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Tunisie : Neuf terroristes tués et deux tonnes d'explosifs récupérées

par El-Houari Dilmi

La crise sécuritaire, mais aussi économique, qui secoue la Tunisie, focalise l'attention des autorités d'Alger qui font montre d'une volonté réelle d'aider ce pays voisin à conjurer une situation devenue des plus préoccupantes, depuis le renversement du régime de Zine El Abidine Benali, en janvier 2011.

Sur le terrain, après l'assassinat, jeudi dernier, de deux agents de la Garde nationale tunisienne, neuf terroristes ont été tués, lors d'une opération militaire, dans la région de Béja et deux tonnes de matières explosives saisies, selon le ministère de la Défense tunisien, cité par l'agence officielle TAP. Les neuf membres du groupe terroriste ont été tués au mont «Taouyer», dans la zone où deux gendarmes tunisiens ont été tués, jeudi, par des combattants armés, selon le porte-parole du ministère, Taoufik Rahmouni. Dans la matinée, le ministère de l'Intérieur avait fait état de quatre terroristes tués.

L'agence de presse tunisienne TAP indique, citant la même source, qu'un autre combattant s'est rendu et que deux tonnes de matières  explosives ont été saisies dans              un village voisin.

La TAP n'apporte, cependant, aucune précision sur la nature de ces explosifs. Selon M. Rahmouni, les opérations militaires, lancées jeudi, «se poursuivaient, samedi, l'aviation menant des vols de reconnaissance dans la région». L'armée a, également, procédé à des tirs d'artillerie contre des cibles «suspectes». Le groupe accusé d'avoir tué les deux gendarmes et blessé un troisième au mont «Touayer», dans le district de Goubellat, de la région de Béja (70 km à l'ouest de Tunis), serait composé d'une vingtaine d'hommes. Avant l'attaque de jeudi, les autorités, confrontées à l'essor de la mouvance djihadiste armée, depuis la révolution de 2011, n'avaient pas fait état de la présence de combattants clandestins dans cette zone, alors qu'une quinzaine de militaires et gendarmes ont été tués, ces derniers mois, à la frontière avec l'Algérie. Les forces tunisiennes peinent, notamment, depuis des mois à neutraliser un groupe, présenté comme lié à Al-Qaïda, au mont «Chaambi», près de la frontière algérienne. Les syndicats des forces de l'ordre se sont plaints, à plusieurs reprises, du manque de moyens disponibles pour lutter, efficacement contre cette menace. Signe de ce malaise, des policiers et gendarmes ont empêché, vendredi, en manifestant, le Premier ministre Ali Larayedh et le président Moncef Marzouki d'assister à la cérémonie officielle rendant hommage aux gendarmes tués. La Tunisie, qui peine à se stabiliser depuis la révolution de janvier 2011, qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali, est plongée dans une profonde crise politique depuis la fin-juillet et l'assassinat du député Mohamed Brahmi, attribué à un commando djihadiste. L'opposition reproche, en particulier, au gouvernement, dirigé par les islamistes d'Ennahda, d'avoir fait preuve de laxisme face à la mouvance salafiste.

EN ATTENDANT LE GOUVERNEMENT APOLITIQUE

Le «dialogue national» destiné à sortir la Tunisie d'une profonde impasse politique et préparer la démission du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda, débutera, mercredi, selon les médiateurs de la crise et l'opposition. «La date du début réel du dialogue national a été fixée au 23 octobre pour mettre en œuvre la feuille de route », de sortie de crise, a annoncé, dans la nuit de vendredi à samedi, dans un communiqué le syndicat UGTT, principal médiateur de la crise. Cette feuille de route prévoit la formation, dans les trois semaines, d'un gouvernement apolitique ainsi que l'adoption, en parallèle, de la Constitution et d'une loi électorale. «Les dispositions de la feuille de route constituent le minima à mettre en œuvre», a indiqué, à l'AFP, Aïda Klibi, porte-parole du parti Nidaa Tounès, l'une des principales formations d'opposition, confirmant que le dialogue doit débuter, mercredi. Elle a ajouté que la manifestation prévue, ce jour-là, par l'opposition serait «probablement maintenue», dans le cadre des rassemblements hebdomadaires, chaque mercredi, réclamant «la vérité sur les assassinats politiques «qui ont ébranlé la Tunisie depuis le début de l'année». Le parti Ennahda n'était pas joignable dans l'immédiat pour confirmer  sa participation aux négociations.

La date choisie pour le début du dialogue et les manifestations marque le deuxième anniversaire de l'élection d'une Assemblée nationale constituante (ANC) qui devait, à l'origine, adopter, en un an, une constitution. Faute de consensus entre les islamistes, leurs alliés et l'opposition, ce calendrier a été, sans cesse, repoussé. La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis le meurtre, le 25 juillet, du député d'opposition Mohamed Brahmi, dont certains proches accusent les islamistes d'en être responsables, tandis que police l'attribue à des salafistes.

Ennahda et ses détracteurs ont signé, le 5 octobre, la feuille de route prévoyant que les islamistes quittent le pouvoir et qu'un gouvernement apolitique conduise le pays jusqu'aux prochaines élections dont le calendrier reste à déterminer. Mais le démarrage concret des négociations a été, sans cesse repoussé, si bien qu'aucune date n'a été, clairement fixée pour la démission du cabinet actuel. Ennahda a indiqué être prêt à quitter le pouvoir dès que la Constitution sera adoptée.

Le pays est toujours privé d'institutions pérennes et de calendrier électoral, près de trois ans après la révolution de janvier 2011. Il est, aussi, régulièrement, déstabilisé par l'essor de la mouvance djihadiste et des conflits sociaux, ce qui préoccupe l'Algérie qui est disposée à apporter son aide à ce pays voisin, en proie à la crise économique et au terrorisme islamiste.

L'Algérie qui garde un œil ouvert sur ses voisins, à la situation intérieure instable, compte aider la Tunisie notamment, pour arriver à une sortie de crise le plus tôt possible.