Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Communication et impérialisme

par Kamel Garoui*

«Il vous appartient à vous, acteurs de la Révolution algérienne, de vous impliquer directement dans l'écriture de l'histoire. Si vous ne le faites pas, d'autres le feront à votre place. Alors ne vous plaignez pas s'ils la détournent et la déforment.» Mao Tse Toung à Djamila Bouhired.

Ces jours-ci je relis, avec beaucoup de plaisir comme toujours, «Culture et impérialisme» d'Edouard Saïd. Le grand texte du professeur palestinien de littérature comparée à la Columbia university m'a inspiré et le présent article et son titre - En fait il s'agit d'un article que j'ai publié en 2013 dans El-Djazair.Com que je remets au gout du jour. Edward Saïd a décrit le monde câblé dans lequel nous vivons comme en mesure de porter l'impérialisme là où aucune armée ne pourrait le porter. Il soutient, dans ce cadre, que les Occidentaux, qui ont quitté physiquement leurs colonies d'Afrique et d'Asie, font tout pour les garder comme marchés et comme sites stratégiques sur leur carte idéologique pour continuer à les dominer moralement et intellectuellement.

Les principales sources d'information, à la fois pour la consommation publique et officielle, comprennent les médias grand public, les médias alternatifs, les universités, et les groupes et centres de réflexion. Mais alors que les médias en ligne se développent pour remplacer les formes traditionnelles par lesquelles le public forme sa compréhension du monde, beaucoup commencent maintenant à constater de première main la pertinence des propos de Saïd, soutenant que le contrôle de la pensée moderne dépend de la communication subliminale, ou les messages qui influencent nos perceptions sont diffusés de manière invisible, inaperçue, avec une compréhension ou plutôt une sensibilisation minimale à ce qui se passe et pourquoi. A cet effet, Internet est devenu le moyen ultime de contrôle social parce qu'il est volontaire, addictif, et enveloppé de l'illusion personnelle de la modernité et de la liberté.

Arrêtons-nous un instant sur des exemples concrets. Convenons d'abord que toutes les guerres de l'histoire ont étés déclenchées suite au préalable à des actes de désinformation délibérés. C'est ainsi que durant la période qui a précédé la guerre d'agression contre l'Irak (2 août 1990 au 28 février 1991) les médias américains ont tristement pris la tête en encadrant le débat sur les prétendus armes de destruction massive du gouvernement irakien non pas comme une question de savoir si elles existaient ou non, mais comme une question de savoir où elles été cachés et que faire pour les détruire.

Chez nous beaucoup de gens semblent perdre le sens de ce qui est bien et de ce qui est mal, et de ce que cela signifie que de se comporter avec respect et dignité envers les autres. Nous voyons la malice, l'apathie et la brutalité monter à des niveaux très dangereux, surtout parmi nos jeunes. Loin d'être des acteurs impartiaux de ces développements, le Net et les chaines TV satellitaires étrangères ont, en fait, joué un rôle central pour accroître ces tensions et préparer le public à s'attendre au pire. Beaucoup de nos jeunes ne semblent pas pouvoir briser leur transe, briser leur programmation, et ils croient sincèrement à tout ce que les médias modernes leur dictent sans aucune analyse critique. Pire, ils agissent en conséquence. Bien sûr ces médias, redevables à l'agenda du « New colonialisme », semblent préoccupés non seulement par des considérations d'ordre géoéconomiques, mais aussi et surtout par quelque chose qui affecte la fabrique ou le façonnage même de notre société elle-même. Ainsi l'assertion selon lequel le journalisme cherche simplement à informer sur le monde - non à le changer - s'avère une grandiose supercherie ou plutôt un mythe démystifié par le mythologue lui-même.

Pour lutter contre cette violence par le Net tout un arsenal répressif a été mis en place dans notre pays, notamment la loi n° 20-05 du 28 avril 2020. Aussi un décret régissant l'exercice de la presse électronique a été adopté récemment par notre Gouvernement. C'est pour cela, pour reprendre une formule de M. Benmehidi, que « La réaction des amateurs du désordre ne s'est pas fait attendre. Dès l'annonce de l'adoption par le gouvernement d'un décret régissant désormais l'exercice de la presse électronique en Algérie, des « ensembles flous » tirant profit, des années durant, de la clandestinité procurée par un vide juridique, ont scandé leur mécontentement. » Mais attention en dépit de sa nécessité la loi est, à elle seule, inefficace pour juguler ce phénomène. En dépit de leur nécessité les lois et règlements prouvent chaque jour leur limite, et compter naïvement sur ces seuls mécanismes pour protéger les Etats-nations contre les nouvelles formes d'agression dans le Cyberspace c'est exactement la même chose que de dire que ces Etats n'ont pas besoin d'entretenir des Armées du moment que les lois et conventions internationales les protègent !

