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Intensément bombardée: Rafah est devenue une «ville fantôme»

par Mohamed Mehdi

Mardi, 221e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de victimes des massacres sionistes a atteint 35.173 martyrs et 79.061 blessés, a annoncé le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a précisé que les forces d'occupation israéliennes ont commis 8 massacres, durant les précédentes 24 heures, faisant 82 martyrs et 234 blessés.

Le ministère de la Santé a ajouté qu'un «grand nombre de victimes se trouvent toujours sous les décombres et sur les abords des routes», et que «les ambulances et les équipes de la protection civile sont dans l'impossibilité de les atteindre, en raison de l'intensité des bombardements».

De son côté, le porte-parole de la Protection civile à Ghaza estime à environ «10.000 personnes portées disparues sous les décombres» et appelle à faire pression sur l'occupation sioniste pour «l'autorisation d'amener du matériel lourd pour sauver la vie des personnes coincées sous les décombres et de récupérer les corps des martyrs».

Par ailleurs, la Protection civile affirme que «69 parmi les membres de nos équipages sont tombés en martyrs, en plus de 250 autres blessés». La Protection civile réclame l'intervention des Nations Unies pour obliger «Israël à nous fournir du carburant» pour faire fonctionner les ambulances et les quelques équipements de déblayages qui fonctionnent encore à Ghaza.

En outre, le bureau des médias du gouvernement à Ghaza a déclaré, mardi, qu'«aucun hôpital n'est en activité dans le nord de l'enclave et dans le gouvernorat de Ghaza». Ajoutant que des «centaines de milliers de blessés et de malades risquent de mourir en raison des restrictions imposées aux hôpitaux».

«L'armée d'occupation, qui poursuit ses massacres au milieu d'un silence international, ordonne aux personnes déplacées de quitter les centres d'hébergement sans leur préciser de destination sûre», affirme encore le bureau des médias du gouvernement.

Toujours concernant la situation des hôpitaux à Ghaza, l'ONG Medical Aid for Palestinians (MAP) a déclaré, lundi, que les forces israéliennes «ont donné l'ordre d'évacuer le personnel médical de l'hôpital koweïtien de Rafah, l'un des derniers hôpitaux de la région, qui ne dispose que de 16 lits». Ajoutant que «l'hôpital européen, près de Khan Younes, n'a déjà plus de carburant et est en panne d'électricité».

«Cinq points médicaux soutenus par la MAP, mis en place pour fournir des services de santé de base aux personnes déplacées, ont été contraints de suspendre leurs services et de se déplacer en raison de l'insécurité», a précisé l'ONG.

«Il y a un énorme problème de transport dû à l'accès au carburant, de sorte que même les points médicaux situés dans d'autres endroits ne sont pas facilement accessibles car les gens se déplacent par vagues loin de Rafah», affirme encore l'ONG MAP qui explique que la fermeture du poste frontière de Rafah signifie que les patients ne «peuvent pas être évacués pour des raisons médicales» et ce que cela «entraînera davantage de décès inutiles chez les patients».

«Les attaques militaires israéliennes se sont multipliées dans le nord de la bande de Ghaza, où l'équipe de la MAP distribue une aide médicale vitale et de la nourriture aux familles déplacées. Notre collègue qui dirige notre travail sur place a été contraint de fuir à nouveau sa maison, après avoir été déplacé à de multiples reprises», poursuit l'ONG.

Bombardements israéliens sur Nuseirat, Rafah et Khan Younes

Mardi, l'armée sioniste a mené d'intenses bombardements sur plusieurs régions de l'enclave, dont Nuseirat (centre de Ghaza), Rafah et Khan Younes (au sud), et Jabaliya (au nord).

La Protection civile a fait état d'un «massacre majeur» dans le camp de Nuseirat suite à plusieurs bombardements, dont l'un a ciblé une «maison de trois étages habitée par la famille Karaja», précise un correspondant d'Al Jazeera, et une école de l'UNRWA qui abrite des personnes déplacées. Le bilan provisoire de ces massacres était, vers 15h GMT, de 40 martyrs et de nombreux autres blessés. La Protection civile a fait état de «personnes disparues sous les décombres», mais également l'impossibilité pour ses équipes d'atteindre tous les endroits ciblés dans ces attaques «en raison des bombardements israéliens en cours».

Par ailleurs, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté que des tirs d'artillerie et des frappes aériennes israéliennes ont ciblé le quartier d'Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, et ainsi qu'une maison de l'école Al-Faluja, dans le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Ghaza, provoquant le martyr d'une jeune fille et la blessure d'autres occupants. La même source a fait état également d'un bombardement, à la frontière palestino-égyptienne, au sud de Rafah, près de la porte Salah Eddine, fait un martyr et un blessé.

Toujours à Rafah, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré, mardi, que les familles s'étaient déplacées «plus à l'ouest» et «ont atteint les rives de la mer Méditerranée». «L'intérieur de Rafah est désormais devenu une ville fantôme», a ajouté l'agence onusienne qui a estimé à environ 450.000 le nombre de personnes déplacées de force depuis le 6 mai dernier, date du début de l'attaque terrestre de l'armée sioniste.

Attaque du véhicule de l'ONU : HRW appelle à une action internationale

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé, mardi, à une «action internationale pour empêcher de nouvelles atrocités à Ghaza» et «garantir la responsabilité».

«Les forces israéliennes ont mené au moins huit frappes contre des convois et des locaux de travailleurs humanitaires à Ghaza depuis octobre 2023, même lorsque les groupes humanitaires avaient fourni leurs coordonnées aux autorités israéliennes pour assurer leur protection», a déclaré HRW dans un communiqué.

«Les autorités israéliennes n'ont averti aucune des organisations humanitaires avant les frappes, qui ont tué ou blessé au moins 31 travailleurs humanitaires et leurs accompagnateurs. Plus de 250 travailleurs humanitaires ont été tués à Ghaza depuis l'attaque du 7 octobre en Israël, selon l'ONU», ajoute l'ONG.

«Les huit incidents révèlent des failles fondamentales dans le soi-disant système de déconfliction, censé protéger les travailleurs humanitaires et leur permettre de fournir en toute sécurité une aide humanitaire vitale à Ghaza», poursuit le communiqué qui dresse la liste des attaques contre les organisations humanitaires.

HRW estime que «cette série d'attaques, malgré une notification appropriée des autorités israéliennes, soulève de sérieuses questions sur l'engagement et la capacité d'Israël à se conformer au droit humanitaire international, sur lequel s'appuient certains pays (le communiqué cite le Royaume-Uni et les Etats-Unis), pour continuer à autoriser les exportations d'armes qui aboutissent en Israël.»

Pour l'ONG, les gouvernements qui «continuent de fournir des armes» à l'entité sioniste, «risquent de se rendre complices de crimes de guerre». «Ils devraient également user de leur influence, notamment par le biais de sanctions ciblées, pour faire pression sur les autorités israéliennes afin qu'elles cessent de commettre de graves abus et permettent la fourniture d'une aide humanitaire et de services de base à Ghaza, conformément aux obligations d'Israël en vertu du droit international et des récentes ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ) adressées à Israël dans l'affaire intentée par l'Afrique du Sud concernant des violations présumées de la convention sur le génocide», lit-on dans le communiqué.