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Le message de la réunion restreinte présidée par Bouteflika

par Kharroubi Habib

La réunion restreinte consacrée à la situation sécuritaire dans le sud du pays que le chef de l'Etat a présidée ce mardi donne à penser qu'en haut lieu l'on s'attend à sa possible aggravation en relation avec la tournure que prennent les évènements dans certains Etats voisins dont les territoires sont devenus des bases pour des groupes armés terroristes à partir desquelles ils tentent d'infiltrer l'Algérie et d'y développer les nids de terroristes qui y subsistent et que l'action de l'ANP et des forces de sécurité a singulièrement réduit et amoindri leur nuisance.

C'est justement l'éloquent bilan de l'ANP et des forces de sécurité en la matière qui a probablement dû donner à comprendre en haut lieu que le pays est menacé à ses frontières sud par des tentatives renouvelées d'infiltration de terroristes et d'armement dont celles qui ont été avortées pourraient n'être que la partie visible de l'iceberg. Il y a en tout cas certitude qu'il faut que les autorités sécuritaires du pays anticipent la perspective que les groupes terroristes qui opèrent dans les pays voisions, en Libye et au Mali notamment, s'avisent de vouloir se replier dans le grand Sud algérien si la pression militaire qui s'exerce sur eux dans ces deux pays les y contraint. Les caches d'armes mises au jour par les ratissages des détachements de l'ANP déployés dans le grand Sud sont l'indice qu'elles y ont été disséminées en prévision de ce reflux dont tout indique qu'il est prévu massif de la part de ces groupes terroristes comme le prouve le quantitatif de l'armement qu'elles ont recelé.

La situation sécuritaire dans le sud du pays a assurément de quoi inquiéter les autorités et leur faire mobiliser tous les moyens à même d'en juguler les conséquences pour la région sud et l'ensemble de l'Algérie. Elle suscite d'autant leur attention qu'elles savent la région sud du pays en proie à une ébullition sociale ayant pour cause les frustrations ressenties par ses populations d'avoir été les oubliées de la distribution de la rente procurée au pays par la ressource pétro-gazière tirée du sous-sol sudiste.

Si des dispositions sont encore à prendre par les autorités pour mettre le pays à l'abri de la menace d'un afflux dans la région d'éléments terroristes venant d'Etats voisins, il y a nécessité impérative qu'elles soient accompagnées d'autres destinées à prouver à ces populations que leurs frustrations sont prises en compte. Ce qui pourrait probablement dissuader la frange de ces populations en révolte contre le déni dont elle pense que les sudistes sont victimes de prêter une oreille intéressée à la propagande terroriste et de se faire supplétif local des organisations qui la propagent.

La réponse à la menace qui enfle à nos frontières sud doit être par conséquent à la fois sécuritaire (ce dont l'ANP et les forces sécuritaires se chargent avec une efficacité qui se démontre au quotidien) et politico-économique et sociale dans le même temps. Ce sur quoi ont dû probablement phosphorer les hauts responsables réunis mardi par le président et dont il faut espérer qu'ils sont parvenus à des décisions qui ne seront pas simples effets d'annonce destinés à donner de faux espoirs aux populations du sud du pays que menace une grave tourmente autant sécuritaire que sociale.