opposition ne conjugue pas tous ces éléments dans une perspective de complexité et mettre en question sa démarche faisant ainsi un mea culpa claire et net, je pense que le réveil du choque de l'ippon si douloureux sur le tatami du 17 Avril sera extrêmement tardive. * Docteur en sociologie politique |
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