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Leçon animale pour gens déboussolés par le comportement d'une faune d'arrivistes

par Abdelkader Khelil*

Arrivé à la limite de son impuissance, alors que prisonnier de sa vanité d'être humain considéré pourtant supérieur dans le règne animal, l'Homme en difficulté ne songe jamais à voir et à prendre exemple des règles de fonctionnement régissant les autres espèces vivantes dans leur lutte pour s'en sortir des difficultés et des impasses, de façon consciente ou par instinct de survie. Alors qu'il a besoin d'observer attentivement le comportement de tous ces êtres de l'infiniment petit qui gravitent autour de lui pour en tirer des enseignements - au plan de la gouvernance surtout - afin de se prémunir contre son attitude suicidaire, il fait fi de tout cela.

Et si c'est ainsi, c'est qu'il n'a ni l'humilité ni la modestie nécessaires pour se remettre en cause, tirer les leçons de ses erreurs et avancer pour plus de bien-être et de progrès de sa société. S'il avait daigné consentir cet effort, il aurait pu se rendre compte de l'importance et du sens aigu de l'abnégation poussée à son paroxysme chez ces êtres que sont les fourmis et les abeilles, où chaque individu est prêt à sacrifier sa vie pour la survie de sa colonie, c'est-à-dire pour toute sa lignée. Tous pour un ! Un pour tous est la devise de ces êtres admirables ! Pouvons-nous dire autant pour la société "algériensis dormus" de "ragda ouet mangi" qui n'a rien d'une entité solidaire ? Sinon, en de rares occasions mais pas des plus valorisantes lorsqu'il fallait par exemple : faire la "guerre" à l'équipe égyptienne de "foot" à Omdurman au Soudan, pour la qualification à la coupe du monde de 2010.

DU COMPORTEMENT DES FOURMIS !

La notion d'individualisme que l'homme connaît bien et cultive à souhait, surtout depuis l'avènement du système libéral mondialisé, lui le têtu invétéré, est absente chez ces êtres si travailleurs, si solidaires et si productifs. La science nous a appris qu'en s'unissant, les fourmis peuvent franchir des obstacles incommensurables et vaincre leurs nombreux prédateurs en tirant profit de leur environnement, même dans son hostilité la plus grande. Alors pourquoi pas nous, êtres dits supérieurs qui sommes pourtant menacés à s'y méprendre, dans notre existence en tant qu'"État-Nation" à l'intérieur et tout au long de nos frontières orientales, occidentales et méridionales ? Pourquoi ceux qui sont aux commandes des destinés de notre pays n'ont pas su penser et surtout agir de la sorte, eux qui pataugent encore dans le brouillard à défaut d'avoir songé à se fixer un cap et un horizon, en cette période de crise qui impacte négativement notre existence dans un avenir très proche ? Alors que dire de la préservation des intérêts des générations futures ! Si c'est ainsi, c'est qu'ils ont délibérément largué pour des raisons idéologiques fallacieuses, les institutions d'analyse et de prévision que leurs prédécesseurs ont mis des années à bâtir et à conforter pour permettre de voir clair dans nos projets, de prendre par anticipation de la hauteur sur les évènements conjoncturels et d'éviter d'être pris de cours par la vague du "tsunami" qu'ils n'ont pas vu venir. Nos décideurs actuels, bernés par cette certitude qu'ils gèrent un pays béni de Dieu que rien ne peut ébranler, lui dont le sous-sol est gorgé de richesses... restent désarmés face aux difficultés et sont par conséquent incapables de mobiliser et de faire rêver des millions d'Algériennes et d'Algériens qui n'attendent que des orientations et un projet clairs qui tardent à venir, pour travailler et prendre des initiatives.

