Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Prévention et gestion des risques majeurs: Un premier Plan multi-risques à Chlef

par Ghania Oukazi

Sur les quatorze risques majeurs recensés par l'Organisation des Nations Unies, l'Algérie en subit dix dont trois viennent de bénéficier, pour la première fois, d'un plan pour leur prévention et leur gestion.

Premier du genre en Algérie au niveau communal, le Plan de Prévention Multirisques (PPMR) a été présenté jeudi dernier au siège de la wilaya de Chlef, en présence entre autres de représentants du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire (MICLAT), la Représentante erésidente du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Algérie, des représentants de la Délégation de l'Union européenne en Algérie, de la Direction générale de la Protection civile, du Wali de Chlef et de représentants des 8 communes pilotes du CapDeL, de leurs chefs de daïras et leurs P/APC. Ouled Ben Abdelkader, au sud la wilaya de Chlef, a été choisie comme commune pilote, du fait que la région cumule, pas moins des trois risques sur les dix qui concernent l'Algérie. (Voir l'article paru dans l'édition du mercredi dernier). La représentante résidente du Pnud en Algérie a noté dans ce sens que «le territoire algérien, au regard de son immensité et de la variété de ses reliefs, est exposé à de nombreux et divers risques de catastrophes naturelles et anthropiques. Sur les quatorze risques majeurs identifiés par les Nations Unies, l'Algérie est concernée par au moins, une dizaine d'entre eux». Selon le constat partagé lors de la Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, qui s'est tenue à Sendai, au Japon en Mars 2015, a noté Blerta Aliko, «les catastrophes (sont) souvent exacerbées par les changements climatiques (...)». Financé par le gouvernement algérien, l'UE et le Pnud, le PPMR a été élaboré grâce à la mobilisation d'une expertise internationale» (italienne et canadienne)».

Il est question de «l'articuler au Plan Communal de Développement (PCD) «de nouvelle génération» qui vient d'être adopté par les élus de l'Assemblée Populaire Communale de Ouled Ben Abdelkader».

Une expérience algérienne «novatrice»

Tout en suggérant aux pouvoirs publics d'«inscrire les recommandations internationales dans les codes communal et de wilaya», la représentante du Pnud estime que «le PPMR est un outil moderne de prévention, de gestion et de réduction des risques de catastrophes et de l'atténuation de leurs effets (...)» et espère «qu'il servira de cadre de référence pour l'élaboration de politiques et de stratégies publiques en la matière». Le PNUD fera en sorte, promet- elle, que «cette expérience algérienne novatrice soit partagée à l'échelle régionale et internationale afin qu'elle serve de modèle de gouvernance des risques majeurs pour d'autres pays».

Le directeur national de Capdel au niveau du MICLAT, Mohamed Dahmani, est remonté à l'étape du lancement de ce programme qui repose sur «une approche pilote de gouvernance locale concertée, inclusive et transparente qui exige en premier, un changement d'attitude donc de paradigmes» au titre de laquelle ont été formés «45 formateurs, 450 acteurs dont 128 femmes». Approche qui a abouti selon le P/APC de Ouled Ben Abdelaker, à «la mise en place sur la base de la Charte pour la participation citoyenne, d'un comité consultatif élu (...)». Des actions que le directeur des Collectivités locales au MICLA relie «au processus de décentralisation pour renforcer le rôle des acteurs locaux, économiques, société civile (...)». Youcef Romane a annoncé qu'« au titre des nouveaux PCD rénovés ou de nouvelle génération, une quarantaine de projets ont commencé à être mis en œuvre dans différents secteurs».

Pour «capitaliser les expériences et les résultats du programme CapDel qui prend fin dans quelques mois, une rencontre est prévue prochainement pour l'élaboration de stratégies de sortie dans le cadre d'une coopération tripartite MICLA, UE, Pnud sous l'autorité du MAECNE», fait savoir Roumane.

«Il faut être réaliste»

Pour sa part, Dahmani a indiqué que «dans deux ou trois mois, une campagne de sensibilisation contre les risques d'inondations et de tremblements de terre sera lancée à travers le territoire national en collaboration avec le Pnud». L'assistance à Chlef a eu la primeur de visionner à cet effet deux vidéos qui rappellent de bien tristes évènements en premier le séisme qui a secoué en 1980 la ville d'El Asnam. Premiers conseils dans les vidéos «Tabaa etaalimat toukhredj salamet (Suis les instructions, tu en sortiras indemne)».

Le wali de Chlef estime cependant qu'«il faut être réaliste» à propos du PPMR après s'être interrogé «pourquoi le choix de la commune de Ouled Ben Abdelkader, n'a-t-elle pas les moyens de mettre en place ce plan qui est très intéressant mais très théorique, il fallait commencer par des communes riches». Par ailleurs, Lakhdar Seddas pointe du doigt «les constructions illicites dont beaucoup sont dans les lits d'oued», pour affirmer qu'«avant toute chose, il est impératif de revoir la réglementation en vigueur, il faut qu'elle soit stricte, applicable à tous, sans aucune exclusion, répressive oui !». Le wali a insisté sur «la mise à niveau du cadre et des conditions de vie des citoyens et aussi des cadres des communes, ils en ont tellement besoin». Il faut, a-t-il dit «qu'on adapte les 7 réseaux (électrique, routier, télécoms, eau...), à la nouvelle orientation, tout autant que les secteurs de la Santé, l'Emploi, l'Education (...)». Il souligne «certes, tout ce qui exige la prévention est important mais il faut qu'on ait les moyens». Il rappelle l'existence des plans ?Orsec' qui, dit-il «doivent être enclenchés dès qu'il y a une calamité, mais réellement on cherche les moyens humains et matériels qu'il faut à 1h du matin ! Ces plans n'en ont pas ! Des matériels ont d'ailleurs été vendus récemment aux enchères»...