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Football - Ligue 1: Etat des lieux avant le début de la compétition

par M. Benboua

C'est bientôt la rentrée des classes pour les seize clubs pensionnaires de l'élite. Dans moins de 48 heures, les supporters pourront découvrir des équipes new-look avec des objectifs et des budgets complètement différents. Les entraîneurs aussi se feront une idée précise sur l'état physique et tactique de leurs joueurs. Après une bonne préparation estivale en Algérie et à l'étranger pour la plupart, le public sportif aura à cœur de voir les résultats du travail effectué par les équipes. La première journée aura lieu ce week-end avec un match avancé vendredi entre l'USMA et le MOB, source de polémique déjà, puisque les Béjaouis, qui sont rentrés fatigués de leur dernier voyage en Tanzanie (Coupe de la CAF), estiment que la Ligue aurait au moins pu permettre à leur équipe de récupérer un jour de plus en avançant un autre match. Ceci dit, le lendemain, la feuille de route de la toute première journée offre également un menu alléchant. Il suffit de citer un certain JSK-MCA et CSC-ESS. Mais la question est de savoir quelles seront les équipes les mieux placées pour jouer le titre ? Quelles sont celles qui se dresseront comme un obstacle difficile à franchir ? Quelle réaction peut-on attendre des promus ? Et surtout, quelle sera la réaction du public sportif face au retrait partiel des agents de la Sûreté nationale de l'intérieur des enceintes sportives ? Autant de questions pour lesquelles on ne peut avoir une réponse avant le passage du quart de la compétition.

Recrutement tous azimuts à défaut de la formation

C'est bien connu en Algérie, à l'exception de quatre ou cinq clubs qui font de la formation leur credo, les autres formations n'attendent que l'occasion propice pour dénicher d'éventuels talents qui font le bonheur des clubs dits «huppés». Pour certains observateurs, cette pratique est légitime, comme en témoigne cette déclaration d'un spécialiste algérois, avec lequel nous avons eu une discussion franche sur le sujet. «Dans le monde du football, il y a ceux qui forment et ceux qui gagnent des titres, les uns complètent les autres. Sans les grands clubs (par leurs titres), les produits meurent dans les petites divisions loin des yeux. C'est une logique qu'il faut accepter. Chez nous au RCK on vit la même chose, mais on sait que notre club est fait pour former et servir. On ne pleure pas nos jeunes talents, au contraire, on se réjouit de les voir briller ailleurs». Or, si cette démarche est bien réelle, il n'en demeure pas moins qu'elle renferme plusieurs irrégularités, notamment en ce qui concerne les promesses faites par les dirigeants quant aux objectifs de ces clubs, appelés formateurs. Pour d'autres observateurs, la formation est devenue tout simplement un vrai fonds de commerce. Face à cette réalité, bien qu'amère, la FAF n'a pas encore réagi d'une manière radicale. Pour preuve, les écoles de formations inscrites pourtant dans le cahier de charge du professionnalisme et imposées aux clubs tardent encore à voir le jour. Et pour palier à ce problème de formation, plusieurs clubs optent pour un recrutement tous azimuts. Cet été plus de 160 transferts ont été effectués, ce qui a permis à certains clubs de réaliser une véritable purge, alors que très peu ont opté pour la stabilité. Le nombre des transactions effectuées dans ce sens a confirmé l'instabilité qui marque les clubs algériens depuis plusieurs saisons, selon les observateurs. Les clubs algériens préfèrent toujours la Tunisie. Les villes balnéaires tunisiennes sont toujours considérées comme la destination privilégiée des formations algériennes, dont celles de l'élite. Ce n'est un secret pour personne, le choix de ce pays n'est pas fortuit. Outre les commodités des centres de préparation et les grands espaces qu'offre la région pour une préparation adéquate, les clubs algériens ne dépensent pas des sommes colossales comme c'est le cas dans les pays occidentaux. La présence des autres formations, notamment tunisiennes, sur les lieux, constitue également une belle opportunité pour les clubs algériens afin de programmer quelques joutes amicales. Une situation que n'arrivent pas à comprendre nos voisins tunisiens, qui estiment que l'Algérie peut jouer la concurrence dans ce domaine en raison de ses variétés naturelles, ce qui peut offrir de meilleures conditions de travail, avec moins de tracas, et peu de concentration populaire, comme c'est le cas à Aïn Draham avec la présence de touristes du monde entier. Il va sans dire qu'en Algérie, des sites en haute altitude comme ceux de Tikjda, Chréa, El Bez, Lalla Setti, Chlef et Témouchent offrent une excellente opportunité aux sportifs pour une bonne préparation. Quoi qu'il en soit, onze clubs algériens du championnat de Ligue 1 ont également opté pour la Tunisie cet été, alors que quatre formations seulement ont choisi de rester au pays, dont le MCO et le RCR (El Bez ? Sétif), l'USMH (Aïn Témouchent) et le MOB (Béjaïa). Seul le CRB s'est rendu au Maroc (Ifrane) pour effectuer sa préparation, après un premier stage à Tlemcen. Le champion sortant, l'USMA s'est déplacé quant à lui en France avant de rejoindre la ville d'Aïn Draham. Enfin, le MCA est le seul club de l'élite à effectuer trois stages, tous à l'étranger (Tunisie - Pologne - Tunisie) sous la conduite de l'entraîneur Djamel Menad.

