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Hausse des prix des fruits et légumes: «Des barons dominent le marché»

par Yazid Alilat

  Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE), a déploré la marginalisation de son organisation dans la composante de la Commission nationale de certification des produits halal, installée hier lundi. Il a expliqué à l'émission «L'invité du matin» de la radio nationale que cette commission a été installée deux ans après la promulgation d'une loi instituant la protection du consommateur et relative aux produits halal. «Il y avait une anarchie sur le marché de la production et la consommation de produits alimentaires dérivés des viandes. Le label Halal était donné par une grande variété de centres de certification», a t-il indiqué, précisant que «même des centres qui n'ont aucune autorité dans la certification halal ont délivré de telles autorisations». Un arrêté interministériel, englobant les secteurs de l'agriculture, du commerce, de la santé et de l'industrie, a été publié dans le JO n 15 correspondant au 19 mars dernier.      Cet arrêté interministériel du 15 Joumada El Oula 1435 correspondant au 17 mars 2014 portant adoption du règlement technique fixant les règles relatives aux denrées alimentaires «halal», délimite les exigences réglementaires auxquelles doivent répondre les denrées alimentaires «halal» destinées à la consommation humaine. L'entrée en vigueur de cet arrêté a été fixée à une année après sa publication, c'est-à-dire à partir du 19 mars 2015. M. Zebdi indique par ailleurs qu'une grande anarchie prévaut sur cette filière dans le monde, citant notamment le cas de l'importation par des opérateurs algériens de viandes suspectes de certains pays producteurs, dont l'Inde et le Brésil.

Il a indiqué à ce niveau que «nous avons demandé à nous déplacer en Inde sur ces sites pour suivre la chaîne de certification des produits halal, même à nos frais, mais en vain».

Pour M. Zebdi, «la nouvelle commission va établir une feuille de route pour la certification du produit halal» à destination de l'Algérie, et même ceux produits localement. Même si, regrette-t-il, «notre organisation n'a pas été associée pour faire partie de cette commission. Nous ne savons pas pourquoi on a été marginalisés, alors que nous avons un membre observateur au niveau de la commission nationale de la concurrence». Pour lui, «la plupart des spécialistes des produits halal ne font pas partie de cette commission», composée notamment de représentants des ministères de l'Agriculture et du Commerce. M. Zebdi indique ainsi que la seule mention de «produit halal» ne suffit pas «et les douanes et les services vétérinaires se basent seulement sur cette mention portée sur les produits». Faisant référence aux gros enjeux commerciaux et financiers de cette filière, qui pèserait plus de 600 milliards de dollars pour un peu plus de 1,9 milliard de consommateurs dans le monde, selon des instituts de recherche, il estime que «ces certificats ne suffisent pas pour attester du label Halal». Le président de l'APOCE estime que «la commission nationale doit avoir une carte ou une liste des établissements de certification halal dans le monde». Pour les viandes importées, il a rappelé que «s'il y a des représentants des ministères de l'Agriculture et des Affaires religieuses, qui font des visites sur sites, nous, nous avons demandé au groupe Proda d'aider les associations de protection du consommateur pour se déplacer sur ces sites et constater le rituel d'abattage des animaux, pour vérifier la qualité halal des viandes importées par l'Algérie».

Si, par ailleurs, la qualité halal en Algérie ne pose pas en principe de problème, M. Zebdi a prévenu cependant que «le problème des produits halal réside dans les composants de ces produits, comme la gélatine (provenant du porc, du bœuf) qui entre dans la fabrication de beaucoup de produits alimentaires». Ce produit, la gélatine, «même issu de bovins peut être non halal en fonction du rituel de l'abattage de l'animal». «Il y a également les poudres de lait, les composants pour la fabrication des produits kacher.

Il est difficile de distinguer entre le halal et le non halal», explique M. Zebdi pour qui «il y a plusieurs composants qui entrent dans la production des produits agroalimentaires, et même dans les produits de beauté et de détergents, qui ne sont pas halalK. «Tous les produits alimentaires d'origine animale doivent porter la mention halal», ajoute-t-il.

Par ailleurs, sur la hausse des prix et l'anarchie qui prévaut actuellement sur les marchés des fruits et légumes, le président de l'APOCE a dénoncé «une fuite en avant dans l'organisation du marché et des prix, d'où une effroyable spéculation sur les prix, en dehors du principe de l'offre et de la demande». «Nous sommes très en retard par rapport à ce qui se passe dans le monde pour organiser les filières commerciales», affirme-t-il, avant de souligner que «les associations de protection du consommateur en Algérie ne sont pas unies et ne coordonnent pas leurs actions pour réguler le marché et lutter contre la spéculation». «L'APOCE est prête à se sacrifier pour qu'il n'y ait qu'une organisation nationale de protection du consommateur, et qu'elle soit crédible vis-à-vis du consommateur», a-t-il affirmé. Sur la hausse des prix ahurissante des fruits et légumes, M. Zebdi estime que «c'est une preuve concrète qu'il y a des lobbies et des barons qui dominent le marché, dont celui de la pomme de terre». «Quand le ministère de l'Agriculture demande le déstockage de la pomme de terre, elle ne rentre jamais sur les marchés de gros, et les propriétaires des chambres froides ont leurs propres circuits de commercialisation.» «Il en est de même pour le marché de la voiture avec la baisse drastique des quotas d'importation de véhicules».