Chez-nous, à défaut de nous inspirer du mode de gouvernance de ces êtres minuscules mais seulement par la taille, l'homme indélicat et non respectueux de la nature et de son semblable, n'hésite pas à les écraser de ses grands pieds, en piétinant leurs fourmilières comme par négation de ce "petit peuple" laborieux qui lui renvoie en guise de "bras d'honneur", l'image négative de sa dormance pathologique, de sa fainéantise, de son esprit de néo-rentier trabendiste et de prédateur boulimique de richesses pourtant limitées. Chez ces petits êtres qui s'activent sans cesse à la besogne, cette colonie du "compter sur soi" n'est pas dirigée par un monarque "macho" qui se laisse aller à la flatterie de ses pseudo-courtisans, mais plutôt par une reine "fahla" qui active et raisonne en vrai chef de sa colonie. C'est déjà beaucoup mieux ! Les femelles n'étant pas par nature si avides de pouvoir que les mâles, mais plutôt mâtures et sûrement moins égoïstes. C'est qu'il faut dire qu'elles savent ce que veut dire la cohésion et la solidarité sociales de la communauté à laquelle elles appartiennent. Elles sont certainement mieux indiquées pour jouer par instinct, sans malice, de façon responsable et non en jouisseuses ne sachant pas ce qu'est la traîtrise, le rôle de direction de la colonie. La reine, cette "dame gouvernante" exemplaire, est entourée de tous les égards, par reconnaissance pour son abnégation et sa gestion rigoureuse de la part de toute sa communauté. Elle est aussi protégée en permanence par des "gardes" qui n'ont rien avoir avec les "baltaguias" du XXIème siècle. Elle n'a pas à faire les gros yeux pour exprimer sa colère, comme le font souvent les hommes quand ils sont au pouvoir et surtout, lorsqu'ils ont été parachutés, cooptés ou sont imposés à leurs peuples.

Chez les fourmis "légionnaires" la reine vieillissante qui a assuré sa lignée en mettant au monde une jeune princesse et future reine, doit se battre en "être civilisé", sans faire gicler le sang, et seulement par la seule dose de phéromone - cette substance chimique émise pour provoquer chez sa congénère des comportements spécifiques - qu'elle dégage pour conserver son statut de dirigeante. S'il arrive que la lutte pour le pouvoir divise la colonie de fourmis mais sans animosité aucune, chaque individu aura à choisir pacifiquement et de façon responsable son camp comme par reconnaissance implicite du principe de l'alternance "atadaoul ala solta". Suivies de leurs cours, les deux reines ne pouvant régner sur le même territoire partent installer une nouvelle fourmilière ailleurs, mais sans aucune violence. Que d'enseignements pour nos dirigeants que cette atmosphère d'une colonie baignée dans une atmosphère de "civilité animale", sans cette détermination aveugle à vouloir garder le "koursi" au détriment de la cohésion sociale de la colonie ! Que d'humilité et de sagesse chez ces "grandes dames" au regard de ce que nous offrent au quotidien les spectacles lamentables dus à cette soif du pouvoir chez le genre "algériensis violensis" accro à la "cayada" comme ils se plaisent à le dire, eux qui sont convaincus d'être nés pour diriger et gouverner, alors que fâchés avec le travail en partisans du moindre effort.

DU COMPORTEMENT DES ABEILLES !

Chez les abeilles aussi, la ruche prend la signification d'une société régie par des règles et des normes strictes, organisée autour du travail individuel et collectif bien accompli au service de toutes et où chaque individu a des droits et des devoirs bien définis et bien respectés. C'est la colonie abeilles de "l'État de droit" qui n'a rien à voir avec notre société basée sur la rapine et la triche de "l'État providence" laxiste du : "veux-tu en voilà" au point de récompenser maintenant, ceux qui brulent leur immeuble pour avoir des logements neufs en partie équipés, comme çà était annoncé cette semaine à Bab el Oued ! C'est dire que la paix sociale revient chère à l'État qui à force de lâcher du lest, a fini par perdre l'essentiel de son âme. Oui ! Chez les abeilles, la colonie n'est point un lieu de rassemblement informe d'individus qui en tant que tels, se comportent comme s'ils vivaient isolés dans une société où règne le principe du "tag' ala men tag" avec une course rythmée par l'attitude du "chacun pour soi", cause évidente d'effritement et de dislocation de la cohésion sociale dans les entités humaines - la notre en premier -. Lorsqu'elles accomplissent une tâche collective, elles coordonnent tous leurs actes de telle sorte qu'il y ait de la cohérence et de l'efficacité. L'action de l'une d'elles déclenche simultanément une réponse adaptée d'une autre et ainsi de suite.

