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Daïra de Aïn El Turck : Les constructions illicites comme monnaie d'échange pour un logement

par Rachid Boutlélis

Le phénomène des constructions illicites a désormais pris une ampleur des plus alarmantes dans la daïra d'Aïn El Turck qui aspire, ironie du sort, à promouvoir le tourisme, son principal poumon économique. En effet, en dépit des efforts consentis par les autorités locales pour tenter d'endiguer ce phénomène, de véritables îlots de masures continuent malheureusement à défigurer les paysages de cette région côtière. Selon des sources concordantes, cette transgression de la loi a donné naissance à de véritables réseaux qui s'enrichissent en fourguant des masures et/ou des lots de terrain à bâtir sur le domaine public. Ces agissements frauduleux sont en fait à l'origine d'une certaine extension de ces groupements de baraques, construites souvent de nuit, qui enlaidissent les paysages des quatre communes côtières relevant de ladite daïra.

Ce malheureux constat s'additionne malheureusement aussi aux extensions illicites répertoriées notamment sur les plages et même dans d'autres zones situées à l'intérieur du tissu urbain de ces communes. L'infraction relative au branchement illicite sur le réseau de l'électricité et celui de l'AEP par les occupants de ces masures est devenue courante avec le temps et ce, avec toutes les désagréments et autres graves dangers encourus. Les décharges sauvages qui ont fait leur apparition autour de ces bidonvilles, résultant des amas d'ordures ménagères, déposés par les occupants de ces constructions, ajoutent encore une touche noire supplémentaire à ce triste tableau. En fait, nul n'ignore qu'en s'installant dans un bidonville, des familles venues de différentes contrées du pays espèrent composter un ticket qui leur ouvre le supposé droit de figurer sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux et/ou de ceux de la résorption de l'habitat précaire, RHP.

Selon des sources concordantes, les membres des réseaux cités en préambule font miroiter sournoisement ce prétendu avantage dans le but évident de convaincre leurs potentielles victimes à acheter une baraque ou une parcelle de terre dans ces bidonvilles. Ce trafic semble avoir encore de beaux jours en se référant à la prolifération vertigineuse de ces groupements de constructions illicites. Le constat est visible dans plusieurs localités et même en plein cœur de la commune d'Aïn El Turck, sur une superficie qui abritait les ex-galeries, mitoyenne à la cité des 350 logements sociaux ou encore dans le village Filaoucène, communément appelé El Qaria, sur le territoire de la commune de Bousfer, où une rivière (oued namousse) a été carrément obstruée par des masures au détriment de la culture maraîchère ou encore dans le bourg Ouadite, dans cette même municipalité, à El Ançor et à Mers El Kébir.

Il est utile de signaler également que même les biens communaux essaimés à travers cette daïra n'ont pas été épargnés par ce phénomène. L'exemple le plus vivant réside dans la récupération, un peu plus de trois années auparavant, de l'ex-camping de la localité de Claire Fontaine, dans le chef-lieu, où un véritable bidonville y avait été installé durant plus de quatre années.

En effet, 47 familles ont élu domicile dans des baraques qu'elles ont construites à l'intérieur de ce lieu, transformé par la suite en jardin public, au grand bonheur des riverains, plus particulièrement les enfants. Il importe de noter que les indus occupants de cet ex-camping de toile ont été relogés dans la cité des 190 logements sociaux, sise à Akid Abbes, qui venait d'être réceptionnée à l'époque.

Les témoignages de riverains, qui restent à confirmer, rapportent que des bénéficiaires ont depuis vendu et/ou loué leurs logements. Ces mêmes témoignages rapportent également que ces contrevenants se seraient installés dans un bidonville d'une autre région du pays pour tenter ainsi d'acquérir frauduleusement un autre logement. « Ces constructions illicites sont devenues avec le temps une véritable monnaie d'échange pour un logement », a fait remarquer l'un des ces témoins. Il importe aussi de noter encore que ce phénomène n'est pas uniquement spécifique pour la seule wilaya d'Oran.