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Histoires d'animaux et des végétaux

par Ali Brahimi

Cette semaine, certains pays maghrébins sont secoués par des scandales et les remous. La semaine passée, un éminent scolastique saoudien n'a pas hésité de comparer l'attitude, des peuples maghrébins, à celle des équidés

Alors que les enseignements de l'Islam interdisent, à l'occasion du mois de Ramadhan et durant toute l'existence, les propos déplacés, des comparaisons ineptes et dégradantes, à l'encontre de n'importe quel peuple qu'il soit juif, chrétien, bouddhiste, laïc, animiste?... En effet, toutes les croyances prônent la tolérance et la bienveillance et les prêches modérés et calmes. En revanche, elles proscrivent les gesticulations et les sermons à haute voix qui terrorisent les croyants.

Hélas, ces derniers temps, des groupes d'intérêts arabomusulmans, avec leurs soutiens et médias bruyants, font des déclarations intempestives et irrespectueuses des bons usages. Certes, le monde arabe est en ébullition existentielle, depuis 2011, mais cela ne justifie en rien de porter des jugements de valeur déplacés comme par exemple : Ce peuple dorme comme un loir, ou une herbe qui ne demande qu'a vivre (Hchicha talba Maïcha) etc. Pourtant, certains pays arabes aspirent à changer profondément ces ressemblances saugrenues et bêtes.

Il serait utile de remonter dans le temps, afin de mieux saisir ces habitudes à se comparer aux animaux et végétaux. Depuis la disparition du Khalifa ottoman, les pays musulmans sont devenus nostalgiques des temps révolus : Malheur ! le protecteur de l'Islam n'est plus (ya hassrah âla hokm Torrki), et tant d'autres fatalismes s'apparentant à des moutons égorgés. A ce sujet on dit chez nous : le mouton écorché pleure l'égorgé ( el messloukha tebki âla et medbouha), et vice- versa !

Avant et après la disparition forcée et programmée de la Sublime Porte ottomane en Afrique du Nord et le Moyen-Orient, malgré toutes les résistances, à l'avantage de la France et la Grande-Bretagne et la Russie en pleine révolution bolchevique, l'accord secret de Sykes-Picot signé le 16 mars 1916 avait permis à la France et l'Angleterre de dépecer, tels des animaux de proies se partageant les dépouilles de l'empire ottoman agonisant. La Russie, qui a dévoilé ces accords secrets, est restée, par prudence stratégique, à l'écart car elle visait déjà d'autres vastes territoires européens et asiatiques d'où la future URSS. A l'époque, c'était le grand Ours (Grizzly) sibérien.

Le défunt Mustapha Kemal Pacha (1881-1936) surnommé Atatürk ou le loup gris des Carpates orientales, a inspiré d'autres louveteaux (les jeunes turcs nationalistes) en Afrique du nord dont : le défunt Abdekrim dénommé le lion de l'Atlas Marocain ; en Algérie le défunt Messali el Hadj avait l'allure et le regard d'un fauve ; le défunt Habib Bourguiba appelé le combattant suprême de la Tunisie avait la malice d'un renard ; le défunt Nasser, c'était le tigre d'Egypte ; et ainsi de suite. Au Moyen-Orient, nous mentionnons le léopard du désert, le défunt Ibn Saoud, fondateur du royaume de l'Arabie Saoudite? Et actuellement El-Assad ( le lion au coeur d'airain) en Syrie.

En Europe, il existe aussi des rois et empereurs qui ont des surnoms d'animaux : En Angleterre Richard cœur de lion, Napoléon 1er l'aiglon de France, etc. Actuellement, ils ont dépassé ces qualificatifs animaliers et préfèrent ceci : le père de la démocratie ; le bâtisseur de l'Europe ; les défenseurs de l'environnement, des animaux, de l'Agriculture biologique, des droits de l'homme etc.

Le roi du Maroc a reçu son homologue Espagnol. Tout juste après cette visite d'Etat, le roi a signé une loi visant à gracier un Espagnol condamné, par la justice Marocaine, à cause d'un forfait sexuel commis sur 11 garçons marocains dans la ville de Kenitra. Cette relaxe, dans la foulée de 9 autres condamnés pour d'autres motifs, a provoqué le mécontentement des milliers de jeunes marocains survoltés.

