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Légitime reconquête

par Abdelkrim Zerzouri

Offensive, forcing, redéploiement, le réveil de la diplomatie algérienne a laissé bouche bée de nombreux observateurs et fait grincer des dents certaines chancelleries qui se sont habituées à jouer et gagner sur des tapis verts.

Très puissante du temps de feu le président Houari Boumediene, la diplomatie algérienne a connu des passages à vide par la suite, notamment durant les trois dernières décennies où le pays est resté concentré sur ses problèmes internes (période de terrorisme durant les années 90, suivie par une autre époque dominée par la gouvernance de clans maffieux plus intéressés par leurs comptes en banque que par l'aura de l'Algérie sur le plan international), pour laisser le champ diplomatique totalement désert durant les dernières années du règne de l'ex-Président Bouteflika. Mais la diplomatie algérienne a changé du tout au tout. La scène diplomatique est réinvestie par l'Algérie qui veut jouer son rôle pleinement et ne rien céder, surtout, sur les questions géostratégiques.

Le continent Africain qu'on a abandonné à d'autres fait partie des premières priorités de la diplomatie algérienne. Que cela soit dans des pays secoués par de violents conflits internes, dans son voisinage immédiat, ou dans des régions relativement calmes, l'Algérie fait son retour sur la scène africaine. Le chef de la diplomatie algérienne, qui effectue des tournées infatigables à travers, notamment, les capitales du continent africain, a fait dire à certains que l'Algérie chasse sur le terrain du Maroc. Comme si ce pays s'est approprié un droit diplomatique dans ces pays que nul autre ne peut lui contester !?

Quand l'Algérie fait ce qu'elle a, naturellement, à faire sur le plan diplomatique, certains médias font sortir cette vieille formule de bataille diplomatique entre les deux voisins, mais on ne dit rien quand l'Algérie se murait dans son silence face aux pressions politiques et économiques, surtout, exercées sur certains pays africains pour les détourner de leur soutien à la cause sahraouie notamment. On applaudissait même devant ce qu'on voyait comme « efficacité » diplomatique du royaume voisin. Pourquoi ne pas admettre que la compétition diplomatique se fait valoir partout et entre tous les pays ?

De toute évidence, quand on ne partage pas les mêmes visions on est logiquement dans des camps opposés où chacun tente de plaider sa bonne cause et de la gagner, pacifiquement, puisque c'est tout l'art de la diplomatie. L'offensive de la diplomatie algérienne n'est organisée ni contre « X » ni contre « Y », c'est tout juste sa place dans le concert des nations qu'elle cherche légitimement à reconquérir, en sus de la défense de ses intérêts économiques.

Et, quiconque en ferait une fixation, devrait fatalement « naniser » sa propre diplomatie.