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Les explications du ministère de la Santé: Le coronavirus arrive en Algérie

par Houari Barti

Après la confirmation, mardi, du premier cas positif de coronavirus en Algérie, le défi qui s'oppose actuellement aux autorités sanitaires du pays est de «parvenir à identifier l'ensemble des personnes ayant voyagé avec le ressortissant italien atteint».

C'est ce qu'a indiqué, hier, en conférence de presse, le directeur général de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Fourar, en nuançant toutefois, qu'un «nombre important» de personnes qui étaient à bord du vol Milan-Rome-Alger «se sont déjà manifestées dans les différentes structures hospitalières du pays et ont été prises en charge pour subir des examens à cet effet». Néanmoins, «le problème aujourd'hui est de parvenir à identifier l'ensemble des personnes ayant voyagé avec le ressortissant italien», a-t-il soutenu, rappelant, au passage, que ce dernier est entré à Alger le 17 février pour se rendre le lendemain (18 février) à Hassi-Messaoud, dans la wilaya de Ouargla.

M. Fourar a, par ailleurs, révélé que la première alerte est parvenue au ministère le 22 février signalant deux ressortissants italiens, travaillant à Ouargla, qui présentaient les symptômes du virus. Des instructions ont dès lors été données au médecin traitant, a-t-il indiqué, pour les «mettre en confinement» et procéder à «des prélèvements sanguins», envoyés le 24 février à l'Institut Pasteur d'Alger avec un résultat positif, confirmé mardi. La priorité du ministère de la Santé est actuellement de sécuriser «la base de vie de Hassi Messaoud, où a séjourné le ressortissant italien atteint du virus», comme l'a assuré M. Fourar, qui a annoncé «une série de mesures adoptées à cet effet». Parmi ces mesures, a-t-il expliqué, la mise en quarantaine du personnel médical ayant traité le ressortissant italien. L'avion qui a transporté ce dernier a également été pris en charge pour subir «une désinfection totale de l'appareil». Le même responsable a indiqué en outre que son département ne juge pas utile de suspendre les vols entre l'Algérie et l'Italie, ajoutant qu'il y a un travail de coordination qui se fait quotidiennement avec le consulat italien pour suivre les informations relatives à l'évolution de l'épidémie.

Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, le Dr Nguessan Bla François, a, pour sa part, assuré que l'Algérie a adopté des mesures préventives contre le virus bien avant les instructions émises pas l'OMS. Il a également indiqué que le virus du corona est devenu désormais «un problème mondial» et qu'il est maintenant «nécessaire d'intensifier la coopération entre pays et l'échange d'informations pour faciliter la lutte contre le virus».

Il est à noter que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit le gouvernement et les autorités sanitaires dans le pays à faire preuve de «l'extrême vigilance» après la confirmation d'un cas positif au coronavirus en Algérie, tout en appelant à une large campagne de sensibilisation pour préserver la santé publique. «J'ai ordonné au gouvernement et aux autorités sanitaires du pays à faire preuve de l'extrême vigilance après la confirmation d'un cas de coronavirus d'un ressortissant italien qui a été mis en confinement», indique le président Tebboune sur son compte Facebook. Le chef de l'Etat a appelé aussi les secteurs concernés à engager une large campagne de sensibilisation en mobilisant tous les moyens de communication pour préserver la santé publique.

Le ministère de la Santé avait, rappelle-t-on, annoncé mardi soir qu'un cas a été confirmé positif au coronavirus (Covid-19) parmi les deux cas suspects de nationalité italienne, âgés respectivement de 55 et 61 ans, pris en charge «conformément aux directives nationales». Conscient du risque, le ministère de la Santé assure avoir «renforcé le dispositif de prévention autour du cas confirmé, et le dispositif de surveillance et de veille au niveau de tous les points d'entrée». «Le dispositif de surveillance et d'alerte mis en place au niveau national a permis de détecter deux (02) cas répondant à la définition du cas suspect (fièvre, symptômes respiratoires et notion de voyage d'une zone de circulation du coronavirus Covid-19)», avait noté le ministère de la Santé, précisant que «les deux cas suspects, présentant les deux une comorbidité, ont été pris en charge, conformément aux directives nationales».

Une étude, publiée le 19 février dernier dans la revue médicale «The Lancet», avait indiqué que «l'Egypte, l'Algérie et l'Afrique du Sud sont les pays les plus exposés au risque d'importation du virus en Afrique, en raison de leurs échanges commerciaux plus importants avec la Chine mais aussi que ces trois pays sont parmi les mieux équipés du continent pour détecter précocement les cas et les prendre en charge».

Le ministère de la Santé rappelle qu'au 25 février 2020, «80.134 cas et 2.698 décès ont été notifiés dans le monde dont 97% des cas et 99% des décès ont été déclarés en République de Chine», relève la même source, ajoutant qu'on «assiste actuellement à une propagation de l'épidémie au niveau de 35 pays, notamment les pays du bassin méditerranéen».