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Mauvais traitement de «harraga» algériens à Valence : Alger demande des explications

par Moncef Wafi

Après la plainte déposée par des «harraga» algériens contre l'administration du centre de détention provisoire des étrangers, à Valence, en Espagne, qui les a privés de toute liberté, ainsi que pour avoir été roués de coups pour avoir observé une grève de la faim, la machine diplomatique algérienne s'est manifestée, certainement sous l'impulsion du nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

Ainsi, le vice-consul algérien à Alicante, Oussama Hamed Salhi, a visité les installations dudit centre et a tenu une réunion avec son directeur pour demander des explications sur les plaintes de 5 détenus algériens pour mauvais traitements qui leur ont été infligés par des officiers de police. Les faits remontent au 11 octobre dernier, quand 20 ressortissants algériens qui ont entamé une grève de la faim, au centre de rétention à Valence, en signe de protestation contre leur détention, ont été surpris par la descente de la police espagnole qui s'opposait à leur action, selon la présidente de l'Association ?Casa Argelia' (maison de l'Algérie), à Valence, Houria Souhili. Lors de son entrevue avec Jésus Arce, le directeur du centre, M. Salhi a fait part des préoccupations de la délégation algérienne et s'est enquis des conditions dans lesquelles vivent les détenus algériens. Selon la presse espagnole, le diplomate aurait tiré des conclusions positives de ces rencontres puisqu'il a affirmé que tout est rentré dans l'ordre. « Depuis lundi dernier et jusqu'ici, il n'y a pas eu de nouveaux problèmes. Tout est résolu », a déclaré le vice-consul qui a, également, rencontré les plaignants algériens qui sont allés devant les tribunaux pour dénoncer les bavures policières. Mais l'optimisme qui ressort des paroles de Salhi, est atténué par les journaux espagnols qui citent des sources proches des détenus qui affirment, elles, que le vice-consul n'a pas été satisfait de ce qu'il a vu et entendu dans le centre. La présidente de l'Association ?Casa Argelia' a affirmé que l'association et certaines organisations des droits de l'homme, avaient exigé de remettre les vidéos prises par des caméras de surveillance, aux autorités judiciaires. C'est en tout cas l'une des rares fois que la diplomatie algérienne intervienne pour se soucier du sort d'Algériens, de surcroît des clandestins, en terre étrangère.

En 2009, le président de la Fédération des associations algériennes en Europe, Belmeddah Noreddine, avait accusé le ministère des Affaires étrangères de ne pas défendre les intérêts des Algériens, en Espagne. A l'époque, il avait tiré la sonnette d'alarme sur le sort de centaines d'Algériens, livrés à eux-mêmes, notamment en Espagne où leurs droits sont, tout simplement, bafoués quand ils ne sont pas, bien évidemment, morts évoquant le cas des ?harraga' enterrés en terre ibérique. Il avait interpellé, solennellement, le président de la République pour rapatrier dans leur pays et auprès de leurs familles, tous les ?harrraga' enterrés en Espagne. Le président de la Fédération des associations algériennes, en Europe, qui était dans l'incapacité de donner un quelconque chiffre sur le nombre de ?harrraga' morts en Espagne, a fait savoir, cependant, qu'à la date du 10 septembre 2009, 37 Algériens étaient détenus dans le centre de Barcelone, 89 autres au centre de Algerisas et 102, dont 2 femmes, dans un centre à Valence. « Depuis l'année 2002, 70 Algériens ont été arrêtés et emprisonnés en Espagne, sans aucune preuve», avait déclaré M. Belmeddah qui ajoute que 63 Algériens, libérés après avoir passé plusieurs années de prison sans jugement, demandent des indemnisations au gouvernement espagnol et dénoncent le «silence» des autorités algériennes sur leur sort car emprisonnés injustement. Malgré les cas avérés de torture pratiqués sur les détenus algériens, le gouvernement n'a nullement réagi, a jouté le président de la Fédération des associations algériennes en Europe. Ce rejet de l'autre s'est accentué, ces dernières années, situation économique extrême oblige. En 2012, l'ambassadeur d'Algérie à Madrid, Mohamed Hanèche, annonçait qu'environ un millier de nos concitoyens sont retournés au pays, au cours de ces deux dernières années. Halim Benatallah, alors secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger, avait déclaré, en janvier 2011, après une visite en Espagne où il avait rencontré les membres de la communauté algérienne, que «beaucoup de jeunes, sans papiers, désirent rentrer au pays au vu des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien et au durcissement de la législation espagnole qui les contraints à choisir le retour au pays». Les «harraga» algériens préfèrent s'installer en Espagne où le gouvernement applique, tous les 5 ans, en moyenne, la régularisation au profit des sans-papiers vivant sur son sol. Selon les statistiques officielles, plus de 10.000 Algériens ont été régularisés, entre 2005 et 2010, à la faveur de cette loi. Selon les services consulaires, les Algériens sont installés dans les faubourgs des grandes villes de Barcelone, Alicante, Valence, Logro, Buglosse et de Madrid qui compte entre 2.500 à 3.000 ressortissants algériens.