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Les vraies interrogations

par Boutaraa Farid

Tous les Algériens vivent des moments de deuil, de tristesse et de colère suite au meurtre de la petite Nihal et exigent l'application de la peine de mort, mais est-ce là les vrais problèmes qui ont fait de nous des poissons sans eau? En effet, le climat est si lourd et les corps sont devenus des caravanes sans boussole, du moment que ce crime a fait déplacer des gens de tous les coins du pays vers Oran pour assister à l'enterrement de la petite Nihal.

En plus, cet été a commencé tout d'abord, par une fuite des sujets du bac. Ensuite, les fonctionnaires étaient informés qu'ils n'avaient plus le droit à une retraite anticipée. Et la clôture des mauvaises nouvelles était cette fin tragique de la petite Nihal. Une fin qui avait métamorphosé la liesse en tristesse. Une fin amère et pleine d'interrogations. Sommes-nous réellement la nation qui avait donné naissance à des héros? Non, ce meurtre abjecte était cette goutte de trop qui venait de faire déborder le vase. Nous sommes devenus des égoïstes qui errent dans les pistes. Nous avons perdu notre fougue et ardeur et nous revoilà des êtres sans poids et sans valeur. On ne vit plus, mais on vivote comme des lentes accrochées aux barbes hideuses des tartares qui se prenaient pour des tsars. En effet, ces moments de crise ont tout ôté. La peur est là et elle nous rend visite chaque nuit en ramenant des tonnes d'ennuis. Notre subconscient n'arrive plus à la retenir du moment qu'elle gâche tout sur son passage. On ne savoure plus les moments de détente devant les plages. Nous ne retrouvons également pas notre bonheur en lisant les pages. En un mot, nous sommes redevenus des pages qui ne savourent plus la vie du moment que leur roi avait perdu l'usage de la parole.

La majorité est réduite à des rôles de figurants dans un film muet et sans couleur. Tout semble flou et fade dans un bled où même le sommeil n'apporte plus la dose du repos. Les jours se succèdent et les nuits sont moroses et froides comme ceux d'un gardien d'un oued. Nous tournons en rond sans pouvoir avancer. Nous sommes des Albatros aveugles qui ne savons pas voler. Nous sommes redevenus des nains qui n'attendent rien du demain. Nous vivons le jour lui même sans accorder trop d'importance au lendemain qui ne sera qu'une médiocre photocopie d'hier. Sommes-nous ces tas de pierres qui ne ressentent plus les peines et les douleurs? Sommes-nous ces contrées vides et avides qui n'ont jamais rencontré de belles couleurs? Sommes-nous ces âmes égarées qui n'ont jamais prié? Tout est faux dans ce bled où les gens délaissent les instruits et suivent avec amour les bornés, mais qui possèdent les tickets. Et oui, nous avons enterré les valeurs qui faisaient autrefois, notre fierté et nous revoilà comme des momies en vie. Et oui, la corruption est partout et celui qui ne paye pas n'aura jamais ce qu'il veut. Nos caisses sont vides et nos têtes sont remplies des mensonges de ceux qui prétendent êtres nos guides. Nous n'avons aucune idée du début, ni de la faim du moment que tout tourne autour de la faim. Et oui, le prochain feuilleton aura pour thème la famine et les maladies qui vont faire la une. En effet, notre cité n'a pas su gérer son budget et va surement connaitre de nouvelles mauvaises nouvelles. Et oui, tout va se terminer mal si nous restons comme des handicapés qui attendent une prise en charge totale par l'État. Le moment est venu pour nous une autoévaluation.