Nous vivons dans un monde globalisé

Dans le monde globalisé d'aujourd'hui où le niveau d'échanges immatériels n'a jamais été égalé et où les informations circulent à la vitesse de la lumière, un combat global au niveau des idées entre les nations s'est imperceptiblement installé. Ainsi, Il est clair que la capacité de nos instances gouvernementales à communiquer de manière crédible avec les différentes opinions, locales et étrangères, est indispensable à la réalisation des objectifs et projets nationaux. La maîtrise des techniques de communication, dont il est question ici, par les autorités publiques porte sur la perception par l'opinion des informations communiquées et son utilisation pour modifier le contexte de l'action.

La principale idée qui ressort ici est que nos responsables ne peuvent pas convenablement diriger sans bien communiquer. En temps de crise ou tension, et même en période normale, l'absence - ou la mauvaise - de communication crée un vide que d'autres acteurs étrangers s'empressent de combler pour diffuser leurs propres interprétations, qui de toute évidence servir leurs intérêts propres. La généralisation d'emploi des technologies de l'information et de la communication (TIC) a, d'une part accentué la situation précédemment mentionnée, et d'autre part donné plus d'impacts à l'interprétation au détriment des faits réels. L'effet de communication devient lui-même une source importante d'action. On peut relever que la réalité, quand bien même elle nous est acquise ou favorable, n'est souvent pas ce qui compte le plus au point de vue opérationnel ou pratique. Ce qui compte, c'est plutôt la perception que se font les différents publics de cette réalité.

De manière générale, en tant qu'institution ou organisation, la qualité de nos relations avec les différents publics, domestiques et étrangers, dépend de la qualité de notre manière de communiquer par le biais des médias. Au vingt et unième siècle le public s'informe 7j/7j-24h/24h à partir d'une très large gamme de sources, nationales et étrangères. Dans cet environnement hyper chargé d'informations savoir communiquer est devenu plus que fondamental pour les gouvernements - tirer avantage des moyens de communication aux fins de capter l'attention des publics, de les sensibiliser et même de les orienter.

Parmi les grands objectifs en rapport avec la communication stratégique on peut citer : Accroître la légitimité et la crédibilité des stratégies, politiques ou actions nationales ; amoindrir la légitimité et la crédibilité des stratégies, politiques ou actions des adversaires et compétiteurs ; convaincre des audiences sélectionnées de prendre des actions spécifiques en appui à des objectifs nationaux ; amener des adversaires et des compétiteurs à prendre des actions spécifiques ; fortifier nos alliances avec les partenaires, etc.

La guerre des idées a toujours existé

Soyons clair, la guerre des idées ou guerre cognitive existe depuis la nuit des temps, ce qui est par contre nouveau ce sont les moyens qui y sont utilisés, i.e. l'emploi massif des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ces moyens ont donné une impulsion défiant toute réalité à la communication de masse.

L'Algérie est, malgré elle, engagée aujourd'hui dans la grande guerre des idées, opposant dans un jeu complexe et multiforme l'ensemble des acteurs ayant un poids dans les relations internationales. En effet, des opérations cognitives ont constamment ciblé notre nation en raison de son identité politique, ses valeurs et ses potentialités économiques - on entend par « opération de communication, un processus incluant le développement, l'implémentation et l'évaluation d'actions et de messages publiques en vue de l'appui à des politiques, intérêts, et objectifs de long terme. »

Je voudrais ici revenir sur l'agression de janvier 2013 de l'Impérialisme occidental par l'entremise du Terrorisme internationale contre notre pays à In Amenas. Il faut noter que l'intervention éclaire des unités de l'ANP - caractérisée par une appréciation juste du contexte géopolitique, une minutieuse préparation ainsi qu'une audacieuse exécution - a été amplement suivie et commentée en temps réel à travers le monde. Jusqu'au jour d'aujourd'hui on continue à étudier ce cas d'école dans les grandes académies militaires à travers le monde. En plus de son caractère d'opération militaire classique menée avec brio, l'intervention elle-même a été conçue au préalable comme une « opération de communication » d'envergure servant surtout à dissuader toute tentative d'agression étrangère future contre notre pays.

