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Europe: «Brexit or not Brexit ?»

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  La Grande-Bretagne a annoncé lundi dernier, au lendemain de la commémoration de la fin de la Grande guerre - l'armistice- qu'elle a célébrée en aparté du reste de l'Europe, son ultime offre à l'UE pour un divorce qui maintiendra l'Irlande du Nord dans le marché commun de l'UE.

La Grande Bretagne a commémoré seule, chez elle, la fin de la première guerre mondiale - l'armistice- pendant que Paris accueillait quelques soixante-douze chefs d'Etats et de gouvernements pour célébrer la fin de la grande guerre et la promotion de la paix.  

C'était dimanche dernier et le jour d'après, le lundi, la première ministre britannique Theresa May annonçait la finalisation de l'accord sur le «Brexit» qu'elle estime favorable à son pays autant que pour l'union européenne ( UE). En termes clairs, Mme May «avertit que c'est la dernière offre de son pays et rien de plus ou pas d'accord du tout ( No Deal). Theresa May met au pied du mur l'UE, son gouvernement et le parlement britannique parce qu'il faudra l'approbation de « sa proposition d'accord» à tout ce beau monde pour en finir avec la procédure de ce divorce qui dure. Branle bas de combat au sein des Institutions européennes et des gouvernements des 27 autres pays de l'UE: réunion ce même jour de mardi des ambassadeurs des pays de l'UE, rappel des groupes parlementaires du parlement européen, annonce de réunion des ministres des finances de l'UE, réunion en urgence - mercredi- du conseil des ministres du Royaume- Uni, annonce d'un Sommet extraordinaire du Conseil européen avant fin novembre. C'est le sprint final pour le prononcé du divorce UE- Grande Bretagne et tous craignent des conséquences incertaines jusque dans les foyers des Européens et des Anglais. Autrement dit le Brexit fera des perdants des deux côtés de la mer du nord et rien que des perdants. Sans doute, alors même que tout indique qu'il n'y aura pas de frontière commerciale au sens plein du terme entre l'UE et la Grande- Bretagne. Le projet soumis par Theresa May et son équipe ne ferme pas la frontière physique entre la république d'Irlande ( Dublin) et l'Irlande du nord ( Belfast), province de la Grande-Bretagne.

Dans ces conditions la Grande-Bretagne sera toujours «membre du marché commun» européen même si le projet d'accord instaure un mécanisme de régulation et de gestion des conflits et litiges éventuels qui ne manqueront pas dans ces conditions.     Du coup, la première ministre britannique aura gagné ou du moins pas perdu dans le divorce avec le reste de l'Europe. Certes , elle affronte jusque chez- elle une certaine opposition dans le parlement et même quelques ministres de son propre camp politique qui souhaitent un rupture brutale avec l'UE quitte à en payer le prix fort. Madame May retourne cette argument de divorce sans accord ( No deal) contre ses promoteurs en chiffrant les pertes en dizaine de milliards d'euros chaque année et une chute du taux de croissance économique ainsi qu'une explosion du taus de chômage.

Côte européen, les négociateurs de la Commission européenne menés par le français Michel Bernier mesure les enjeux politiques qui se jouent en Grande- Bretagne mais, paradoxalement, ne souhaitent pas, eux aussi, un «no deal» qui sera désastreux pour tous et surtout ouvrira une infinité de conflits, litiges et procès commerciaux entre les deux parties et de façon permanente sur de très longues années. Cependant, à supposer que le parlement britannique et son gouvernement adopte l'offre de leur première ministre, il faudra aussi un vote favorable du parlement européen , des ratifications des parlements nationaux des 27 pays de l'UE pour que l'accord de divorce soit effectif et prononcé. C'est dire tout le travail et les étapes à franchir avant la date butoir du 29 mars prochain qui, quelle que serait la situation, le Brexit sera consommé. Certes il a été question lors du dernier Sommet extraordinaire de l'UE d'octobre dernier d'une éventuelle prolongation des négociations ou d'une période transitoire, mais cette éventualité a été vite écartée en raison de la complexité de la question irlandaise. Car, faisant partie du Royaume -Uni, l'Irlande du nord se considère intimement liée, peuple, traditions et marché à la république d'Irlande. Vouloir les distinguer, les séparer en raison du Brexit revient à réactiver le vieux conflit Irlande - Grande Bretagne et les souvenirs de ses violences. Dimanche dernier, la Grande- Bretagne a commémoré en aparté l'armistice de la grande guerre pour bien signifier au reste de l'Europe que dans les grands moments de l'histoire des nations, elle compte sur ses seules forces et le respect des choix politiques de son peuple.