Le moment est venu pour un changement en profondeur. Il faut dire non à la médiocrité. Il faut dire non aux anciennes méthodes qui ont fait monter des personnes non qualifiées aux postes de commande. Il faut dire non à ces hommes riches qui ont tout acheté. Le moment est venu pour l'émergence d'une élite qui craint Dieu et qui milite pour la prospérité du pays. Nous avons tous une part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Il y a trop de laxisme et les lois n'ont jamais été respectées. C'est toujours le simple citoyen qui paye les factures et les procès verbaux. C'est toujours le pauvre citoyen qui va en prison en cas d'erreur et de délit. Il est regrettable de le dire, la majorité de nos députés approuvent sans études tout ce qui se décide en haut. Aucune opposition n'a été signalée et les quelques voix qui refusent ne font pas le poids devant une coalition au service d'un gouvernement qui devrait quitter la direction du pays du moment que l'échec est partout. Et oui, la tristesse est partout et le moment est venu pour la mise en place d'une nouvelle équipe honnête qui sauvera le bateau Algérie d'un sabordage. Les jeunes instruits devraient choisir et non pas laisser les autres voter à leurs places et ensuite entamer les journées pour critiquer sur les réseaux sociaux avec des pseudos. . C'est à nous de stopper cette fuite en avant en imposant nos femmes et nos hommes pour les prochaines élections qui se préparent actuellement. C'est à nous de donner un coup de pied dans cette fourmilière qui ne veut plus laisser la chance à ceux qui ont l'amour de la patrie l'Algérie au cœur et non pas au ventre. Ce n'est pas avec la condamnation à mort des truands que notre pays peut reprendre de la force. Ce n'est pas avec les pleurs et les larmes que nous allons construire un État fort et démocrate. Ce n'est pas non plus, avec la critique que nous pourrons écarter ces trimards qui narguent tout le monde. C'est avec le militantisme de tous les citoyens que nous pourrons changer les lois. C'est avec la participation de tous que nous donnerons naissance à une nouvelle Algérie qui mettra fin aux dépassements actuels. C'est avec vos voix que la démocratie peut avoir le jour et que nos enfants auront la paix. C'est avec vos voix que l'Algérie peut prétendre aux respects des libertés individuelles. C'est avec vos voix que nous pourrons dire non aux actes de vandalisme et de détournement des biens du peuple. C'est avec vos voix que nous pourrons mettre fin à l'existence de cette bande qui reste au dessus des lois de la république. Et oui, ce crime abominable de la petite Nihal nous a enlevé toute crainte. Pourquoi vivre tout en cautionnant ces abus. Non, notre pays va mal et c'est à nous de rechercher les causes et les remèdes. Pourquoi impliquer tout un peuple dans un meurtre d'une fillette, alors que nous avons des spécialistes dans le domaine? Des spécialistes qui ont résolu presque tous les crimes. Notre pays est fier d'avoir des gendarmes et des policiers à la hauteur. Pour finir, nous dirons que le vrai problème reste cette crise qui menace notre pays et non pas l'application de la peine de mort.

Le vrai problème réside dans la disponibilité de l'argent pour assurer le fonctionnement de l'État quand on sait que nos responsables ont déjà dépensé 200 milliards de dollars depuis 2014 et que nous risquons une chute dans l'abîme d'ici 2019. Le vrai problème est cette fuite en avant de nos responsables qui restent sourds et aveugles en continuant la réalisation des projets sans utilité publique comme cette fameuse autoroute vers le sud sous prétexte qu'elle va ouvrir le commerce avec l'Afrique Noire. Et oui, le débat devrait avoir pour thème la sortie de la crise et les préparations des prochaines élections de 2017. Pourquoi évoquer ces faux problèmes qui ne mènent à rien. Les Algériens vivent presque tous sous le seuil de la pauvreté tandis que la majorité des hauts responsables sont ailleurs à l'étranger et occupent des suites qui coûtent des milliers d'euros par jour. C'est malheureux de le dire, mais c'est encore pire si nous empruntons la voie du silence coupable. Non, notre cité est sous la menace et ces gens devraient quitter les postes qu'ils occupent gratuitement. Nous voulons un nouveau départ. Nous désirons la transparence et surtout la liberté du choix. Le peuple n'est plus cet orphelin qu'on assiste et qu'on choisit pour lui. Nous voulons la vraie démocratie et non pas celle des vitrines qu'on exhibe les jours de fête. Nous voulons de vrais débats où le meilleur gagne et non pas des élections où le gagnant est désigné comme les fois passées. Pour nous, l'Algérie a des priorités et cette campagne sur la peine de mort n'est qu'un leurre pour tromper l'opinion publique sur les vrais maux qui endeuillent les cœurs.

Nous savons tous que l'application de la peine capitale nous ne rendra jamais la petite Nihal et qu' elle ne protègera guère les autres petits du moment que l'application de cette peine n'a pas mis fin aux crimes et aux meurtres dans les pays qui l'appliquent. Nous savons également que notre société n'aime pas le nouveau et qu'elle attend que les réformes se réalisent par elles-mêmes. Non, c'est faux, c'est à nous de mener le dur combat pour la sensibilisation sur les vraies menaces qui guettent notre unité. Nous avons des ennemis partout. Notre pays est la cible des forces du mal et c'est à nous de vaincre sur eux par la vigilance, le travail, la patience et surtout la persévérance pour mettre hors d'état de nuire tous ces faux héros qui ont causé la perte de nos valeurs. Et oui, nous sommes une nation qui ne perd jamais ses combats. Une nation qui sait faire des sacrifices et la perte de cette petite fille doit nous permettre d'opter pour une solidarité positive. Une solidarité qui va nous ouvrir de nouveaux horizons et notre si belle Algérie redeviendra ce paradis aux riches et multiples saisons. Un paradis qui va nous faire oublier ce lourd et pesant présent qui a fait de nos maisons de paisibles et sombres prisons.