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Les malades mentaux... et les braves guerriers

par Deghrar Djillali

Tout le monde peut basculer un jour par-dessus la barrière mais aurions-nous la chance et la possibilité de rencontrer ces fameux braves guerriers ?

Pendant une journée de carême, durant le mois d'Août, de surcroît très chaude, rajouté à cela les affres de l'humidité constituée par les trois barrages environnants. Je roulais dans ma voiture, et j'étais en train de faire des courses, lorsque j'ai croisé notre chère bien aimé facteur bien qu'il soit maigre il semblait avoir beaucoup de difficulté pour hisser sa sacoche et terminer sa journée, je l'ai salué et me suis arrêté juste à son niveau pour lui demander: " Où est ce que tu vas comme ça ? " il m'a répondu : " juste à quelques encablures " le carême, la chaleur et la marche ont fini pour le désorienter, alors, je lui ai fait signe de monter et j'ai enchaîné en lui demandant de ses nouvelles, il ne m'avait rien dit, il a tout simplement et silencieusement ouvert son grand sac, il avait sorti deux C.D, il me les remis et il a enchaîné en me disant : espérons que la réponse à ta question se trouve sur ces deux C.D !

D'habitude, notre cher facteur n'était pas énigmatique ni même peu bavard, au contraire il était très sympathique et très populaire, j'ai respecté son mutisme qui était dû à cause du carême ou bien tout simplement dû à la fatigue. Une fois rentré chez moi, et après avoir effectué un brin de toilette et accompli un bref repos, je me suis rappelé notre ami le facteur, alors j'ai retiré les deux CD et je les ai visionné, ce que j'avais vu m'avait totalement ébranlé et j'étais resté très ému, alors j'ai fais venir ma petite famille et j'ai réinjecté le CD, ma petite famille étonnée, je leur avait fait signe de suivre et voir le contenu de la cassette.

Le gars qui filmait la scène était dans une voiture et devant lui, il y'avait un bus de couleur orange qui appartenait, à la Mairie de notre ville, et qui était destiné pour faire le transport des écoliers (les fameux bus de solidarité). Il y'avait des personnes à l'intérieur de ce bus, mais, on n'arrivait pas à bien les voir, le bus se dirigeait vers la sortie Nord Est de la ville et à partir de ce moment précis que je commençais à mieux distinguer et à reconnaître facilement les contours et le relief de la région.

Une fois arrivé devant le pont de B'da (petite localité) du chef lieu de notre ville, je voyais le bus longeait doucement le coté gauche de la berge de l'oued ensuite il s'est arrêté devant une crique, j'ai vu sortir notre aimable facteur avec 3 ou 4 coiffeurs et quelques personnes volontaires que j'avais aussitôt reconnus, et le reste une dizaine de personnes que j'avais du mal à les reconnaître à cause de leur silhouette, de leur barbe, de leur cheveux trop long et qui portaient des vêtements en haillon, ensuite tout s'était éclaircie devant moi car c'était les malades mentaux de notre chère ville qui furent ramassés et ramenés à cet endroit pour laver leurs corps, leur faire des coupe de cheveux et leur raser leurs barbes. Un fois tout le monde à terre, le facteur et ses collègues se sont mis aussitôt au travail, si comme leurs gestes, étaient familiers et routiniers, ils se sont constitués en petits groupes de quatre pour un seul malade mental, et la scène commençait à se dessiner et laisser entrevoir clairement la suite des événements.

Ma famille et moi, étions perplexe et en même temps admiratif devant cette vue et les images qui déferlaient devant nous, certains malades n'avaient pas fait leurs toilettes depuis peut être plus de vingt ans, ce tableau nous a vraiment sidérés, étonnés et même émus et nous étions très heureux à l'idée de savoir et comprendre qu'ils existent des personnes quelque part comme cela dans notre pays. Ces braves personnes volontaires étaient très simples, jeunes et humbles mais dotés d'une générosité grandiose voire incomparable et de surcroît durant le mois sacré du ramadhan

Une fois, ces malades lavés, parfumé avec un déodorant pour homme, et habillés avec des habits (dont des personnes charitables ou bien achetés par les volontaires dans les friperies) ils étaient différents de ce qu'ils étaient il y'a quelques instants auparavant, ils sont devenus beaux, et, on dirait qu'ils n'étaient pas malades, ils étaient silencieux pas bavards peut être ceci est dû à cause de ce qu'ils leurs arrivent ?

Pendant la baignade, ces malades ricanaient, ils gesticulaient et certains d'entre eux disaient que l'eau de l'oued était un peu froide, les autres ont cru qu'ils étaient à Hammam Righa et le reste ne cessait de jouer avec l'eau, parmi ces malades, les plus connus sont Ami Ali cha et Miliani celui qui du matin au soir s'adonnait avec cœur et ongles pour le nettoyage de notre ville des détritus et autres. Mais à l'idée de les voir si bien " bichonnés " grâce à des personnes volontaires on se poserait la question suivante : que les personnes bienfaiteurs existent toujours, il ne suffit pas d'être riche pour faire du bien, il existe bien des méthodes simples mais très significatives. Nos amis malades, bien qu'ils soient mentaux ou autres, ils ont eux aussi le droit de jouer, de rire, de décompresser, ils doivent aussi rêver comme nous et déguster les joies et délices de cette vie.

N'est ce pas là un défi ? un appel à notre conscience pour les réveiller, il n'y a pas longtemps où nous étions presque tous sinon la majorité comme ces valeureux braves guerriers, qu'est ce qui a pu nous rendre si froid envers l'un ou l'autre, Tout le monde peut basculer un jour pardessus la barrière mais aurions-nous la chance et la possibilité de rencontrer ces fameux braves guerriers ?

Après avoir revu, notre ami le facteur durant la soirée comme c'était convenu, je lui ai fait part de mes véritables appréhensions et je l'ai félicité ainsi que ses amis et je lui ai dis : quel est ton véritable message ? il m'avait répondu : qu'il possède un programme d'aide et d'assistance non seulement envers les malades mentaux mais aussi envers les nécessiteux et surtouts envers des personnes possédants des séquelles provenant de situations diverses.

Donc, aidons ces pauvres personnes, ouvrons leur nos cœurs, n'est ce pas là un élan de solidarité qui peut nous ramener tout ce qu'on avait perdu il y'a de cela quelques années.

Notre aide bien qu'elle soit minime, peut, en tous les cas, rendre joyeux et donner d'amour à beaucoup de personnes qui se trouvent en difficultés.

Dès fois, Il suffit d'un rien pour créer de la joie autour de soi !