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Un pacte self-service

par Moncef Wafi

L'adoption, hier, à Marrakech du Pacte mondial sur les migrations des Nations unies, devant quelque 150 pays réunis en conférence intergouvernementale, ne peut-être qu'une bonne chose pour l'Algérie, représentée à ce rendez-vous par son ministre de l'Intérieur. S'il doit encore faire l'objet d'un ultime vote de ratification, le 19 décembre prochain, à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, ce Pacte malgré son caractère de «non contraignant» a déchaîné les passions dans une quinzaine de pays qui ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision sur le texte.

L'Autriche, l'Australie, la République tchèque, la République dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie se sont retirées du processus, après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York, et sept autre Etats ont souhaité plus de consultations internes (Belgique, Bulgarie, Estonie, Italie, Slovénie et Suisse). L'Amérique de Trump, ayant annoncé la couleur depuis décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d'immigration de la Maison Blanche, est passée à l'offensive en lançant une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de «gouvernance mondiale». Ceci dit, Alger ne peut qu'être satisfaite de cette adoption qu'elle estime qu'il ne peut être efficace que s'il «bénéficie de l'adhésion et de l'appui de tous, sur la base d'une solidarité internationale agissante».

Parmi les premières étapes à prendre en compte, le chef de la diplomatie algérienne Messahel avait indiqué «mesurer l'impact sur les communautés et les pays d'accueil de la présence des réfugiés, notamment le cas de pays abritant un grand nombre de réfugiés pour des périodes prolongées».

Pourtant, ce Pacte, censé apporter des solutions concrètes au dossier des réfugiés, est critiqué, particulièrement par Amnesty International, dont le responsable des droits des réfugiés et des migrants, Charmain Mohamed, a estimé que «les leaders mondiaux ne se sont pas montrés à la hauteur pour proposer les solutions audacieuses et courageuses dont le monde a tant besoin». Il a déclaré, entre autres, que «le texte final ne fait que valider l'approche actuelle, intenable : les Etats les plus riches peuvent choisir quelles mesures ils prennent ou non en vue de partager les responsabilités.

Les défenseurs des droits de l'homme le trouvant insuffisant, notamment sur l'accès des migrants à l'aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants. Ce «non contraignant» n'engage en rien la responsabilité des pays ayant ratifié l'accord, leur laissant le libre choix dans un menu self-service où les principes, entre défense des droits de l'homme, des enfants et la reconnaissance de la souveraineté nationale en passant par l'intégration des migrants et l'interdiction des détentions arbitraires, ne sont en effet que facultatifs.