Il semblerait que le Roi du Maroc n'a pas été mis au courant voire qu'il a signé, la remise en liberté de ce criminel notoire, sans faire attention. Une affaire louche et, donc, des têtes de boucs émissaires vont tomber. Décidemment, ce je ne sais pas est devenu coutumier chez certains gouvernants Magrébins. Toute une culture politique.

Dans le but de canaliser et calmer l'opinion publique interne et externe et, en même temps, embêter et complexer davantage le gouvernement Espagnol, afin d'obtenir plus de concessions dans le futur, le Maghzen a décidé? d'annuler la grâce et de demander aux autorités espagnoles? d'extrader illico presto l'animal de proie gracié au?Maroc. Quelle pagaille !

En attendant, la justice Espagnole a pris l'affaire en main. L' animal de proie, ancien espion en Irak et qui est lui-même d'origine Irakienne, nommé Daniel Kalfane (un nom bizarre) a été mis en en examen et peut-être il sera renvoyé au Maroc afin de satisfaire l'opinion publique Marocaine. Pour le moment, ça se noue et se dénoue, médias y aidant, tandis que la température monte entre les deux pays, pour la forme, et cela fait oublier d'autres problèmes de fond

. Entre-temps, le jeune sportif Algérien, Islam du même âge que les enfants marocains victimes du tourisme sexuel, condamné pour les mêmes raisons en plus de celles politiques, imposées, entre les deux peuples frères, végète dans une geôle marocaine. Pourquoi n'a-t-il pas bénéficié d'une « grâce fortuite » ?

Dans la même semaine, la chaîne de télévision France 24 a annoncé la construction d'un méga projet touristique, en Espagne, évalué a 17 milliards de dollars, genre paradis fiscal et de divertissements les plus osés au profit des cossus du Maghreb et des riches du Moyen,-Orient, sous le conduite d'un magnat de la finance internationale à la recherche de l'Atlantide. Un vieux rêve de la « terre promise » jamais retrouvée. En réalité, un mirage !

 Le projet comporte des milliers de chambres super luxueuses ; trois grands terrains de golfe ; des piscines paradisiaques ; trois casinos, des dizaines de milliers de machines à sous ; 200 milles emplois, etc. ; sans compter une végétation pittoresque luxuriante de fraîcheur à l'ombre des palmiers. En un mot, un deuxième Las Vegas à proximité des richissimes, du Maghreb et de la péninsule arabique, friands en bronzage intégral et des paradis artificiels.

 Pour ce faire, de grandes régions riches en pâturages partiront en fumée et donc un chiffre incalculable d'unités fourragères seront définitivement soustraites de la ration alimentaire des animaux d'élevage dont les vaches, les ânes, les mulets ?et, bien sur, les troupeaux de mouton mérinos terme adopté par rapport a la dynastie des Mérinides (1258-1465) une des branches Zenâta, vassale des Andalous, et dont la monture était des dromadaires, et leurs chefs-lieux tantôt Tlemcen, tantôt Tanger, ou Marrakech au Nord , Tafilalet et Sidjilmassa au Sud du Maroc.

Alliés des Hilaliens, originaires de la péninsule arabique, contre les Sanhadja, ils se sont imposés par la force des épées et les cris de guerre. Le défunt savant, premier historien de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun (1332-1406) avait comparé les tribus Hilaliennes, de première génération antérieure à l'époque d'Ibn Khaldoun, aux invasions des criquets pèlerins ravageant les végétaux, voire des carcasses d'animaux, sur leur passage. Décédé, après l'invasion de la Syrie par les Mongols, dans la terre d'Egypte, sa tombe n'a pas été retrouvée à ce jour. Les Hilaliens, de seconde génération et les Zenâtas nomadisaient ensemble, sur de vastes territoires, et étaient réputés pour leur jovialité et discussions bruyantes et fanfaronnes.

Actuellement, à l'échelle des pays Magrébins, les gens discutent tapageusement sur les esplanades des villes et villages, les cafés maures, plages et même dans les forêts ou le silence, mis à part le bruissement des feuilles et les gazouillements des oiseaux, est maître des lieux. Enfin, bonne fête et d'agréables vacances calmes.