L'USMA, les outsiders et les autres

Seul club algérien à, plus ou moins, disposer d'une structure professionnelle, l'USMA fait l'unanimité autour d'elle. Les observateurs estiment que le champion sortant est prêt à partir à la reconquête de son propre titre, sous la bonne conduite de son nouvel entraîneur, Adel Amrouche. A la faveur d'une ossature renforcée par plusieurs jeunes talents pétris de qualités, il y a lieu d'espérer une grande saison des Algérois, qui courent toujours derrière un sacre continental (Ligue des champions d'Afrique) pour étoffer leur riche palmarès déjà bien décoré. Cependant, en championnat et en Coupe d'Algérie, l'USMA aura affaire à une rude concurrence, dont celles de la JSK, de l'ESS et du MCA, qui se présentent comme de sérieux outsiders. En dépit de leurs passages à vide, ces clubs populaires peuvent déjouer les pronostics où décrocher une participation à l'échelle internationale car pouvant compter sur de jeunes talents qui n'ont rien à envier à ceux des autres équipes. Kamel Mouassa (JSK), Abdelkader Amrani (ESS) et Menad Djamel (MCA) sont tous unanimes à dire que leurs clubs peuvent jouer le podium. Par ailleurs, d'autres clubs peuvent aspirer à une place honorable, à condition d'éviter les mêmes erreurs du passé, à l'image du MCO et du CSC qui, après une longue traversée du désert, veulent se relancer à la conquête des titres, pour rendre à ces clubs leurs lettres de noblesse. En tout cas, les dirigeants des deux clubs ont mis tout en œuvre, en vue de mettre en place une équipe en mesure de rivaliser avec les grosses cylindrées.

Aussi, le RCR, sauvé in extremis de la relégation la saison écoulée, a travaillé dans le sens de connaître une saison moins stressante avec comme objectif principal le maintien. Par ailleurs, l'USMH, le CRB et le NAHD ont également les yeux rivés sur le podium. Ces derniers semblent avoir, en effet, le profil pour prétendre à des titres. Aussi bien pour les dirigeants que pour les staffs techniques, le temps est à l'optimisme. Les supporters n'attendent désormais que la confirmation sur le terrain. D'autres part, et pour ce qui est de la JSS, du DRBT et du MOB, c'est tout simplement une nouvelle notoriété à défendre. Ces formations qui ont tenu la dragée haute à des clubs plus huppés, ont su forcer le respect. Ils doivent désormais confirmer. Les Béjaouis sous la coupe de Nacer Sendjak, ont acquis désormais une expérience continentale disputant actuellement la phase des poules de la coupe de la CAF. La JSS devrait, elle aussi, être inscrite dans le même registre de réussite. Avec le technicien français Desabre à la tête de la barre technique, le club du Sud veut visiblement marquer les esprits pour sa première participation en Ligue des champions d'Afrique. Enfin, les promus, l'USMBA, l'O.M et le CAB auront comme principal objectif d'éviter l'ascenseur. C'est dire que la bataille pour le maintien s'annonce fortement serrée.

Le retrait de la police des stades : une décision prématurée ?

La question de la gestion de la sécurité dans les stades après la décision de la DGSN de se retirer des enceintes sportives est passée quotidiennement en revue dans les discussions des puristes et spécialistes du ballon rond. La plupart estiment en effet que cette décision a été prise prématurément et risque de déboucher sur des incidents encore plus graves que ceux enregistrés jusque-là dans les stades algériens et ce, en présence pourtant d'un cordon sécuritaire renforcé, notamment dans les matches jugés à haut risques.

Lors de la dernière réunion du BF, le président de la FAF a demandé aux clubs de s'y préparer pour assurer une bonne organisation des rencontres à domicile et à préserver particulièrement la gestion des mains courantes de stade et la protection des officiels de matchs. Mais le mieux aurait été initialement de procéder à une longue et profonde sensibilisation chez les supporters, interdire effectivement l'accès aux mineurs non accompagnés aux stades ainsi que la formation des stadiers. Mais le plus urgent désormais (ce qui aurait dû être fait il y a sept ans), est l'installation de caméras de surveillance dans tous les stades algériens, homologués pourtant sans cet outil de sécurité de base. En somme et bien que cela ne fait pas l'unanimité, la gestion des stades sera désormais confiée aux clubs, et l'on peut s'attendre au pire, lorsqu'on sait que ces mêmes clubs souffrent d'une mauvaise gestion.