Il est utile de rappeler, aussi, que c'est durant notre Glorieuse guerre de libération que la communication stratégique a été appréciée à sa juste valeur et utilisée par les dirigeants algériens comme un instrument vital de leur stratégie de combat contre l'occupant. A cette période critique de notre histoire nos responsables se sont convaincus de l'extrême utilité de la dimension psychologique de la guerre quant à l'issue de cette dernière.

Paradoxalement, au moment où les techniques et technologies de la communication de masse offrent d'énormes possibilités, les actions nationales en la matière ne sont pas à la hauteur des potentialités et possibilités de notre grand pays. L'identification conceptuelle et opérationnelle de la guerre cognitive à une mission réservée, avec une certaine connotation «d'activité noire» a aboutit à sa déconnection et à son isolement par rapport aux autres activités gouvernementales classiques. Le résultat est que la guerre cognitive n'est pas traitée comme une priorité en termes de personnel, de budget, de formation, d'équipement, d'organisation et de doctrine. Une autre raison qui fait que cette discipline est négligée par nos gouvernants est qu'ils croient à tort que les effets ou les gains des affrontements au niveau des idées et des concepts sont au mieux marginaux. Une planification et une conduite effectives d'opérations de communication par nos gouvernants sont obstruées aussi par les biais organisationnels au sein de la bureaucratie nationale elle même.

En conséquence, la détermination des causes profondes de résistance à un emploi efficient des instruments propres à la guerre cognitive au sein de nos institutions doit être considérée comme une priorité. Il existe comme une sorte d'inhibition culturelle à l'encontre de tout ce qui a trait au domaine des affrontements politiques et psychologiques. Un effort soutenu doit être déployé afin d'aboutir à une prise de conscience collective quant à la nécessaire participation avec intelligence à ce genre de conflits.

Il est utile de préciser que l'article traite la question de la communication essentiellement du point de vue de la polémologie. Traditionnellement la guerre politique désigne les opérations, couvertes ou ouvertes, conçues pour supporter les politiques, les projets ou les objectifs nationaux. Elle a lieu en temps de paix, de crise et de guerre. Elle constitue un savoir faire acquis et pratiqué par les Etats et les organisations. Aujourd'hui encore, la pénétration et la subversion politico-psychologique contre d'autres pays ainsi que contre des organisations et des mouvements internationaux demeurent une caractéristique majeure de l'environnement stratégique internationale. Les opérations politiques et psychologiques ne sont pas seulement dirigées contre les adversaires.

Non seulement les nations neutres, mais aussi les nations amies et alliées constituent des cibles très importantes. Elles peuvent êtres ouvertes ou couvertes, mais dans les deux cas elles doivent fournir au public ciblé des raisons plausibles et convaincantes pour l'amener à s'identifier à des objectifs prédéterminés.

La « guerre politique » est une catégorie générale d'activités englobant trois fonctions : « l'action politique », « la diplomatie coercitive » et « la guerre politique couverte ». En général, la première de ces fonctions est exécutée par le personnel diplomatique, la seconde par les personnels militaire et diplomatique, la troisième par le personnel des services secrets. L'action politique a trait à certaines activités incluant la diplomatie multilatérale, le support à des forces et parties politiques étrangers, et le support à ou le travail avec des associations internationales. La diplomatie coercitive fait référence à la diplomatie et présuppose l'emploi - ou la menace d'emploi - de la force armée pour l'achèvement d'objectifs politiques. La guerre politique couverte correspond aux opérations de soutien aux révoltes et insurrections, contre les alliances ennemies, d'influence, et de propagande noire.

Les «opérations psychologiques - PSYOP» sont les activités classiques d'actions psychologiques ouvertes ou couvertes réservées en principe aux militaires. Elles peuvent avoir lieu en temps de paix ou de guerre/conflit au niveau tactique, opérationnel ou stratégique. Les «PSYOP de consolidation» ou les «actions civiles - CA» servent à sécuriser la loyauté et la coopération des populations civiles dans les zones de combat. Les «affaires publiques - PA» sont des activités d'information et de formation des troupes en vue de les protéger contre les actions psychologiques ennemies.

