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Ghaza: Moubarak chasse sur les terres palestiniennes

par Ali Babès

Le Sommet international de Charm Echeikh, voulu et organisé par l'Egypte sur Ghaza, n'aura pas apporté de fait nouveau par rapport à la situation des Palestiniens dans la bande de Ghaza, où plus de 100 corps des victimes de l'agression israélienne ont été retirés dimanche des décombres. En organisant cette rencontre, l'Egypte a pratiquement poignardé les pays arabes qui doivent se rencontrer lundi à Koweït et discuter du soutien à apporter à la cause palestinienne, et notamment la population et la résistance à Ghaza. Le président égyptien a annoncé à l'issue d'un sommet qui a regroupé les principaux soutiens européens à Israël, qu'une autre rencontre internationale devrait se tenir pour discuter des modalités de soutien au plan de paix égyptien et approuvé par Israël.

Concrètement, le Sommet de Charm Echeikh intervient au lendemain de la décision d'Israël de décréter un arrêt des hostilités contre la population palestinienne de Ghaza, et le jour même où la résistance palestinienne a décrété de son côté un cessez-le-feu conditionné au départ des troupes d'occupation. Donc, sur le plan politique, le sommet, auquel les Egyptiens ont appelé les Européens et non pas les pays arabes, aura été relativement de peu d'effet sur l'arrêt des hostilités, sinon un échec politique. Sauf à considérer que ni le président français Nicolas sarkozy, ni les chefs de gouvernement italien, espagnol et allemand n'ont à aucun moment condamné ou dénoncé l'assassinat systématique, par des armes de guerre prohibées et de destruction massive, plus de 1.300 Palestiniens. Et, au moment où la population de Ghaza découvrait des dizaines de corps ensevelis sous les décombres, dont des enfants, le président égyptien Hosni Moubarak recevait des dirigeants européens, qui n'ont même pas eu une pensée pour les victimes de l'agression israélienne. Mieux, le président égyptien a appelé au Sommet de Charm el-Cheikh à un «soutien international» au plan de l'Egypte pour la fin durable «des violences» dans la bande de Ghaza.

«J'aspire à la poursuite du soutien» international aux efforts de l'Egypte, a dit M.Boubarak, en conclusion du sommet, «pour la consolidation du cessez-le-feu et, dans une étape suivante, pour garantir le retrait des troupes israéliennes de Ghaza et parvenir à un retour à la trêve, l'ouverture des points de passage et la levée du blocus». Il a ajouté que l'Egypte accueillerait une autre rencontre internationale, à une date non-précisée, pour «rassembler les ressources nécessaires à la reconstruction de Gaza». Co-présidée par le président égyptien Hosni Moubarak et le président français Nicolas Sarkozy, la réunion s'est tenue au premier jour d'un fragile cessez-le-feu décrété par Israël et le Hamas, après 22 jours d'une agression sauvage qui a fait plus de 1.300 morts et plus de 5.300 blessés palestiniens. Tour à tour, à commencer par le président égyptien, les dirigeants de la France, du Royaume-uni, de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Italie, de la Turquie et de la Jordanie sont intervenus pour soutenir, globalement, l'initiative égyptienne, et notamment le retrait des forces israéliennes de Ghaza.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a notamment appelé au retrait immédiat des troupes israéliennes de la bande de Gaza. «Ce cessez-le-feu fragile doit être suivi immédiatement, s'il veut être durable, par l'entrée d'aide humanitaire (...) par le retrait des troupes (...)», a déclaré M. Brown. Le président palestinien Mahmoud Abbas, le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, et le président turc Abdullah Gül participaient également à ce sommet, qui illustre parfaitement que les pays arabes et la Ligue arabe n'ont absolument aucun poids ni pouvoir dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Et, sur ce registre, seul le Hamas en est conscient, puisqu'il n'a pas attendu pour décréter de son côté un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza, qui sera observé par tous les groupes palestiniens du territoire. Hamas, à qui l'Egypte voudrait remplacer par l'Olp-Fatah de M.Mahmoud Abbas, a ainsi donné une semaine aux forces israéliennes pour se retirer de la bande de Ghaza.

A Damas, la direction du Hamas en exil a confirmé la décision du mouvement et s'est dit prête à coopérer avec l'Egypte. «Nous sommes prêts à coopérer à tous les efforts, particulièrement ceux de l'Egypte, pour parvenir à un accord définitif qui satisferait nos revendications consistant en une levée permanente du blocus et l'ouverture de tous les points de passage», selon un communiqué du Hamas.