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CROYANCES ET CONVICTIONS

par Abdou BENABBOU

L'évidence d'un statuquo est si criarde que la sortie du phénoménal culde-sac national paraît aujourd'hui aléatoire. Les tenants du pouvoir s'agrippent farouchement à la tenue des élections présidentielles et on est tenté de leur prêter la volonté d'imposer un candidat sorti de leur casquette pour que l'Algérie se repositionne encore dans la situation de 1999.

Il n'est pas dit que l'heureux élu choisi ne soit pas armé des plus viles recettes que celles du président récemment déchu. Mais il n'est pas dit non plus que ceux qui ont entre les mains la destinée du pays ne soient pas conscients des faiblesses humaines tapies chez l'éventuel prétendant désigné et on doit leur accorder la compréhension de la difficulté à trouver la situation la plus juste et la plus conforme pour que le pays échappe à une nouvelle tragédie vers laquelle il semble s'orienter. La gouvernance actuelle ne doit pas seulement marquer une pause pour changer d'habit car il est bien question de survie de tout un peuple. Les vieilles recettes des intronisations se sont avérées des jeux de poupées.

On sait que ceux qui ont cautionné Bouteflika l'ont aussitôt amèrement regretté. L'Histoire de l'Algérie est riche à l'excès en retournements et à trop user de roublardises et de manœuvres politiciennes de bas étage, les acteurs politiques friands des attributs du trône ont jeté le pays dans un foutoir. Pour s'en sortir la tâche est titanesque. Sérieux dilemme que celui de voir s'affronter la nécessité de ne s'en tenir qu'à l'application d'une Constitution décriée et l'impératif de tout raser. L'imbroglio est assez original. On se sert du texte fondamental de part et d'autre quand il arrange le cours du fleuve et on s'en méfie quand il écorne sérieusement la vérité. La peur de se tirer une balle dans le pied est à son comble et le peuple malgré sa colère n'est pas dupe. Il sait ce qu'il a à gagner et ce qu'il a à perdre.

A bien observer l'étendue des croyances, des convictions, des mentalités et du discours populaire, les Algériens de guerre lasse peuvent être enclins à opter pour la justice divine et d'imposer le Livre comme Constitution. Tant qu'à faire, on y est peut-être déjà.