Pas besoin de se doter d'un premier ministre, en "chef de chantier" ou en "surveillant général" tentant de mettre un peu d'ordre dans l'hétérogénéité de son équipe ministérielle où chacune et chacun tire la couverture à soi et agit le plus souvent en solitaire, de façon cloisonnée chacune et chacun de son côté gouvernant à sa manière, indépendamment des unes et des autres. Et s'ils sont bien souvent dans la "cacophonie" tant décriée, c'est qu'on ne leur a jamais appris à accorder leurs "violons" pour jouer une même "partition musicale" qui plaît à l'ouïe, de cet "auditoire" qu'est le peuple censé les écouter, et apprécier leurs actes lorsque lui aussi, sera remis sérieusement au travail. Est-ce à dire qu'il est peu sensible à leur répertoire musical, ou c'est eux qui sont de piètres musiciens ? Ce n'est pas à moi de vous le dire ! C'est à chacun de le savoir selon sa propre grille de lecture et d'analyse, et dans son intime conviction ! Oui ! C'est parce qu'elles sont capables de communiquer "intelligemment" entre elles, que les abeilles parviennent à vivre en véritable société soudée et organisée dans l'intérêt général. Cette communication peut s'effectuer de diverses manières. Par voie chimique dans le cas où la reine des abeilles produit des phéromones, par voie visuelle et par danse, ce qui permet de localiser les bases et zones de nourriture pour toute la colonie.

L'essentiel étant de communiquer et d'informer ce que nous n'avons jamais su faire, au point où nous n'arrivons pas à nous entendre, en dehors de la période de notre guerre de libération et les deux premières décennies post- indépendance où nous avons commencé à lancer les bases d'une société plus généreuse, plus solidaire et plus équitable ! Quel gâchis ! Que de nostalgie ! Que de regret de cette époque si magnifique !

"L'Algériensis violensis" En Mode Nuisible !

Chez "l'algériensis violensis", ce sont les courtisans qui se battent entre eux au profit de leur chef, parfois jusqu'à détériorer le mobilier de l'hôtel étoilé qui abrite leurs "grand- messe" épisodiques en guise de réunions de réconciliation, comme certains jours à l'Aurassi, et à faire déverser par excès des insultes et des obscénités espérant de la sorte de la gratitude de la part du chef, et un "renvoi d'ascenseur" sans que pourtant cela ne leur soit demandé de façon explicite, faut-il le préciser par honnêteté.

Ce comportement honteux n'est jamais celui des fourmis ou des abeilles chez qui la colère de la reine n'est perceptible qu'à travers l'odeur de ses phéromones, en créature "civilisée" ! C'est ce que les hommes de science n'ont pu découvrir, qu'après de très longues années d'observations, d'analyses et de recherches. C'est dire, ce qu'est la discrétion chez ce petit être ! Quelle futée, que cette brave "Apis milliféra" productrice de miel, comparée à ces gens ramenés par un hasard douteux, à la lisière des centres de décisions politiques et économiques et s'exprimant tels des êtres primitifs par la force des muscles, du verbe violent et du claquement des ceintures, car ne pouvant comprendre et admettre que les arguments d'autorité et de force ! Après cela, l'on dit de l'homme qu'il est un être supérieur. Oui ! Vraiment ! Un être supérieur par sa bêtise, par son inhumanité, par son incivilité et par sa violence, n'est-ce pas ? Mais en quoi l'est-il, lui qui fait fi des qualités des autres êtres vivants qui vivent autour de lui et qui n'arrêtent pourtant pas de lui donner de véritables leçons d'humilité, de savoir-faire, d'organisation, d'abnégation, de respect d'autrui et de tolérance ? Est-ce par cette capacité de nuire et de dégrader son environnement ? Ou à celle qui consiste à réduire et à remettre en cause les règles opposables à toutes et à tous dans le fonctionnement de notre société, par son activité prédatrice des richesses ?

