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Face aux séismes

par Abdou BENABBOU

L'alerte ne peut être que de taille. Le séisme ressenti dimanche à Oran et dans les wilayate limitrophes est à considérer comme un avertissement et un coup de semonce à l'adresse de la population, responsables politiques et administrés pour leur rappeler que l'Algérie repose ses deux pieds sur une zone géographique fortement sismique et que le danger est inscrit dans la permanence. Avec plus de 5 degrés d'intensité et des répliques ressenties, le tremblement de terre de dimanche passé n'est pas une pacotille, et si fort heureusement il n'a pas causé de grands dégâts, il réveille encore une fois les consciences pour que des parades essentielles soient mises en place car de grands drames ne sont pas à écarter.

De véritables villes champignons, réelles favelas en la circonstance, les demeures les unes sur les autres sont nées ici et là à la périphérie des grandes agglomérations et notamment à l'est d'Oran. Le constat amer préfigure une projection sur un immense tombeau ouvert en cas de puissant séisme.

L'Algérie n'en est pas à sa première confrontation avec la colère de la nature. Les événements catastrophiques vécus par Chlef, Témouchent, Boumerdès sont toujours dans les esprits et les plaies de différentes natures laissées au sein de leurs populations ne sont pas encore toutes cicatrisées. Des plans orsec sont naturellement mis à portée de main, mais les mesures arrêtées en la matière n'ont qu'une finalité secouriste et n'épargneront pas un cataclysme éventuel pour la population. Les plans de secours planifiés et prévus n'ont qu'une portée limitée, car il doit être d'abord essentiellement question de mesures préventives pour faire face aux tremblements de terre inscrits en Algérie pour l'éternité.

Le fardeau est large, lourd et compliqué. Il renvoie à une politique d'urbanisme intelligente et conforme aux défis de la nature. Le parc immobilier en déconfiture vieux de plus d'un siècle, les nouveaux bâtis à l'emporte-pièce imposés par l'exode rural et la pression démographique, l'absence totale d'une culture de maintenance et d'entretien n'offrent pas des perspectives de bon augure pour se prémunir de nouveaux drames éventuels. Les plans orsec aussi parfaits qu'ils soient dans leur préparation ne seront qu'un palliatif de sauvetage censé limiter les dégâts humains.