Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Arbitrage - IFAB: Le hors-jeu toujours en débats

par Adjal Lahouari

On en a encore en mémoire la polémique déclenchée par l'arbitre anglais Anthony Taylor, qui a validé le but de M'bappé contre l'Espagne, bien que ce dernier ait été en nette position de hors-jeu, confirmé par le VAR.

Aux contestations des Espagnols, le referee a rétorqué que l'intervention du défenseur espagnol Garcia, en touchant le ballon, a remis en situation légale le buteur du Paris SG. La loi stipule « qu'un joueur qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire n'est pas considéré tirant un avantage de sa position, sauf en cas de « sauvetage » délibéré par un adversaire. Effectuer un « sauvetage » consiste à intercepter le ballon qui se dirige vers le but avec n'importe qu'elle partie du corps, à l'exception des mains et des bras ». En revoyant l'action, il semble que Garcia est dans ce cas de figure. L'arbitre a considéré que le défenseur du Barça n'était pas dans une situation de « sauvetage », en précisant que M'bappé ne gênait pas Garcia dans cette action. Le referee anglais s'est appuyé sur ce point du règlement adopté par l'IFAB pour accorder le but.

Quelles solutions ?

Du côté espagnol, ce fut bien évidemment une levée de boucliers criant à l'injustice. Les médias ont estimé que l'action de Garcia à propos du « sauvetage » délibéré devait être prise en compte par l'arbitre. La polémique a enflé, un journal madrilène titrant même dans sa Une : « Ils sont en train de bousiller le football », accusant certains directeurs de jeu et l'IFAB d'avoir introduit cette précision. Par ailleurs, les Espagnols ont reproché à l'arbitre d'avoir ignoré une « main » du défenseur français Koundé dans la surface à la 30e minute. Questionné à propos de cette affaire, l'ancien arbitre international Roberto Rosetti, responsable de l'arbitrage au sein de l'UEFA, a affirmé : « Ce cas nous montre que l'interprétation actuelle de la loi semble être en conflit avec l'esprit de la loi elle-même, qui est d'empêcher tout joueur de tirer avantage de sa position de hors-jeu. L'avis de l'UEFA est qu'il est possible d'améliorer la formulation pour la rendre conforme à l'objectif de la loi XI et à l'esprit du jeu », a indiqué Rosetti. D'ailleurs, alerté par cette polémique, l'expert italien a précisé avoir pris contact avec la FIFA et avec l'IFAB pour proposer des solutions lors de la prochaine réunion du groupe consultatif technique de l'IFAB qui se tiendra le mercredi prochain. Si l'objectif de l'IFAB est de contribuer à favoriser l'offensive du jeu, à notre humble avis, elle devrait revoir le barème des sanctions concernant les fautes grossières, comme les coups de coude au visage, le ceinturage des maillots de l'adversaire. Un simple carton jaune ne dissuade pas les fautifs qui continuent à commettre les infractions pour entraver les actions de l'adversaire, étant convaincus qu'ils commettent des fautes utiles à leurs équipes, et que la sanction, un carton jaune, est préférable à un but encaissé. Ils savent aussi que des arbitres s'abstiennent de brandir le carton jaune. Il y a quelques années, des instructions ont été données aux arbitres assistants de ne pas lever leur drapeau au départ du hors-jeu. Or, la plupart d'entre eux font de l'excès de zèle en courant vers le poteau de corner, ce qui met dans l'embarras l'arbitre central. Parfois, l'action se poursuit et, après les contestations de l'équipe adverse, c'est l'arrêt du match et le recours au VAR. Force est de reconnaître que l'ancienne prescription était bien meilleure puisqu'il est conseillé que « pour éviter toute contestation, l'arbitre doit sanctionner le hors-jeu le plus rapidement possible ». Il faut rappeler que l'ancien président de l'UEFA, Michel Platini, a combattu de toutes ses forces l'introduction de la VAR, estimant que l'arbitrage doit rester une activité humaine et non celle d'un robot.

La loi XI, difficile ou incomplète ?

Actuellement, les arbitres sont dans une sorte de confusion alors qu'ils doivent prendre une décision immédiatement, ce que l'arbitre anglais a fait. Il s'agit donc d'une question d'interprétation. Faut-il appliquer la règle dans toute sa rigueur ou tenir compte de l'esprit de la loi XI ? Il faudra sans doute attendre une nouvelle application électronique comme celle du but marqué ou non, le « bip » du bracelet de l'arbitre central étant un indicateur infaillible. Depuis, les contestations des joueurs ont cessé à propos de ces situations, clairement décrites dans la loi IX (ballon en jeu et hors du jeu) et la loi X (but marqué). Ce qui a de positif dans cette affaire, c'est qu'elle a suscité des réactions officielles et va obliger les législateurs de l'IFAB à spécifier plus clairement de nouvelles prescriptions pour que les imbroglios ne se répètent pas. De tout temps, la loi XI est considérée comme la plus difficile à appliquer, à tel point que l'auteur d'un manuel d'arbitrage a écrit à propos du hors-jeu : « C'est une image fuyante. Ballon joué, partenaire jugé. Pas facile cet instantané de photo » !