Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Algeria Future Energy: Cap sur l'offshore et le gaz de schiste

par Ghania Oukazi

Les deux jours de la conférence internationale, organisée au CIC d'Alger, ont été marqués par la décision de Sonatrach d'explorer et d'exploiter les hydrocarbures en mer et de faire part de son intention d'exploiter le gaz de schiste.

Longtemps prouvées par des études approfondies, les hydrocarbures dans le maritime n'ont pas été jusqu'à ces jours-ci, la priorité de l'Algérie. En signant lundi dernier au CIC, un grand accord avec ses partenaires stratégiques, Total et ENI, Sonatrach vient de sauter le pas en décidant d'aller dans les fonds marins pour puiser les hydrocarbures. L'exploitation dans l'offshore est sans conteste, la décision phare de l'événement. Bien que signataire de l'accord, le P-DG de la compagnie pétrolière française a exprimé des doutes quant à «l'exploration dans l'offshore algérien,» parce qu'a-t-il dit «ça ne se fera pas sans difficultés.» Patrick Pouyanné a, en effet, affirmé lundi dernier, que «l'offshore en Algérie est compliqué parce qu' il est très profond.» Des propos qui ne semblent pas déranger le P-DG de Sonatrach qui y a répondu, simplement, que «c'est son avis, ce n'est pas le nôtre.» Ce qui a été dit, exposé et débattu durant les deux jours de la conférence, avec les leaders mondiaux de l'industrie des Hydrocarbures, est venu confirmer la volonté de la compagnie nationale de «révolutionner son mode de fonctionnement», en mettant en place de «nouveaux processus de management» pour l'ensemble de ses activités. Ses cadres ont été mis en avant pour le mettre en exergue et pour faire connaître les objectifs qu'elle s'est fixée, à travers sa mise en œuvre de sa stratégie 2030. «Avec trois projets majeurs, la Pétrochimie est l'un des objectifs prioritaires de Sonatrach,», a déclaré, hier, Abdelhamid Ali Raïs, son vice-président ?Activité Raffinage et Pétrochimie'. Il a fait savoir que «d'ici à 2022-2023, on pourra produire 550.000 tonnes, par an, de polypropylène.» Sonatrach a, ainsi, fait connaître à ses invités sa stratégie d'améliorer «la performance opérationnelle dans le secteur en aval.» C'est l'une des problématiques exposées dans la matinée d'hier, suivie dans l'après-midi par d'autres «la transition énergétique, une priorité à l'échelle mondiale» dont le panel a été présidé par Mohamed Nassim Hallal, son directeur ?Stratégie et Intelligence Economique'.

Le choix de l'offshore et du non-conventionnel

Présente à la tribune, Rime Bouaroudj, directrice générale ?de la Stratégie et de la Prospective' à Sonelgaz a expliqué comment l'entreprise s'est engagée «depuis longtemps tout autant que toute l'Algérie, dans cette transition énergétique (?), il s'agit de la prendre en charge avec un mix énergétique le plus équilibré.» Elle fera savoir que 62% du pays bénéficient du gaz par canalisation et possède de l'électricité à hauteur de 99%. «Nous avons plus de 9 millions de clients en électricité et plus de 5 millions en gaz.» L'oratrice affirme que «durant la prochaine décennie, l'évolution de la demande augmentera de 7%.» Elle rappelle que «l'Algérie s'est engagée, au titre de son adoption de la COP 21, de réduire les émissions de 7%, un taux qui pourrait atteindre 22%, si on a les appuis financiers, les nouvelles technologies (?).» Elle pense qu' «on doit agir sur l'offre et la demande par, entre autres, l'introduction de centrales à cycle combiné et de faire du gaz un moyen de chauffage, en plus de l'électricité (...).» Le directeur exécutif du Centre régional des Energies renouvelables et des performances énergétiques (RCREEE) a recommandé aux compagnies, Sonatrach en premier, «d'avoir des relations très compétitives avec les investisseurs» - des sociétés privées de préférence-, pour pouvoir avancer, dans ce domaine. «Les pays arabes ont déboursé plus de 45 milliards de dollars pour l'innovation et la transformation pour réduire les prix et rendre l'énergie accessible.» Il estime que «c'est une nouvelle époque de bénéfices, il faut opter pour de nouveaux modèles d'investissements dans l'Energie, il y a des risques à prendre dans les nouvelles technologies, il faut mettre en place des mécanismes rapides (?).» Dernier thème débattu, dans l'après-midi d'hier, dernier jour de la conférence, «le gaz non conventionnel, la solution à la sécurité d'approvisionnement énergétique.»

Présidé Tom Pepper, correspondant Nord-Afrique et Méditerranée de l'Est, pour le compte de ?Energy Intelligence', le panel s'est penché sur le gaz de schiste, ses avantages, ses risques, la complexité des technologies, les défis réglementaires et budgétaires, les contraintes environnementales, les nouvelles méthodes proposées et enfin les meilleures pratiques internationales dont l'Algérie peut bénéficier. L'on rappelle que le premier responsable à avoir déclaré être contre, le P-DG de Total qui avait dit, lundi dernier, que «pour exploiter le non-conventionnel, il faut creuser plusieurs puits, il est donc capitalistique.» Pouyanné qui avait tenu à noter que «nous sommes présents en Algérie depuis 1952?», avait déclaré pour nuancer «son refus» de l'exploitation du gaz non-conventionnel, en Algérie, que «nous avons encore beaucoup à découvrir dans le conventionnel (?)». Le P-DG de Sonatrach s'est prononcé sur le sujet depuis longtemps en soutenant que «le gaz de schiste est une ressource abondante que Dieu nous a donnée, nous devons y aller et nous allons y aller, on n'a pas le choix.» le ministre de l'Energie dira, à cet effet, que «l'exploitation de cette ressource va nécessiter la mobilisation des moyens technologiques les plus avancés, dans le domaine, afin de garantir une exploitation optimisée et sans impacts sur l'environnement et les populations».