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Sa réunion prévue demain à Alger: L'OPEP se pliera-t-elle aux menaces de Trump ?

par R. N.

Qualifiant l'Opep de «monopole», le président américain Donald Trump exige, à quelques jours de la réunion d'Alger, que l'Organisation «doit faire baisser les prix», en augmentant la production.

«Nous protégeons les pays du Moyen-Orient, ils ne seraient pas en sécurité très longtemps sans nous, et pourtant ils continuent à faire pression pour des prix du pétrole, de plus en plus élevés! Nous nous souviendrons. Le monopole de l'OPEP doit faire baisser les prix maintenant!», a écrit Trump sur Twitter. De nombreux experts cités par l'APS et Reuters estiment qu'une décision d'augmentation de la production «est peu probable» et que l'objectif des membres de l'OPEP est «de garantir un prix du baril «acceptable» et «supportable»».

La 10ème réunion du Comité ministériel mixte de suivi Opep-non Opep (JMMC), prévue, demain, à Alger, a pour objectif, selon Abdelmadjid Attar, dans un entretien accordé à l'APS, «de garantir un prix de baril «acceptable» et «supportable», ce qui est le cas, aujourd'hui, avec un prix entre 70 et 80 dollars». L'ancien ministre de l'Energie ajoute que «les discussions ne seront pas dominées par le mécanisme de surveillance qui ne posera pas de problème», mais la question réside, plutôt, dans «la compréhension de chacun des acteurs de la définition du niveau de production: Faut-il parler du niveau de production global, ou du niveau de chaque producteur (quota), de ce que chaque producteur peut mettre sur le marché ou ce qu'on lui permet de produire?». Il est certain, dit-il, que le «contexte géopolitique dans lequel se déroulera cette rencontre», marqué par les «sanctions américaines contre l'Iran et la Russie ainsi que la guerre commerciale menée par président américain contre la Chine, va peser, de tout son poids, non seulement sur cette réunion mais aussi sur celle de l'OPEP prévue, en novembre prochain.» Attar estime que «le respect satisfaisant de l'accord de réduction de la production et l'actuel prix de pétrole 70 à 75 dollars» devraient, en principe, permettre au JMMC de faire des recommandations pour la prochaine réunion de l'Opep, afin de maintenir le niveau de production/réduction ou de l'adapter en fonction de la demande, sur le marché 2019 comme le souhaitent certains pays». Il y a, cependant, une équation «qui va être très difficile à résoudre». Il s'agit des «conséquences liées aux sanctions américaines contre l'Iran dont le niveau de production a déjà commencé à baisser» et du fait que l'Iran «ne souhaite surtout pas que sa part de production ou sa réduction, du fait des sanctions, soit récupérée par l'Arabie Saoudite qui fera tout pour le faire», dit-il encore. Interrogé par l'APS sur les perspectives du marché pétrolier à moyen terme, M. Attar considère que ce dernier a atteint un niveau d'équilibre qui peut satisfaire tout le monde, à condition que des considérations d'ordre géopolitique ne viennent pas le perturber. Car «si cela devait intervenir, nous ne serons pas à l'abri d'un choc pétrolier, dans un sens ou dans l'autre, en matière d'évolution du prix du baril.»

Une augmentation «peu probable» de la production

Par ailleurs, et selon Reuters, «il est peu probable que l'OPEP et ses alliés se mettent d'accord sur une augmentation officielle de la production de brut», lors de la réunion d'Alger. L'Arabie Saoudite craint que toute hausse des prix du pétrole, liée aux sanctions, ne suscite de nouvelles critiques de la part du président américain Donald Trump, mais s'inquiète du manque de capacité de production de pétrole disponible pour compenser les pénuries. «C'est compliqué. L'Arabie Saoudite doit équilibrer l'offre et la demande de pétrole et doit équilibrer les prix du pétrole pour qu'ils ne montent pas trop avant les élections américaines», a déclaré une source de l'OPEP citée par Reuters.

Sous la pression du président américain, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, la Russie et d'autres alliés ont convenu, en juin, de stimuler la production de 1 million de barils par jour, après avoir participé à un accord de réduction de l'offre depuis 2017, rappelle l'Agence. Selon Reuters qui cite des «sources de l'OPEP», «il n'y a pas de plan immédiat pour une action officielle, car une telle initiative obligerait l'OPEP à tenir ce qu'elle appelle une réunion extraordinaire, qui n'est pas sur la table». La réunion d'Alger discutera de la manière de partager l'augmentation de production convenue, précédemment, et d'examiner si le marché a besoin de plus de pétrole pour compenser la perte de l'offre iranienne et une baisse de la production vénézuélienne, ajoute l'Agence. La source a ajouté que le Comité ministériel conjoint de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP, connu sous le nom de JMMC, qui se réunit, dimanche à Alger, peut encore recommander à la coalition élargie une nouvelle augmentation de la production si nécessaire. L'OPEP et des sources de l'Industrie ont déclaré à Reuters que des raffineurs chinois, indiens et asiatiques interrogeaient des producteurs du Moyen-Orient tels que l'Arabie Saoudite, l'Irak, les Emirats Arabes Unis et le Koweït pour plus de cargaisons. Alors que certains producteurs sont confrontés à des restrictions d'approvisionnement en raison de contraintes d'infrastructure ou à un désir de ne pas être considéré comme source d'inondation du marché, d'autres sont en train d'augmenter les exportations vers l'Asie, ont indiqué ces sources. Bien que la production de l'OPEP ait augmenté depuis juillet, l'Arabie Saoudite a ajouté moins de brut qu'elle n'avait initialement indiqué.

Dans une interview accordée à Reuters TV, le secrétaire général de l'OPEP, Mohammad Barkindo, a, quant à lui, mis en garde contre le sous-investissement dans l'industrie pétrolière mondiale. «Nous avons constaté une contraction du niveau des investissements, au cours des deux dernières années, en réponse à l'impact de la crise», a-t-il déclaré.