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La quête du sens !

par Yazid Haddar

Perdu. Une personne perdue ne sait plus sur quel pied danser, elle se réfugie dans les songes et pas dans les idéaux ! Une nuance est de taille, car le rêveur ou le songeur n'a pas la foi de la substance ou du sujet rêvé.

Il s'évade, consciemment ou inconsciemment, dans ses désirs, cependant, ces deniers pourraient se réaliser si les conditions lui permettent de les vivre. Ce n'est pas le cas de l'idéaliste, qui nourrit son idéal par des idées de promesses et d'espoirs et ayant la foi de ses idées ou celle des autres, il pourrait en mourir pour les faire (ou les) vivre. Les deux se convergent vers une quête du sens à leur vie, qui est de plus en plus désorientée ! Ils cherchent la lumière.

Qu'est-ce que les Lumières ? Kant a répondu à cette question en écrivant en 1784 dans un petit ouvrage, vers la paix perpétuelle : « Les Lumière, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité à se servir de son entendement (penser par soi-même) sans la conduite d'un autre. Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumière ». Il poursuit : « Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un si grand nombre d'hommes (?) restent cependant volontiers toute leur vie dans l'état de tutelle ; et qui font qu'il si facile à d'autres de se poser comme leur tuteurs ». Pour Kant, pour en rester qu'à lui, la première maxime du sens commun (de l'entendement), « penser par soi-même » émancipé de l'hétéronomie (des croyances historiques, des préjugés, de guide de tout genre) et permet à la pensée de se conquérir en propre. Ainsi, la pensée libre, la pensée libérée, la pensée « libre-penseur » est la pensée autonome, celle qui ne s'autorise que de son tribunal (de son entendement propre), celle qui se donne à elle-même ses propres lois et ne reconnaît comme légitimes que les lois (naturelles et morales) que donne sa raison ». En 1788, dans la Critique de la raison pure, Kant a écrit : « Penser ce n'est pas produire des représentations et s'assurer de leur réalité objective, de leur conformité au réel. Ce n'est pas ramener sous des règles toutes les représentations des choses (les objets de pensée) et les rassembler dans l'entendement. Penser, ce n'est pas une activité d'entendement, mais de la raison, ce n'est pas une activité théorique, mais pratique, C'est un exercice de Liberté ». Donc, la pensée est une pratique, un exercice, une certaine « manière de penser », un certain usage de soi qui se nomme risque, essai (expérience) et tentative.

Cette liberté qu'on devrait s'en jouir est prisonnière de plusieurs facteurs : culturel, social, politique, etc. Comment réfléchir soi-même quand on ne dispose pas de la liberté de s'exprimer, d'agir, d'entreprendre, d'expérimenter ? Comment donner sens à sa vie, si les droits d'individu n'existent qu'en communauté ? Comment construire un projet commun si l'individu est sous la tutelle d'une minorité, qui pense à sa place et le fait bercer avec des discours, qui n'ont aucun enracinement dans la réalité quotidienne ? Comment construire une république, si les fondements ne sont pas encore mise en place et les institutions ne sont pas actives, et qui n'arrivent pas à sortir de la tutelle ? Ces institutions peuvent-elles dépasser le seuil de façade républicaine à la production du changement et d'adaptation aux évolutions de la société ?

Notre Homme perdu, comme d'habitude, il sirote son café tout au long de la journée, assez sur une chaise toute au bord du café de quartier, qui allonge la grande rue de la ville?il contempler le mouvement de la foule, qui l'entoure, sans donner un sens à ce qu'il vient de voir ! Dilemme de la journée, que manger, qui va râler, comment rentrer à la maison, avec quel argent payer ses courses ! Et puis, il s'interroge : « pourquoi dois-je donner un sens à ma vie, au moment que les tuteurs lui ont déjà donné un sens, c'est-à-dire : un non sens ! »