Ces êtres "endiablés" qui s'offrent en spectacle à chaque occasion à enjeu électoral ou électoraliste devant le regard de citoyennes et citoyens médusés, sont des hommes mandatés par ceux de leurs douars ou clans d'origine qui ne perdent jamais espoir de les rejoindre un jour au niveau des centres et sphères de commandement et de décision, ne fusse qu'en simples agents de sécurité ou factotums. C'est qu'ils ont trouvé de par leur attitude sectaire et grégaire, l'astuce et l'efficacité de la "chkara" pour envahir et s'approprier tous les espaces de décisions, et surtout les deux chambres. Non pas comme représentants et défenseurs des intérêts actuels et futurs de la population, mais de ceux égoïstes de leurs mentors, d'eux-mêmes, de leurs progénitures, de leur ethnie et de leurs clans. Et oui pardi ! C'est ce sachet noir magique, bourré de billets de banque, le plus souvent sales et amassés facilement et toujours de façon malhonnête et illégale dans les circuits de l'informel sans qu'aucune traçabilité, transparence, contrôle et encadrement fiscal ne soit exigé et /ou appliqué. Et pour les "plus citoyens" d'entre eux, ils ne payent que des impôts minimes, profitant de la défaillance des contrôles et de la présence à tous les niveaux, de commis véreux "arrosés" grâce à l'argent sale mal acquis, dans un État devenu orphelin sous les coups de boutoir qui lui sont assénés, et parce jamais protégé par les siens, lui qui les a ramenés en ces hauts-lieux.

C'est cette compromission et cette pratique de type mafieuse qui est à l'origine de l'ascension fulgurante de ce "tout-venant" qui a délaissé le monde rural, pour élire domicile dans les arrières boutiques des centres de décisions de la capitale, et des autres métropoles du pays. Ces "citoyens gloutons", boulimiques et abreuvés à la source de la rapine et de la triche n'ont retenu de la riche grammaire française qui donne un sens plaisant au langage civilisé, que la conjugaison du verbe manger au futur présent, défini par les réserves accumulées durant des millénaires dans les strates géologiques profondes de notre sous-sol et qu'ils veulent tarir le plus rapidement possible. Chez ces gens têtus qui pensent que le pays est une chose qui leur a été léguée par Dieu et qui leur appartient par filiation pseudo-historique à titre privatif et exclusif, car pour eux, toute sa gestion n'est qu'une question d'héritage, de succession et de jouissance, comme c'est le cas pour les troupeaux de moutons, de brebis, de chameaux et de chèvres qu'ils possèdent, et pour les terres et les concessions agricoles qu'ils ont indûment acquises, mais bien sûr non travaillées !

Pour bénéficier de cette manne céleste et de cette rente, il faut juste s'armer d'un peu de patience chez ces gens là qui cultivent parfaitement l'esprit de la malice, bien des fois supérieure à l'intelligence ! C'est en effet le principe du chacun son tour et toujours dans la même famille, clan ou sous clan, tribu après tribu, qui prévaut en style de gouvernance féodale, au sens négatif et archaïque du terme. Tout le reste n'est que mise en scène et spectacle pour amuser la galerie constituée de ce peuple "déboussolé" par défaut, qu'on tient en haleine en lui faisant croire que le pays dans lequel il vit ou plutôt survit, avance allègrement. Circulez semblent dire ces nantis ! Il n'y a rien à voir ni à comprendre! C'est comme dans une crèche, ou une cour de "récré" ! Et tant qu'il y aura de quoi donner encore à ce peuple à manger et à subventionner quelques produits de base, pas question de changer cette recette qui a si bien marché jusque-là ! Va-t-elle cependant durer ? Que Dieu nous préserve ! Il est à craindre que cela soit de mauvaise augure pour les législatives de 2017, si cet état d'esprit perdure, malgré tous les avertissements formulés par bien des gens honnêtes qui ne veulent que du bien à leur pays !

