Cette année, tout
le monde aura remarqué que la magnifique orange dite Thomson et la clémentine, qui ont
fait la renommée de
Chlef, sont proposées à la
vente à des prix hors de la portée des bourses
moyennes et surtout jamais atteints. Alors qu'en 2011 la Thomson était cédée à
70 Da le kilo, aujourd'hui, pour la même variété de moindre qualité car n'étant pas
mûre, les commerçants la
propose à 160 Da voire 180 au niveau de certains étals du
chef-lieu de wilaya. Idem pour la fameuse clémentine à la chair juteuse,
sucrée et parfumée qui, il fut un temps, ne quittait guère les étals des marchés
de la wilaya. Aujourd'hui,
elle se fait rare et chère. Cent soixante dinars, c'est le prix qu'a atteint le
kilo de clémentines locales, en ce mois de novembre. Il faut dire qu'à ces
prix-là, de nombreux Chélifiens, amoureux de la Thomson et de la clémentine, se contenteront
d'acheter de petites quantités, contrairement aux années passées où ils pouvaient
se permettre de savourer en qualité et en quantité et à moindres frais, ces
deux agrumes. Cependant, il faut savoir que si le prix des agrumes à pris «des
ailes», c'est que l'offre n'est plus ce qu'elle était avant tandis que la demande augmente
d'année en année du fait de la démographie galopante que connaît le pays. Mais
pour certains grands propriétaires de vergers, les raisons sont toutes autres. Tout
d'abord, diront-ils, «malgré le quota d'eau qui nous est réservé pour irriguer
nos vergers, il s'est avéré que celle-ci (eau) demeure insuffisante en l'absence
de pluies abondantes ; à cela s'ajoute l'arrachage massif des orangeraies et la propension aux
cultures spéculatives (poires et pommes) qui ont joué en défaveur de ce potentiel
stratégique qui représente pourtant une ressource économique non négligeable».
D'ailleurs, ces derniers tiennent à rappeler que «la mise en place d'un
programme spécial consistant en la plantation de 1000 hectares
supplémentaires a été retardée en raison du déficit en eau que connaît justement
le secteur agricole». D'autres, par contre, imputent cette situation aux
maladies (virales, notamment) qui menacent continuellement les arbres jusqu'au
dépérissement complet des végétaux (arbres) atteints et diminution de la production sur les
plans qualitatif (fruits petits, déformés, peau nécrosée, grumeleuse?) et
quantitatif, faiblesse des systèmes de lutte contre les maladies et autres
ravageurs (parasites responsables de nombreux dégâts). Il y a également la forte hausse du prix
des produits de traitement, associée à la faiblesse des précipitations
et insuffisance en matière d'irrigation, du vieillissement des vergers, mais
encore à l'insuffisance (voire rareté) des bonnes pratiques en agriculture
assurées dans les années post-indépendance, par une main-d'œuvre au savoir-faire
infaillible? Autant de facteurs qui expliquent le désastre et, son corollaire, la hausse des prix à la production. De
toute évidence, il reste qu'en pleine saison, l'orange et la clémentine deviennent
un luxe que de moins en moins de familles peuvent, encore, se permettre. Quel
prix coûteront les agrumes du pays dans les années à venir ? Ceux qui nous
viennent d'ailleurs, traités, peu goûteux, voire fades, suscitent peu d'intérêt
chez le consommateur qui a connu la
bonne et vraie saveur de ces fruits. Rappelons que la plaine de Chlef dispose
d'une superficie de 5
800 hectares, alors qu'elle était au début des années 80 à plus de 60 000 hectares.