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22ème anniversaire de l'assassinat de Abdelkader Alloula: El «Ajouad» ne meurent jamais

par Synthese : D. B.

Abdelkader Alloula, dont l'œuvre sera au centre de journées, prévues du 10 au 12 mars, à Oran, est né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet. Dès son jeune âge, il s'est intéressé, au théâtre. En 1956, il interrompt ses études secondaires à Oran, pour y faire du théâtre, au sein de la troupe amateur «Echabab». Il prend part à des stages de formation et décroche plusieurs rôles. En 1962, il est, avec la troupe de l'Ensemble théâtral oranais (ETO), quand il monte «El asra», adaptée de l'œuvre de Plaute («Les captifs»). Comédien au TNA, dès sa création en 1963, il jouera dans plusieurs pièces comme «Les enfants de la Casbah» (Abdelhalim Raïs, Mustapha Kateb), «Hassen Terro» (Rouiched, Mustapha Kateb), «Roses rouges pour moi» de Sean O'Casey (Allel El-Mouhib) et «La mégère apprivoisée» de Shakespeare (idem). En 1965, il est dans «Les chiens» de Tom Brulin (Hadj Omar). Sur le plan de la mise en scène, le répertoire du dramaturge comprend, entre autres, «El-Ghoula» en 1964 (Rouiched), «Le sultan embarrassé» (1965, Tewfik El-Hakim), «Monnaie d'Or» (1967), «Numance» (1968, en arabe classique, adaptée par Himoud Brahimi et Marhoub Stambouli) et «Les bas fonds» de Gorki (1982, traduction de Mohamed Bougaci). Sa passion pour le quatrième art, le mène également à écrire et à réaliser «Laalegue» (les sangsues) en 1969, «El-Khobza» (1970), «Homk Salim» (1972), adaptée du «Journal d'un fou» de Gogol, «Hammam Rabi» (1975), «Hout yakoul hout» (1975, écriture collective avec Benmohamed), la trilogie «Lagoual» (1980)- «El-Ajouad» (1984)- «El-Lithem»(1989), «El-Teffeh» (1992), «Arlequin valet de deux maîtres» (1993), (adaptation libre de l'oeuvre de Goldoni). Par ailleurs, en 1990, il fit adaptation de cinq nouvelles de l'écrivain turc Aziz Nesin, à savoir : «Lila maa majnoun», «Essoltane oual guerbane», «El-wissam», «Chaab fak» et «El-wajib el watani» (réalisé pour l'ENTV par Bachir Berichi). Au cinéma, Alloula fut, aussi, l'auteur de deux scénarios de films, «Gorine» (1972) et «Jalti» (1980), réalisés par Mohamed Ifticène. Des rôles lui furent, même, confiés, notamment dans «Les Chiens» (1969) et «Ettarfa» (1971) d'El-Hachemi Cherif, «Tlemcen» (1989) de Mohamed Bouanani, «Hassen Niya» (1988) de Ghouti Bendedouche, et «Djan Bou Rezk» (1990) de Baba Aïssa Abdelkrim.

Alloula a, également, participé aux commentaires des films «Bouziane El-Qalii» (1983) de Hadjadj Belkacem et «Combien je vous aime» (1985) du défunt Azzeddine Meddour. Alloula a été, tour à tour, auteur, traducteur-adaptateur, scénographe et acteur. De Berthold Brecht à Koltes, en passant par les grands classiques, tels Molière et Shakespeare, ainsi que les auteurs maghrébins, le barde Abderrahmane El-Majdoub, Allalou à Kaki, la «Commedia Dell'arte» ou en adaptant des textes de Gogol, Goldoni, Aziz Nesin et autres écrivains, Alloula a puisé dans le patrimoine local, maghrébin et universel, son but étant de parachever un nouveau théâtre algérien à valeur universelle. Son mérite est d'avoir su adapter la langue parlée des Algériens, tout en lui donnant la puissance du jeu théâtral. En même temps, il a voulu moderniser les traditions des «goual» et de «la halqa». Les oeuvres de Alloula marquent, également, une rupture avec le théâtre aristotélicien où le spectateur reste passif. Il en a fait de ce spectateur, un élément dynamique du spectacle. Sur un autre plan, à travers ses oeuvres et les témoignages de ses proches et amis, les jeunes comédiens et amateurs de théâtre pourront mieux connaître et s'imprégner des valeurs humanistes de Alloula qui était, constamment, à l'écoute de son prochain et vouait un grand amour, une abnégation, sans faille aux enfants malades du cancer. Ses visites ponctuelles au centre des enfants cancéreux d'El Hassi (Oran) étaient d'autant de moments particuliers et de joie intenses, pour ces petits rongés par le mal incurable. Abdelkader Alloula fut assassiné le 10 mars 1994, à Oran, à la sortie de son domicile, alors qu'il se rendait, en cette soirée de Ramadhan, à une réunion de l'Association d'aide aux enfants cancéreux. Une plaque a été apposée près du lieu où il est tombé, à l'entrée de la rue Mohamed Boudiaf, ex-rue de Mostaganem.