Je crois pouvoir dire que le salut des hommes est dans l'alignement de leur organisation sociale sur celles de ces petits êtres vivants qui nous entourent. Comme l'ont déjà compris depuis bien longtemps nos frères mozabites qui vivent avec la parcimonie de façon intelligente, eux qui savent gérer leur espace de vie comme en témoigne l'esprit convivial du "ksar de Tafilalet" et de bien d'autres, ces entités urbaines construites dans un état d'esprit citoyen pour préserver l'harmonie et la convivialité de la vallée du M'Zab, cette pentapole millénaire sur laquelle ils veillent. Oui ! Nous n'avons pour seul choix que de se défèrent des "bourdons" qui ne font que brasser l'air vicié que nous respirons, en agitant leurs ailes pour se faire remarquer et faire diversion, pour revenir au monde de ces petits êtres productifs pour améliorer le mode de gouvernance sans lequel aucun progrès significatif ne pourra être enregistré. Sinon, nous serions comme me disait un jour un ami, dans : "le paradoxe de l'âne de Buridan" cette légende selon laquelle un âne est mort de faim et de soif pour n'avoir pas su choisir au moment crucial entre le seau rempli d'avoine et le seau d'eau. Buridan, ce philosophe français du moyen âge, nous explique que lorsque plusieurs choix s'offrent à nous, nous optons toujours pour celui qui semble présenter le plus grand bien.

Mais si deux options sont aussi bonnes l'une que l'autre et que nous n'arrivons pas à faire un choix faute de rationalité et de vision claire de notre avenir, nous serons dans la position de cet âne qui a fini faute de décision salvatrice et réfléchie par perdre la vie. Cela pose pour nous, la question fondamentale du libre arbitre que chacune et chacun doit absolument avoir et de l'esprit critique et de rationalité indispensables à toute citoyenne et citoyen qui a à cœur le progrès de son pays.

DYNAMIQUE TOURISTIQUE MODE FOURMILLIÈRE !

Pour voir comme dans l'exercice des travaux pratiques dirigés en classe, comment faire pour imiter intelligemment nos voisines des fourmilières ou des ruches d'abeilles par souci d'optimisation organisationnelle, prenons comme thématique la question : "du développement touristique" dont tout le monde en parle, comme étant la panacée en cette ère de l'après-pétrole. C'est vrai que comme le rabâche à l'overdose, l'autorité en charge de cette question à chacune de ses sorties d'inspection, d'inauguration d'hôtels privés ou de zones d'expansion touristiques, l'Algérie a de par la diversité et la richesse de ses sites, monuments, multiples paysages et de son artisanat, des atouts indéniables et formidables que beaucoup de pays lui envient ! C'est là une évidence géographique connue de toutes et de tous depuis des lustres, et il n'est nul besoin de le répéter en boucle et à longueur d'année, sinon, à nous prendre pour des "tarés". De mon point de vue, cette insistance est plutôt l'aveu d'échec de ces gestionnaires et décideurs sectoriels, parce que n'ayant rien d'autre à proposer pour mettre en valeur ce potentiel indéniable qui pourrait effectivement créer des milliers d'emplois, et constituer une des alternatives à l'après-pétrole, après l'agriculture refondée et l'industrie réhabilitée, ces secteurs vitaux, pour peu qu'on songe à revoir radicalement le mode actuel de sa gouvernance.

