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Vive la Malaisie, à bas le désert !

par Moncef Wafi

Et si on délocalisait La Mecque en Malaisie ? L'idée est tentante et peut faire son petit bout de chemin pour peu qu'on décide de l'exposer sérieusement.

Kuala Lumpur a de nouveau refusé l'octroi de visas d'entrée sur son territoire à des athlètes israéliens, la démarche étant fidèle à la politique extérieure du gouvernement malaisien. Et dans ce climat d'une normalisation forcée avec l'Etat sioniste, le geste des Malaisiens est juste classe face à cette course effrénée des royaumes du Golfe à entretenir des relations presque normales avec Tel-Aviv. Les images de responsables arabes faisant des courbettes aux officiels israéliens ont ce quelque chose de férocement révoltant, de dégradant, sonnant la fin de la clandestinité d'une relation affichée et assumée au grand jour.

On ne se cache plus pour rencontrer l'ennemi juré, celui qui assassine chaque jour des civils palestiniens en toute impunité. Celui qui bombarde Ghaza au phosphore blanc puis lâche ses chiens de garde intellectuels pour dénoncer l'antisémitisme à chaque fois que la politique génocidaire d'un Etat terroriste est dénoncée. Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, Oman, l'Egypte, la Jordanie et le Qatar entretiennent des relations décomplexées avec Israël sous le parapluie bienveillant de Washington et l'instigation de Riyad et Abu Dhabi.

Trump ne s'est pas trompé en affirmant que l'existence de ces régimes à la tête de ces bantoustans pétroliers n'est tolérée que parce qu'ils assurent la sécurité de l'Etat hébreu. Si Trump dérange, ses punchlines ont, au moins, le mérite d'être suffisamment clairs pour comprendre la stratégie géopolitique des States au cœur des folkloriques monarchies arabes. Pourtant, il est naïf de croire que le monde arabo-musulman peut encore s'arranger avec les vieilles mentalités qui excluaient même l'existence d'un pays appelé Israël. Mais de là à ce que la priorité de sa politique extérieure soit la course à la normalisation, il n'y a qu'un pas que les monarchies pétrolières ont allègrement franchi.

La légitimité internationale aura plus à gagner si les Sionistes étaient condamnés pour leurs actes criminels envers les Palestiniens, les poursuivant un peu partout aux quatre coins du globe. Un terrorisme d'Etat entretenu avec la complicité de l'ONU qui cible le génocide d'un peuple apatride, chassé de ses terres alors qu'il serait plus juste qu'on réitère la politique d'exclusion pratiquée contre l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid. Mais Israël est une tout autre histoire de repentir jamais assouvie et d'un sentiment de culpabilité européenne alimenté par une propagande agressive des défenseurs de la shoah.