![]() ![]() ![]() ![]() C'est
difficile de s'imposer une mue. Chercher la gloire, quitte à sombrer dans le
reniement de soi, dans le rejet de son être génésiaque ne vous donnera aucun
aura. Peut-être de circonstance, pas plus.
L'on constate qu'il y a des «écrivains», des «journalistes» inconnus, en manque de lisibilité, et pour plaire à une certaine France où ils sont installés, et malgré leur «daoudisme» se sont donnés une certaine publicité sur le dos de Sansal. De l'adhésion à des comités de soutien, des prises de parole, des lettres ouvertes à une multitude d'articles de presse; il ne passe pas un jour où les «amis» du «vieux», devenu écrivain de «renommée mondiale» ne montent d'un cran dans leur propre ascension. Il leur a fait un travail gratuit pour les dépoussiérer et les faire hisser au sacerdoce de bons défenseurs de la liberté d'expression. Le pauvre, lui-même ne savait pas qu'il allait engranger une célébrité inouïe qu'il n'aurait jamais eue du temps où il était libre. 7 mois d'emprisonnement confortable ont supplanté 75 ans d'anonymat. Pas seulement. L'Algérie, ses référentiels et tout ce qui la constitue sont pris pour matière de prédilection à rabâcher notamment en cette période de crise très tendue entre les deux rives. Afin aussi d'apporter un supplément d'eau au moulin du ministre de l'Intérieur. Ils ne dissertent ni sur l'Europe, ni sur l'Ukraine ni sur la mal-vie de leur intégration indésirable. L'on peine durement à assurer sa reconversion dans l'esprit d'un gaulois actuel en s'autofflagelant pour se sangler dans un habit occidental quand tes noms et prénoms, ton faciès, tes réflexes, la texture de ton être intérieur, rappellent aux autres, qui tu es, d'où tu viens, ce que tu vaux ? Tu peux être de nationalité française pour un motif quelconque, par asile politique, par union ou par allégeance mais tu n'auras jamais la totalité de la citoyenneté ainsi obtenue. Tu ne seras qu'un sujet dans un empire déchu. C'est bien beau de s'imposer un accent donné à une prononciation afin de rouler le «ghe» (R), tout en conservant toujours dans ses cordes vocales les interjections maternelles. Certes, nos «compatriotes» maîtrisent mieux que quiconque l'écriture de la langue de Molière. Quant à son parler, l'on parle comme on écrit. Rares sont ceux, parmi ces sous-traitants qui excellent dans l'usage courant phonétique, de surcroît avec ses tournures idiomatiques, son argot et ses locutions populaires. Quand ils bavardent ou conversent, c'est comme ils lisent un texte. Il n'y a dedans aucune relaxe, aucune aisance. Preuve que l'on n'est pas entièrement dans la souche, dans la source. C'est bien beau de savoir précisément les départements, le cours de la Seine et du Rhône, le crucifix du christ, le bûcher de Jeanne d'Arc, l'épopée napoléonienne, la Marseillaise sans pouvoir oublier cependant la colline de son douar, le lit de son oued et l'étincelle de Novembre et min djibalina. C'est bien beau d'avoir appris à se mettre à table et se délecter d'un jus de vignoble et d'un cassoulet friand, sans toutefois effacer le goût du couscous d'orge et d'un broc de lait caillé. L'on ne peut également se montrer admirateur d'un chant ecclésiastique ou d'une symphonie viennoise, alors qu'en arrière-plan, dans sa tête, subsiste encore le son de la zorna et le boum du tbal et l'intonation de kassamen. Et pourtant ce sont ce douar si généreux, ce oued si fécond, ce couscous si rassasiant, cette zorna et ce bendir, cet hymne qui ont fait la culture riche et diversifiée que vous essayez, non seulement de vous en détacher, pire, vous la méprisez ! Comme le fait de condamner le port du voile ou du niqab -et c'est votre droit- sans se rappeler que vous vous êtes élevés sous les plis de la mlaya ou du haïk de vos mamans. Vois-tu mon gars, l'assimilation n'est pas un retournement de veste, un changement de look ou reconversion de croyance, l'intégration non plus; un effacement total de son canevas génétique. Et il n'est pas aussi aisé de se faire passer pour quelqu'un d'autre que soi, lorsque ton histoire natale, le souvenir de ton enfance, de tes ancêtres, les stigmates de tes bêtises puériles, te poursuivent et te collent en filigrane, comme un tatouage indélébile. Mettre des couleurs sur sa photo initialement en noir et blanc, et l'enjoliver d'attributs; n'affecte en rien le cliché original. Arabe ou amazigh algérien, tu le resteras ! Il y a pourtant certains se disant, «plus Français que les Français», d'autres «moitié-moitié». Sillonnant la trajectoire voulue par les