Il faudrait donc arrêter de claironner partout que ce secteur est la panacée. Il faut avoir les pieds sur terre et commencer tout d'abord par admettre que le déficit d'éducation et de civilité accumulé depuis des décennies a fait de nous, des gens rustres incapables de sourire à l'autre, de recevoir correctement et d'échanger de manière civilisée, donc d'accueillir des touristes y compris les nôtres d'ici et d'ailleurs, et de répondre à leurs besoins ! Nos ordures non triées s'accumulent de façon ostentatoire sur les trottoirs à toute heure de la journée et de la nuit. Nos sublimes dunes de sable et nos musées à ciel ouvert dans le Grand Sud sont devenus d'immenses déchetteries couvertes de carcasses de voitures calcinées et désossées, de pneus usagés et de vilains sachets noirs en plastique. Toutes ces choses qui agressent la nature et font fuir les touristes toujours en quête de dépaysement et à la recherche d'un environnement plus sain et mieux préservé, même si nous arrivons à leur assurer toutes les conditions et commodités au plan de la sécurité. Et puis ! Ce touriste qui arrive chez-nous par un vendredi par exemple, trouvera-t-il un guichet de banque ouvert pour échanger ses devises, un taxi propre ne sentant pas les chaussettes pour se rendre à son hôtel, un restaurant correct et abordable où il peut manger convenablement, un musée où sont exposées les richesses artistiques de notre pays, ou une voiture à louer pour pouvoir se déplacer ? Et si d'aventure l'envie lui prend de visiter la ville d'accueil et qu'il est contraint de faire ses besoins naturels, où pourra t-il trouver des sanitaires dignes de ce nom et où il pourrait rentrer sans chausser des bottes et pincer son nez pour ne pas sentir les effluves ammoniaqués ?

Les jolis lampadaires surpayés grâce à la rente pétrolière et gazière et les nombreux palmiers ramenés du Sud alors que pour la plupart d'entre eux dans un état végétatif désastreux et inesthétique ne sauraient suffire, pour vendre l'image de villes méditerranéennes et africaines belles, attractives et accueillantes ! Oui ! Le tourisme requiert avant tout de l'humilité, du professionnalisme, de la rigueur dans le détail, le sens de l'hospitalité, de l'observation attentive et intelligente de ce qui peut choquer et la constance dans la qualité, sinon l'excellence des prestations et services rendus. C'est aussi, un phénomène sociétal qui requiert de la civilité, et ne saurait être uniquement l'affaire des pouvoirs publics et des gestionnaires des établissements touristiques. C'est la société toute entière qui est concernée et elle ne sentira la nécessité de se mettre à l'heure du tourisme de la dignité et même sans courbettes au regard du tempérament algérien, que lorsqu'elle n'aura plus rien à manger et aura mis fin au système rentier qui la mine jusqu'à présent. Et à l'hôtel ! Ce touriste placé dans une "bulle" chèrement louée, pourra t-il trouver comme partout ailleurs dans le monde, une connexion internet fiable lorsqu'on sait que notre pays est classé parmi les (5) derniers dans les TIC à l'échelle mondiale ? Que dire aussi de bien d'autres commodités qui feront de son voyage, un séjour agréable dont il se rappellera, au point d'en parler avec plaisir à ses proches !

Alors oui ! Si nous voulons développer le secteur touristique en nous inspirant de la leçon animale, il faudra apprendre à mutualiser nos efforts en coordonnant nos actes de telle sorte qu'il y ait de la cohérence et de l'efficacité, comme chez les fourmis et les abeilles. S'inscrire dans la dynamique touristique "mode solidaire", c'est agir dans l'intersectorialité, seule garante de la mise en place des conditions optimales d'une mise en tourisme dans des conditions acceptables. Cinquante années de palabres devraient suffire pour faire de la gestion de nos villes, de la réhabilitation de nos médinas et de nos ksour, l'un des plus grands défis de l'Algérie indépendante !

Il faut aussi, veiller à créer et à mettre en place les dispositifs pour assurer un accueil correct aux ports et aéroports, à sortir nos banques de leurs tours dorées fermées à leurs clientèles et aux innovations. C'est là un premier pas à faire pour commencer d'abord par développer un tourisme interne destiné aux différentes catégories de notre population et à nos concitoyennes et concitoyens vivant à l'étranger, sans trop se leurrer. Oui ! C'est sans doute là, une tâche qui doit s'inscrire dans la durée, car comme dit l'adage : "Celui qui ne sait pas garder et éduquer correctement ses enfants, ne peut pas séduire ceux des autres"...

*Professeur