La «communication internationale» concerne l'information ainsi que la formation et la culture au niveau international à travers notamment les chaînes TV, Internet et la presse imprimée ainsi que les programmes d'Etat à Etat, culturels et de formation. Elle concerne aussi les affaires humanitaires et l'aide internationale - l'aide économique et au développement, l'assistance humanitaire lors de désastres et de famines, l'assistance technique, etc. Une question reste controversée - celle de savoir dans quelle mesure les activités culturelles et de formations serviront-t-elles réellement les buts politiques assignés au niveau stratégique? Il en est de même de la question de l'autonomie des opérations d'information par rapport aux autres instruments de la stratégie nationale. Malgré que ces opérations aient principalement un aspect humanitaire, elles ont aussi un aspect politique et psychologique. Elles servent, sur le long terme, d'instruments à la diplomatie et à la stratégie.

L'aspect psychologico-politique est à la base de tout emploi des instruments politiques, économiques et militaires de la puissance nationale. L'issue des négociations politiques de toutes sortes dépendent pour beaucoup d'une profonde compréhension de la psychologie individuelle et de groupe de la partie adverse. De même, l'exercice du commandement militaire implique l'évaluation du niveau psychologique et de la vulnérabilité du commandement ennemi et de ses forces - la déception est au cœur de l'art militaire. La puissance militaire et économique donne du poids à la puissance politique, qui peut être exploitée de diverses manières pour faire avancer les objectifs nationaux.

La communication est à la base de toute action stratégique

La communication stratégique contribue à la fabrication d'une bonne image de notre pays auprès des opinions nationales et internationales, et ainsi à la capacité de persuasion et d'influence de nos gouvernants auprès de ces opinions. Mais attention la création d'une bonne image du pays n'est pas une fin en soi, elle doit servir à l'atteinte des objectifs culturels, diplomatiques, économiques, sociaux ou sécuritaires tracés par nos hauts responsables.

A tout acteur - un individu, une organisation, ou un pays - est associée malgré lui, pour le meilleur ou pour le pire, une image. Le meilleur est atteint quand l'acteur s'active à élaborer une bonne image de lui-même pour la projeter aux différents publics ciblés. Le pire est subi quand l'acteur laisse au gré du hasard et des circonstances la construction de son image, ou pis encore quand ce sont les compétiteurs et les adversaires qui l'élaborent pour lui. Exprimé autrement, on peut dire qu'il n'existe pas d'événements économiques, sociaux, politiques ou sécuritaires dont les effets sur la réalité soient indépendants de l'interprétation qui en est faite. En conséquence, donner du sens aux faits réels est indéniablement l'une des formes de la guerre moderne. En d'autres termes, le management des perceptions vis-à-vis des événements réels constitue une dimension fondamentale des nouveaux affrontements mondiaux.

La communication, elle-même, dépend de nos manières d'emploi des médias traditionnels (chaînes TV, stations radios, presse imprimée) et des nouveaux, i.e. les nouvelles technologies de l'information et de la communication (Internet, sites Web, réseaux sociaux, Chaînes TV sur Internet, téléphonie mobile, etc.). L'Algérie sera toujours confrontée à une multitude de défis au niveau intérieur, régional et international. Aussi, il lui est nécessaire de disposer de médias nouveaux et traditionnels puissants. Or il ne peut exister de médias puissants sans l'existence au minimum de sites web et de chaînes de télévisions, publiques et privées, puissantes. En l'absence de ces dernières, les sites et chaînes satellitaires étrangers, surtout celles hostiles à notre pays, pénètrent les foyers algériens en vue de dénaturer notre image et de menacer nos intérêts. A ce propos, un sondage Immar d'avril 2019 répartissait les populations algériennes quotidiennement exposées aux médias, comme suit : téléspectateurs : 18 millions ; internautes : 17 millions ; médias sociaux : 15,5 millions ; auditeurs : 3 millions ; lecteurs : 2,6 millions.

Mais, comme déjà relevé, les actions de communication sont à double tranchant - elles peuvent servir à l'atteinte des politiques et projets nationaux, mais elles peuvent aussi servir les desseins d'acteurs ennemis ou concurrents mal intentionnés. Plus globalement, des pays tiers sont tentés au moyen de la communication de : Primo, mener des actions d'influence culturelles et politiques pour entamer la stabilité et la cohésion sociales de notre pays ; Secundo, mener des actions d'influence économique ou d'intelligence économique pour imposer à notre pays leurs produits et services, et ainsi nous maintenir dans une situation de dépendance économique et de sous-développement.