haineux; ils s'échinent à cultiver l'ingrédient qui va dans le sens indiqué par les manitous des rédactions en chef, chefs de file extrémistes. Voulant se nourrir de leur propre terre matricielle en la fustigeant de tous les tares de ce monde, ils ne peuvent se sentir couverts de honte, tant le larbinisme leur est devenu un sérum. L'islam est une menace inaltérable pour la laïcité, voire pour certains ; un sérieux danger qui guette le fondement même de l'Etat français, soutiennent-ils. Les Arabes et les misères migratoires sont analysés telles des scories gangrénant à petit pas la structure sociale. C'est avec la montée grandissante d'une droite hermétique et sans concessions qu'ils se sont distingués dans les joutes graphiques ou oratoires allant jusqu'au reniement de leur être, de leur origine. Il n'y a pas plus d'apparence irréfutable que de ramener quelqu'un préréglé à l'invective sur les coreligionnaires de sa propre identité. La majorité d'entre eux n'étaient avant la venue de Retailleau que de simples crayons à mine vivotant dans les magazines à distribution gratuite. La machine du système a toutes les capacités propagandistes pour les promouvoir au devant de la scène en affublant les uns de «spécialistes des questions sécuritaires et de lutte contre l'islamisme» pour d'autres, de «grands reporters, auteurs, chroniqueurs engagés». On ne les blâme pas pour l'exercice de leur liberté d'expression, pour leur critique du «régime», mais aller jusqu'à remettre en cause l'intégrité territoriale ou douter de son héroïque histoire dépasse un peu l'éthique de l'expression. Donc, s'ils me lisent, il n'y a pas lieu de s'en offusquer de mes tirades. C'est ça la liberté d'expression à voir autrement. L'imposture se joint au reniement de soi et le tout va former la clé de voûte pour déconstruire les valeurs tant de la foi, que de l'unité nationale ou des pages glorieuses de l'histoire algérienne. Et pourtant en agissant de la sorte pour tirer à boulet rouge sur leur «pays», ces renégats recrutés à bon escient croient faire scinder l'Algérie d'un «régime», le peuple d'une «population-otage». Et ils ne connaissent évidemment, pour la plupart, rien de la vie physique, réelle et quotidienne, que quelques vagues instants vécus bien avant leur «exil» volontaire ou durant leurs laconiques séjours. Tellement conditionnés ou hébétés par un modèle de crèche, de trottoir, de fibre optique, de stationnement de là-bas; ils font vite la comparaison et frappent fort sur tout ce qui bouge ou non, ici. Le malheur, voire la dérision, c'est qu'ils parlent au nom du peuple algérien, prétendant le défendre, contre la dictature, à partir d'un bar sur les quais de la rive droite ou derrière une caméra en live. C'est de cette Algérie caricaturée, diabolisée qu'ils font par ailleurs pétrir leur indigne pain. Un fonds de commerce lucratif ouvert en comptes abjects et avilissants. Quand on n'aime pas une chose, une nation ; le meilleur recul c'est de la bouder, de ne plus vouloir en entendre parler. Eux non, ils ne peuvent survivre sans en avoir besoin à décortiquer l'infime aléa ou fait algérien, qu'il soit climatique, diplomatique ou politique. Un simple fait divers est vite institué en affaire d'Etat. Une courte pénurie d'eau, de sel ou de cacahuète devient un scandale national ou bien une défaite de la République. Là, c'est le summum de la haine et de l'aigreur. L'on peut selon sa propre lecture, s'horrifier de la classe dirigeante de son pays, de sa tangente politique, de l'absence de démocratie, de l'irrespect des droits de l'homme, sans aller à haïr viscéralement son pays pour saper ses fondements et contribuer à le vilipender sur toute antenne ouverte. Rien n'est brillant, certes chez nous, mais tout n'est pas aussi négatif. Ces parvenus n'hésitent à aucun moment de prendre le transport en commun d'une politique extrêmement droitière et anti-algérienne en prennent aussi la résistance palestinienne pour une organisation terroriste à éliminer. Le comble de la négation c'est qu'ils n'ont à aucun moment condamné le génocide commis ou protesté contre le massacre des enfants. Ainsi la couverture, l'accession, la mise en podium, la notoriété, les prix leur sont assurés, comme dans une chaîne de montage, par les laboratoires d'une entité facilement identifiable. Avoir de telles positions ouvre largement les voies de la seigneurie éditoriale, pensent-ils et garantissent un bon service après-vente. Plumitif ingrat et renégat, tu le resteras ! |
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