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Gestion de la crise du Covid-19: Des syndicats de la santé exigent d'être associés

par M. Aziza

L'impact du Covid-19 sur le corps médical spécialement et sur la population en général est sous-estimé. Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a avancé hier le chiffre de 44 décès et 2.300 cas de contaminations dans le corps médical. Les professionnels de la santé ont estimé que ces chiffres sont en dessous de la réalité. En précisant que de nombreuses victimes du coronavirus ne sont pas prises en compte dans les bilans officiels, par défaut de tests PCR. C'est d'ailleurs ce qu'a affirmé hier Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé, lors d'une conférence de presse des syndicats de la santé ( SNECHU, SNPSP, SAM, SNML), tenue au siège national du SAP, à Alger. Le Dr Merabet a affirmé que « ces chiffres sont largement en dessous de la réalité, au minimum on a dépassé les 3.500 cas infectés et plus de 50 décès dans le corps médical, tous corps confondus, c'est aussi le cas pour les citoyens en général, les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité». Le président du SNPSP revendique pour la énième fois un dépistage systématique pour les professionnels de la santé et des mécanismes pour prendre en charge les personnels soignants en cas d'infection. En insistant surtout sur la nécessité d'assurer une coordination entre l'ensemble des intervenants dans cette crise sanitaire qui semble selon les syndicats « absente jusque-là».

Rachid Belhadj, président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, a dénoncé pour sa part « la gestion bureaucratique et administrative » de la crise. Et ce en marginalisant les syndicats actifs dans le secteur et les professionnels dans la santé qui sont sur le terrain.

Il a également dénoncé le manque de coordination à tous les niveaux. «Chacun avance et prend des décisions en ordre dispersé, ce qui est contreproductif». Et de d'affirmer que ce ne sont pas les walis qui devront décider de l'ouverture de nouveaux services et la multiplication des nombres de lits. «Ce n'est pas de l'hôtellerie. Un lit supplémentaire dans les services Covid lui faut une source d'oxygène et un personnel. Pour un lit, on doit avoir trois paramédicaux pour surveiller efficacement un malade en soins intensifs et non pas deux infirmiers pour 20 malades».

Pour le Pr Rachid Belhadj, le personnel médical est à bout de souffle dans une crise sanitaire grave dont on ne voit pas le bout du tunnel. Il a affirmé qu'effectivement le nombre de contaminations chez le personnel médical est sous-estimé, en précisant par ailleurs que des praticiens de santé ne déclarent pas leurs contaminations par crainte d'un retard de remboursement par la CNAS.

Et d'affirmer que les syndicats réunis dénoncent « le discours rassurant quant à cette crise sanitaire ». « On est dans une situation grave, on doit exposer tous les problèmes du secteur pour la gestion de cette crise et tous les problèmes du système de la santé une fois qu'on aura fini avec le Covid-19 ». Le président du SNCHU s'est dit pour la création d'une autorité multisectorielle, de haute instance rattachée à la présidence, pour prendre des décisions politiques pour une meilleure gestion de cette crise sanitaire.

Les syndicats ayant participé à la conférence de presse ont appelé au dialogue et à la concertation avec les véritables acteurs, les professionnels et les syndicats du secteur qui sont sur le terrain.

A signaler que le ministre de la Santé a reconnu hier que le personnel médical a payé un lourd tribut, appelant ainsi à « soutenir les équipes médicales qui sont dans les premières lignes contre la propagation de la pandémie du coronavirus». Appelant en outre les citoyens « à la nécessité de soutenir les médecins par un engagement avant tout en faveur des mesures sanitaires et du respect des mesures préventives» à même de réduire le risque de contamination.