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Investiture du nouveau président américain: Dieu, le dollar et l'Amérique

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Chose promise, chose faite. Dès les premières heures de son installation à la Maison-Blanche, Donald Trump assume pleinement son titre de président «populiste» et tant pis pour ses alliés, les Occidentaux.

«Vous avez -le peuple- désormais le pouvoir», a martelé le président américain, Donald Trump, lors de son discours d'investiture vendredi dernier, avant d'ajouter : «Je ne vous abandonnerai jamais». Deux heures après, il signe son premier décret abrogeant l'assurance-maladie (l'Obama- Care) instaurée par son prédécesseur, dépouillant plus de 40 millions d'Américains pauvres de soins et d'aide médicale. Trump abandonne dès son premier jour de gouvernance 40 millions aux seuils des hôpitaux et pharmacies. C'est donc vrai, Donald Trump fait ce qu'il promet. Il l'avait annoncé lors de sa campagne électorale et il l'a fait comme, d'ailleurs, l'autre promesse de lever les interdits et contraintes sur l'exploitation des énergies fossiles dans l'Alaska et les océans. Le risque climatique est selon M. Trump une fable, une invention d'écologistes illuminés. Le destin de la Terre comme celui des hommes est aux mains de Dieu. En cela Donald Trump honore la devise nationale américaine: In God We Trust (En Dieu nous croyons) inscrite sur le billet vert américain, sous entendu que seul Dieu et notre sauveur ou si vous voulez «Chacun pour soi et Dieu pour tous ».

Le 45ème président américain rend aux Américains leur pays en leur rappelant sa devise fondatrice. « L'Amérique aux Américains d'abord », a-t-il répété tout en mettant en avance ce qu'il y a de plus primaire comme fonction chez l'homme: la consommation. Trump appelle ses compatriotes à consommer d'abord les produits américains, si ce n'est que les produits américains puisque le pays produit tout ce qui est possible pour l'home de consommer. C'est cette vision de la politique nationale du nouveau président américain que craignent et dénoncent plus spécialement les Européens qui pose quelques interrogations. D'abord en quoi un pays est-il dangereux pour les autres en privilégiant la consommation nationale pour soutenir son économie. Ensuite pourquoi l'Europe et l'Occident de manière générale s'ébroue et crie au «populisme» lorsque ses gouvernants appellent leurs peuples au même choix de consommation sous le mot d'ordre de «patriotisme» ? Sauf à croire que le patriotisme américain est «populiste, nationaliste» et celui des Européens et autres Occidentaux «universel et solidaire». Comme si entre le patriotisme et le nationalisme il y avait une distance de valeurs ou de sens politique. Combien de gouvernants européens ou candidats aux élections, gauche et droite comprises, ne répètent-ils pas le même slogan de la préférence nationale en matière économique ? Du coup, sur l'autre volet, celui de la politique étrangère, le nouveau président américain reste sur sa logique à commencer par le lien transatlantique avec l'Europe et l'Occident le plus emblématique, celui de l'Otan. Trump dit en avoir marre que son pays paye pour la défense du reste des Occidentaux. Autrement dit, Donald Trump presse les Européens de mettre la main à la poche pour soutenir l'énorme machine de guerre qu'est l'Otan. «God is money», dit l'adage américain inscrit sur l'autre face du billet vert, le dollar. En cela, Tump revient aux fondamentaux de son pays, soit l'argent et rien que l'argent et dans son «honnêteté» de milliardaire, il a nommé 6 comparses milliardaires aux plus hautes fonctions de son administration et quelque 13 millionnaires. Donald Trump a été porté au pouvoir par un peuple trompé par son discours populiste, disent les analystes européens. Sauf que Trump n'a en réalité pas été élu par la majorité des Américains qui on voté pour Mme Hillary Clinton en lui attribuant plus de 2 millions de voix de préférence. Mais système électoral américain oblige, c'est le collège électoral (les grands électeurs-sénateurs) républicains détenant la majorité au Congrès qui l'ont investi à la Maison-Blanche. C'est ce qui explique aussi les nombreuses manifestations contre le président américain, y compris le jour de son investiture et qui promettent de continuer tout au long de son règne. Enfin, sur la question sensible de l'immigration, les Eeuropéens manifestent leur sidération face à la décision du président américain de renforcer le mur déjà existant aux frontières communes de son pays avec le Mexique, alors que des murs et barbelés sont élevés ça et là aux frontières externes de l'Europe comme entre ses propres membres. Dénoncer la politique migratoire du président américain tout en faisant autant, sinon pire, n'est pas que de l'hypocrisie, c'est aussi une effronterie politique et une pathétique mesquinerie morale. D'autant plus que les USA accueillent plus d'immigrés que les Européens. Depuis hier donc, les USA de Donald Trump renvoient leurs alliés, Européens et Occidentaux, à leur vraie nature, celle de la différence entre les discours et les faits. Lui, assume les siens et ceux de son pays.