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A quand la levée du «travel ban» ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le maintien du «travel ban» (interdiction de voyager) en Algérie s'inspire-t-il de craintes légitimes et fondées afin de se prémunir contre toute importation de nouvelles souches du Covid-19, ou serait-il dépassé par l'évolution de la situation sanitaire à travers le monde ?

Très prudentes sur ce registre, les autorités algériennes ont rouvert partiellement les frontières du pays le 1er juin dernier, après quinze mois de fermeture (17 mars 2020), avec des liaisons aériennes en direction de quatre pays (France, Espagne, Tunisie et Turquie), tout juste le minimum pour permettre à une partie de la diaspora de rejoindre le pays, non sans mettre en place des conditions draconiennes, dont l'isolement obligatoire de cinq jours dans un des hôtels sélectionnés par les autorités (abandonné par la suite) et frais de confinement et de dépistage à l'arrivée à la charge des visiteurs, et en gardant les frontières terrestres et maritimes fermées. Dans le temps, les autorités avaient parlé d'une réouverture progressive des frontières, mais près de quatre mois plus tard, la situation n'a enregistré aucune évolution.

Cherté des billets d'avion, places limitées, difficultés rencontrées par les Algériens résidents dans des pays autres que les quatre concernés par les liaisons aériennes, la destination Algérie demeure cloisonnée. Une position figée alors que nombreux sont les pays qui ont renoué avec l'animation dans leurs aéroports ? Dernier en date, les Etats-Unis ont annoncé le lundi 20 septembre la levée du « travel ban » à partir du 1er novembre prochain. Tout en gardant en vigueur les conditions essentielles visant à se prémunir contre la propagation du Covid-19, dont l'exigence de la vaccination des voyageurs, la présentation d'un test négatif réalisé dans les trois jours avant leur déplacement, l'acceptation du traçage des compagnies aériennes et le port du masque. «Une approche basée sur les individus plutôt que sur les pays», a expliqué lors d'un point presse Jeff Zients, le coordinateur Covid à la Maison Blanche. D'autres pays ont bien avant pris cette initiative de lever le « travel ban », à l'enseigne des pays de l'Union européenne et le Royaume-Uni.

En somme, tous les pays ont soit levé le « travel ban » ou annoncé sa levée en peu de temps, à l'exception de quelques rares pays qui maintiennent un blocus total à leurs frontières, en Asie, en Amérique Latine et en Afrique. L'Algérie reste classée parmi les pays qui ont rouvert les frontières aériennes, tout en gardant les frontières maritimes et terrestres fermées (sauf avec le Niger), et sans aucune annonce concernant la date de la levée du « travel ban ». Chose qui ne cadre pas avec la volonté affichée par les autorités quant à la relance de l'économie et du secteur du tourisme, notamment. Bien sûr, la réouverture des frontières ne doit tenir compte que de la situation sanitaire, mais sur ce plan, justement, tout plaide pour emboîter le pas aux pays qui ont rouvert leurs frontières, ou qui ont mis en place un planning prévisionnel dans ce sens. Il n'y aurait qu'à les suivre également en matière de conditions accompagnant cette réouverture (vaccination, test PCR et autres restrictions concernant les voyageurs arrivant de certaines régions à haut risque). Ou doit-on attendre que le taux de vaccination atteigne plus de 60%, marquant toute la différence avec les pays qui ont décidé de lever le « travel ban » ?