L'arrivée à maturité des technologies de l'information et de la communication pose un problème de choix stratégique à nos responsables. Le rôle des médias, publics et privés, dans les affrontements présents et à venir est tel, qu'aucun Etat ne songera sérieusement à s'engager dans un quelconque conflit sans leur apport et appui. Il faut souligner, ici, le rôle des chaînes de télévision satellitaires lors des affrontements armées - en Afghanistan, Irak, , Yémen, Syrie , Libye - du début de ce siècle, où les publics n'ont pas eu vent de la réalité des agressions guerrières impérialistes, mais une version des faits fabriquée par les spin doctors des pays agresseurs.

L'emploi par certaines puissances étrangères des technologies de communication dans le cadre d'attaques informationnelles contre nos intérêts politico-économiques constitue un nouveau défi pour l'Algérie, qui appelle une vigoureuse réponse, somme toute nécessaire et légitime, de la part de notre gouvernement. En fait, l'Algérie peut se battre avec succès dans la guerre des idées, néanmoins elle doit pour cela, se fixer des objectifs clairs et s'appliquer à les concrétiser avec détermination et courage. Elle doit consentir un effort constant de long terme sur la voie du développement de son arsenal communicationnel en faisant appel à toutes les compétences. La construction de la puissance politique et culturelle de notre nation implique la conjugaison de toutes les forces.

Analyse et recommandations

L'article, ne prétendant pas épuiser la problématique, suscitera sûrement quelques questions de fond : Comment l'Algérie peut intelligemment répondre aux challenges et défis de la communication stratégique? Quelles opportunités existent pour l'Algérie dans ce domaine lui permettant de faire prévaloir ses propres intérêts? Quelles sont les leçons à tirer du passé? Quelle est la situation actuelle? Quels sont les obstacles conceptuels, politiques, culturels et bureaucratiques à une planification et à un emploi efficace de nos potentialités humaines et technologiques en matière de communication stratégique? Mais à ce stade, il est permis d'avancer quelques recommandations :

1/ Afin d'assurer une planification et une conduite organisées en matière de communication stratégique, il est impératif de consolider le leadership national en la matière. En effet, la direction, la planification, et la coordination des opérations de communication doit être en tout temps de la responsabilité des plus hautes instances gouvernementales.

2/ L'intérêt national serait mieux sauvegardé en impulsant les recherches et les études en matière de communication stratégique : Elaborer régulièrement des études et analyses en rapport avec la sécurité nationale au profit des décideurs, portant sur les opinions publiques globaux, les idées et tendances, les tendances des médias importants locaux, régionaux et internationaux ainsi que leurs influences sur les opinions, les développements en technologies des informations et communication, etc.

3/ L'institution d'une formation en «communication stratégique» au profit des décideurs de haut rang dont les postes de responsabilité ou l'activité réclament des connaissances en la matière. Cette formation procurera à nos hauts fonctionnaires des connaissances sur les ressorts des nouveaux médias, la guerre cognitive, les opérations psychologiques et la communication stratégique ainsi que des connaissances aux fins de l'atteinte des objectifs nationaux.

4/ Renforcer les missions du Ministère des affaires étrangères dans le domaine de la diplomatie publique - construction de relations réceptives à notre culture et à nos valeurs avec les publiques d'autres nations à travers l'échange de personnes, d'expériences et d'idées. La diplomatie publique cherche aussi à influencer les attitudes de ces publics pour les amener à supporter les objectifs et les intérêts de notre pays.

5/ Renforcer les capacités nationales dans le domaine des communications propre à l'intelligence et aux affrontements économiques par, notamment, le renforcement des actions de nos représentations à l'étranger dans leurs activités de promotion de la production nationale, des actions offensives en direction de nos populations les incitant à privilégier l'achat de produits nationaux, l'accroissement de la présentation de nos produits et services dans les foires et les manifestations économiques internationales, etc.

6/ Développer davantage les capacités nationales en matière d'industrie spatiale par, d'une part la mise en orbite de nouveaux satellites algériens de communication, et d'autre part l'accroissement des compétences et expertises en matière de technologies spatiales.

7/ Accroître les capacités nationales en matière de production d'informations et de statistiques économiques en termes de qualité et de quantité, ainsi qu'en matière de management de l'information et de la connaissance.

8/ Accroître substantiellement l'aide financière et l'accompagnement au profit des journaux électroniques, des sites web et des chaines TV privés nationaux.

*Ancien cadre du Ministère de la Défense Nationale et de l'ex. Ministre de la Prospective et des Statistiques, Actuellement consultant-formateur en management.